Nancy Pelosi dénonce « des atrocités » commises par la Russie à Izioum. Les exhumations de 450 corps se poursuivent près de cette ville reconquise par les forces ukrainiennes.
Un commissaire européen épingle l’inaction de la Hongrie sur le gel des avoirs russes
L’Union européenne a gelé 14,5 milliards d’avoirs de personnalités russes dans le cadre des sanctions adoptées en réponse à la guerre en Ukraine, mais plusieurs pays, dont la Hongrie, n’ont pas contribué à l’effort, a affirmé dimanche un commissaire européen. « On doit faire une pression très forte » sur la Hongrie, car « on peut supposer que (s)es liens très proches avec la Russie l’empêchent peut-être d’agir », a déclaré le commissaire européen à la justice Didier Reynders, dans une interview à la chaîne de télévision LCI. La Hongrie a gelé « un peu plus de 3 000 euros » d’avoirs russes, a-t-il précisé.
Le premier ministre nationaliste, Viktor Orban, a tissé ces dernières années des liens étroits avec le président russe Vladmir Poutine et cette collaboration a été maintenue malgré l’invasion russe de l’Ukraine. Budapest a ainsi annoncé fin août un accord avec le géant russe Gazprom pour recevoir des livraisons supplémentaires, au moment où les autres pays Européens sont confrontés à une forte réduction des quantités fournies. Le gouvernement hongrois coopère également avec le conglomérat russe Rosatom pour la construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires.
Les contentieux entre Bruxelles et Budapest se sont multipliés ces derniers mois. La Commission européenne s’inquiète notamment de la corruption qui menace la bonne utilisation des fonds européens dans le pays. Elle a menacé dimanche de priver la Hongrie de 7,5 milliards d’euros de financements si les réformes promises par le gouvernement hongrois n’étaient pas rapidement mises en oeuvre.
Les 14,5 milliards d’euros d’avoirs russes gelés par l’Europe sont « déjà significatifs », mais, sur cette somme, « 90 % sont réalisés par six Etats membres », a expliqué le commissaire, reconnaissant qu’il restait « énormément de travail à faire auprès d’autres (Etats) qui n’ont soit rien gelé, soit rien communiqué ». Parmi les six pays les plus actifs, la France a gelé « un peu plus d’un milliard d’euros » d’avoirs et la Belgique 3,5 milliards. L’Allemagne, le Luxembourg, l’Irlande et l’Autriche figurent aussi parmi les bons élèves, selon Didier Reynders.
« Nous continuons à travailler pour demander que tous les Etats membres mettent les même outils en place pour atteindre les avoirs, pas seulement les comptes bancaires, les yachts, les résidences, mais tous les avoirs », a souligné le commissaire européen, évoquant la difficulté d’avoir accès aux cryptomonnaies et aux oeuvres d’art numériques.
La reine de la variété soviétique dénonce la guerre
Alla Pougatcheva, reine de la musique pop soviétique, a dénoncé, dimanche, la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine qui, selon elle, tue des soldats pour des objectifs illusoires, accable la population et fait de la Russie un paria mondial.
Alla Pougatcheva, 73 ans, icône soviétique puis post-soviétique – qui est probablement la femme la plus célèbre de Russie –, a demandé à Moscou de la classer elle aussi comme « agent étranger » après que son mari, Maxime Galkine, comédien de télévision de 46 ans, a été inscrit sur la liste de l’Etat le 16 septembre. « Je vous demande de m’inclure dans les rangs des agents étrangers de mon pays bien-aimé car je suis solidaire de mon mari », a déclaré Alla Pougatcheva sur le réseau Instagram, interdit en Russie. La star a ajouté que son mari était un patriote qui voulait un pays prospère, la paix, la liberté et la « fin de la mort de nos garçons pour des objectifs illusoires ».
Depuis l’invasion du 24 février, la Russie a pris des mesures de répression contre la dissidence, en infligeant des amendes aux artistes qui font des commentaires antiguerre. La télévision d’Etat présente les auteurs de ces critiques comme des traîtres à la patrie. La Russie est en train de devenir un « paria » tandis que la vie de sa population est durement éprouvée par le conflit, a déclaré Alla Pougatcheva qui n’a pas utilisé le mot « guerre », mais a clairement exprimé sa désapprobation à l’encontre de ce que le Kremlin qualifie d’« opération militaire spéciale ».
