Les 11 accusés de ce procès historique étaient convoqués au greffe vers midi, préalablement à leur comparution mercredi. Les avocats d’un certain nombre d’entre eux se sont inquiétés qu’ils ne soient placés en détention avant l’ouverture du procès.
Le procureur a fait « embarquer nos six clients à la maison centrale (prison) où ils seront semble-t-il retenus jusqu’à la fin de la procédure », c’est-à-dire du procès, à la durée indéterminée, a déclaré un de ces avocats, Me Salifou Béavogui, à des journalistes devant le tribunal.
Un correspondant de l’AFP a vu arriver Abdoulaye Cherif Diaby, colonel et ministre de la Santé à l’époque des faits. Il est accusé de s’être opposé à la prise en charge des victimes.
Claude Pivi et Blaise Guémou, également militaires, sont aussi présents, a ajouté Me Lamah. Les restrictions d’accès au tribunal ne permettaient pas de dire si les autres accusés avaient répondu à la convocation.
Les 11 hommes doivent répondre mercredi à partir de 10H00 (locales et GMT) de leurs agissements le 28 septembre 2009 et les jours suivants.
Des soldats, des policiers et des miliciens avaient fait couler un bain de sang lors du rassemblement de sympathisants de l’opposition réunis dans un stade de Conakry pour démontrer pacifiquement leur force et dissuader M. Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010.
Le capitaine Moussa Dadis Camara avait été porté au pouvoir en décembre 2008 par un coup d’État militaire.
Le 28 septembre 2009 et les suivants, 156 personnes ont été tuées et des milliers blessées avec une cruauté effrénée, au moins 109 femmes ont été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Les chiffres réels sont probablement plus élevés.
Les exactions sont constitutives de crimes contre l’humanité, assure l’enquête internationale. Elles ont continué les jours suivants, contre des femmes séquestrées et des détenus torturés.
Moussa Dadis Camara vit en exil au Burkina Faso, mais est rentré dans la nuit de samedi à dimanche à Conakry pour participer au procès.
Les atermoiements du pouvoir et l’impunité érigée en « institution », selon la commission internationale, de forces de sécurité quasiment intouchables dans un pays dirigé pendant des décennies par des régimes autoritaires ont longtemps fait douter de la tenue de ce procès.
source : Africa News