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Hausse anarchique des prix: « l’Etat va s’amuser »

Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mohamed OULD MOHAMED, a promis ce jeudi 11 août que « d’ici une semaine, les prix des produits subventionnés par l’État reviendraient à la normale » afin de mettre fin au désordre créé par la fixation unilatérale des prix par les importateurs et les détaillants. Parce que, a-t-il déclaré, le respect du cadre légal de fixation des prix n’est pas négociable.

 

Deux membres gouvernement à savoir Mohamed OULD MOHAMED et Alousseni SANOU, respectivement ministre de l’Industrie et du Commerce ; et de l’Économie et des finances ont animé une conférence de presse, hier jeudi, sur la problématique de la flambée des prix des denrées alimentaires qui exacerbe la tension sociale. L’occasion a été mise à profit pour ces deux ministres de se prononcer sur les inflations qui, selon eux, ne sont « ni spécifiques ni particulières au Mali ».

« Les prix internationaux de la plupart des produits sur le marché international ont connu des augmentations », a soutenu le ministre Mohamed OULD MOHAMED, tout en précisant que les hausses les plus importantes ont concerné le blé +73,1%, le riz +44,8%, l’huile +39,6%, le sucre +24,2%. Il a ajouté que les cours du pétrole ne sont pas également restés en marge de cette inflation.

À titre d’illustration, a-t-il rappelé, le prix de la tonne de blé est passé de 177 000 FCFA en novembre 2021 à 262 000 FCFA en avril 2022 soit une hausse de 48%. Au même moment, le prix du sac de 50 kg de la farine boulangère a connu aussi une hausse de 11%. Quant aux prix fournisseurs du sucre, ils sont passés de 275 000 FCFA à 445 000 FCFA, soit une augmentation de 62%.

La situation, au regard de ces fortes augmentations, aurait été davantage compliquée pour notre pays si les mesures d’atténuation n’avaient pas été prises par les autorités de la Transition qui ont notamment renoncé ou réduit la base taxable à l’importation pour des produits de grande consommation dont le sucre, le riz, a fait savoir le ministre de l’Industrie et du Commerce.

Ces efforts représentent un manque à gagner de 15 milliards de FCFA, a-t-il souligné. L’État renonce à des recettes afin de soulager le pouvoir d’achat des consommateurs, et non pour subventionner un importateur, a-t-il précisé.

Si les deux ministres admettent qu’il y a eu des augmentations sur beaucoup de denrées au plan mondial, ils dénoncent cependant l’anarchie dans la fixation des prix sans concertation avec l’État. Ainsi, les deux membres du gouvernement rappellent qu’il y a un cadre légal chargé de fixer les prix des produits subventionnés par l’État et que celui-ci doit être respecté.

« Le commerce est libéral. Mais quand l’État intervient, à travers la subvention, il a un droit de regard sur les prix. Ainsi, les commerçants ne peuvent plus fixer les prix unilatéralement. C’est ce qui s’est passé alors qu’il y a un cahier de charges à respecter par les différentes parties », a affirmé le ministre de l’Économie et des Finances.   

Le ministre Mohamed OULD MOHAMED, de son côté, enfonce « On n’acceptera pas le désordre. L’État ne peut pas perdre 15 milliards et regarder le désordre s’installer. On n’a pas dit que les prix ne vont pas augmenter, mais pas dans l’anarchie. (…) L’État va s’assumer ».

Puis, il a ajouté que des actions sont en cours pour amener les importateurs à respecter les mesures (les cahiers de charges) tout en promettant que d’ici une semaine le marché se comportera de façon normale. En tous cas, il a donné la garantie que le prix du kg du sucre sera ramené à 600 FCFA. Une décision arrachée aux importateurs lors d’une rencontre tenue la nuit du mercredi 10 août.

Les deux conférenciers ont également saisi l’opportunité de rappeler les facteurs qui sont à l’origine de ces augmentations à savoir : les crises institutionnelles, sociales, sécuritaires, sanitaires, l’embargo de la CEDEAO et de l’UEMOA et la crise ukrainienne.

Outre ces situations, il y a aussi le faible pouvoir d’achat des importateurs maliens dans un contexte de crise économique, a ajouté le ministre OULD MOHAMED. La preuve : à ce jour, l’ensemble des exonérations données n’a pas été entièrement exécuté. Ainsi, le riz est à 80% de taux d’exécution tandis que le sucre n’a pas encore atteint les 50%. Or, la période pour laquelle les exonérations sont accordées est largement dépassée. Cette situation, selon les ministres, n’a pas permis d’avoir les quantités suffisantes sur les marchés à temps.

Pour y arriver, le ministre de l’Industrie a rappelé qu’il a été décidé par le gouvernement, lors du conseil des ministres extraordinaire du 7 août, de réaffecter les quantités subventionnées non exécutées au cordon douanier représentant au moins un mois et demi de consommation à d’autres opérateurs économiques.

Aussi, l’embargo a eu un impact négatif sur le flux d’approvisionnement du pays, a ajouté le ministre OULD MOHAMED.

« On n’a pas eu toutes les quantités prévues à temps. Les flux n’ont pas suivi le rythme qu’on voulait. L’acheminement des produits n’a pas été fait comme nous l’avons prévu », a-t-il déclaré.

Pour sa part, le ministre de l’Économie et des Finances, reconnaissant les efforts qui sont consentis par les importateurs, pense tout de même qu’il est nécessaire de recadrer l’exécution des subventions qui ont coûté à l’État 115 milliards de FCFA.

« Il faut mettre tout à plat. Nous avons constaté qu’il n’y a pas de contrôle de la chaîne de mise en œuvre des subventions de l’importateur jusqu’au détaillant », a regretté le ministre SANOU.    

PAR SIKOU BAH

Source : Info-Matin

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