Une telle critique la part de l’une des plus grandes célébrités de Russie – connue à travers les générations pour des succès tels que la chanson « Million Scarlet Roses » (1982) et le film « La femme qui chante » (1978) – est rare et potentiellement dangereuse pour elle aujourd’hui. Les propos d’Alla Pougatcheva illustrent également le niveau d’inquiétude de l’élite russe au sujet de la guerre.
Carnets d’exil, épisode 16 : « J’ai l’impression d’être devenue une élève presque comme une autre »
Leurs vies ont été bouleversées par le conflit. Douze familles ukrainiennes et russes nous racontent leur nouveau quotidien en France au fil des mois. Puisqu’elles ont décidé, pour l’heure, de rester, elles viennent de vivre la première véritable rentrée scolaire ici. Anastasia et Eva au collège, à Cossé-le-Vivien et Dijon. En terminale pour Maria, à Strasbourg. La petite Simona, elle, n’a pas réussi à franchir le seuil de l’école française. Souvent, l’école ukrainienne reste à portée d’ordinateur.
Après six mois de guerre, plus de 100 000 déplacés ukrainiens bénéficient de l’allocation pour demandeur d’asile en France, selon les chiffres de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Dans cette série, « Carnets d’exil », tous les noms ne sont pas publiés afin de protéger les personnes qui ont accepté de témoigner auprès du Monde.
Témoignages à lire ici : Exilés ukrainiens et russes en France : « J’ai l’impression d’être devenue une élève presque comme une autre »
Quatre médecins tués dans la région de Kharkiv, selon le gouverneur de l’oblast
D’après le gouverneur régional de Kharkiv, Oleh Synehoubov, quatre médecins auraient été tués lors d’un bombardement russe survenu dimanche, rapporte le média ukrainien The Kyiv Independent.
Oleh Synehoubov a déclaré que des médecins tentaient d’évacuer des patients d’un hôpital psychiatrique du village de Striletcha lorsque les forces russes ont lancé « un bombardement massif » de la région. Deux patients ont été blessés, a-t-il ajouté.
Nancy Pelosi dénonce « des atrocités » commises par la Russie
La présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, s’est exprimée, dimanche, en Arménie, à propos des récentes accusations contre l’armée russe d’exactions en Ukraine, après la découverte de plus de quatre cents tombes et une fosse commune en périphérie d’Izioum.
La visite de Nancy Pelosi survient alors que de récents affrontements ont éclaté entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan causant au moins la mort de 135 personnes, bilan communiqué vendredi 16 septembre par les autorités arméniennes. Une escalade inédite depuis 2020.
S’exprimant sur la reconnaissance du génocide arménien par les Etats-Unis en 2021, la présidente de la Chambre des représentants américaine a évoqué la guerre en Ukraine : « C’est un devoir moral pour tous de ne jamais oublier, une obligation qui a un caractère encore plus urgent alors que des atrocités sont commises à travers la planète, notamment par la Russie en Ukraine. »
Près de 3,7 millions de tonnes de denrées agricoles ont quitté l’Ukraine
Un total de 165 navires transportant environ 3,7 millions de tonnes de denrées agricoles ont quitté l’Ukraine dans le cadre de l’accord négocié en juillet par les Nations unies et la Turquie pour débloquer les ports du pays, a annoncé, dimanche, le ministère des infrastructures ukrainien, Olexandr Kubrakov. Depuis, trois ports de la mer Noire ont rouvert dans le cadre de cet accord par Moscou et Kiev, qui sont en mesure de charger et d’envoyer à l’étranger 100 à 150 cargos par mois.
« A 10 heures, huit navires ont quitté les ports de la grande Odessa, et deux autres attendent leur tour et des conditions favorables », peut-on lire dans un communiqué du ministère. Une dizaine de navires transportant 169 300 tonnes de produits agricoles devaient, en outre, quitter ce dimanche les ports ukrainiens de la mer Noire.
Les exportations de céréales de l’Ukraine ont chuté après l’invasion du pays par la Russie le 24 février. Le blocage des ports de la mer Noire et la forte hausse des prix alimentaires mondiaux ont réveillé le spectre de pénuries en Afrique et au Moyen-Orient. Important pays producteur et exportateur de céréales, l’Ukraine expédiait jusqu’à 6 millions de tonnes de céréales par mois avant la guerre.
Les autorités d’occupation russes disent avoir « éliminé » un groupe armé à Kherson
Les autorités d’occupation russes à Kherson, dans le sud de l’Ukraine, ont affirmé qu’un groupe armé avait été détruit lors de combats samedi soir dans le centre de cette ville, qui est l’objectif d’une contre-offensive ukrainienne. Dans un message publié sur Telegram, elles affirment également qu’aucun soldat russe n’a été blessé, ni aucun civil.
Côté ukrainien, la porte-parole du commandement sud de l’armée, Nataliya Gumenyuk, a dénoncé une « provocation ». S’exprimant dimanche matin sur une chaîne de télévision ukrainienne, elle a déclaré : « Les tirs et les explosions d’hier à Kherson sont une provocation de l’occupant. Nous avons prévenu que des provocations allaient avoir lieu entre le 17 et le 20 septembre. Elles sont destinées à entacher l’image des forces armées ukrainiennes », a-t-elle ajouté.
En Russie, le média public Vesti a publié une vidéo montrant deux blindés entourés de soldats lors de l’incident, sur une avenue dans le quartier de la gare ferroviaire de Kherson. Sur cette vidéo, l’un des blindés ouvre le feu à la mitrailleuse tandis que d’autres tirs se font entendre.
Dimanche matin, un cadre de l’occupation russe, Kyrylo Stremooussov, a assuré que la situation était « calme » à Kherson. « Les nazis essayent d’attaquer, mais sans succès », a-t-il affirmé sur Telegram. Depuis la fin d’août, les troupes ukrainiennes mènent une importante offensive pour reprendre la région et la ville de Kherson, la seule capitale régionale du pays tombée aux mains des Russes, au début de mars, quelques jours après le lancement de l’invasion russe.
L’Australie ne prévoit pas de bannir les touristes russes
Trois semaines après que l’Union européenne a suspendu un accord facilitant la délivrance de visas pour les Russes, le ministre de la défense australien, Richard Marles, a fait savoir que son pays ne comptait pas empêcher les touristes russes de pénétrer sur le territoire australien dans le cadre des sanctions prises après l’invasion russe de l’Ukraine. « Ce n’est pas quelque chose que l’on envisage pour le moment », a-t-il affirmé lors d’un entretien avec la chaîne ABC, soulignant que les sanctions prises ciblent le gouvernement russe, « pas les citoyens russes ».
La chaîne australienne rappelle que depuis le début de l’invasion, l’Australie a pris des sanctions contre des centaines d’individus et d’entités russes, mais a aussi fourni du matériel militaire et humanitaire à l’Ukraine et a banni l’exportation de plusieurs minerais vers la Russie.
La Russie augmente ses attaques contre les infrastructures civiles, selon les Britanniques
Dans son point du 18 septembre sur la situation en Ukraine, le ministère de la défense britannique (MOD) affirme que « la Russie cible de plus en plus les infrastructures civiles, même là où elle ne perçoit probablement aucun effet militaire immédiat ». Le MOD prend ainsi pour exemple les attaques contre le réseau électrique ukrainien, ainsi que les frappes contre le réservoir de Karatchounivka, qui ont causé des inondations dans la ville de Kryvy Rih, selon les autorités locales.
« Alors qu’elle fait face à des revers sur les lignes de front, la Russie a probablement élargi la liste des lieux qu’elle est prête à frapper dans le but de saper directement le moral du peuple et du gouvernement ukrainiens », écrit le ministère de la défense britannique.
Il y a quelques jours, un analyste du centre de gestion du centre de recherche britannique Janes expliquait à l’Agence France-Presse que l’un des principaux objectifs du Kremlin, désormais, est de « supprimer la résistance de la population » ukrainienne, de « la démoraliser », voire de « potentiellement fomenter de l’agitation » en son sein contre ses autorités en la privant d’eau ou d’électricité
A Izioum, l’inventaire macabre
Ce qu’il faut savoir à l’aube de ce dimanche 18 septembre
- La présidence tchèque de l’Union européenne a appelé, samedi 17 septembre, à la création d’un tribunal international spécial après la découverte de centaines de corps enterrés près d’Izioum, ville reprise aux Russes dans l’est de l’Ukraine, où les combats continuent. « Au XXIe siècle, de telles attaques contre la population civile sont impensables et odieuses », a déclaré samedi sur Twitter le ministre tchèque des affaires étrangères, Jan Lipavsky, dont le pays assure la présidence tournante de l’Union européenne.
- Les autorités ukrainiennes ont fait état vendredi de « 450 corps de civils portant des traces de mort violente et de torture » enterrés dans un bois à la périphérie d’Izioum. Dans son allocution quotidienne, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a annoncé samedi soir que « le processus d’exhumation se poursuit ». « De nouvelles preuves de torture ont été trouvées », a-t-il ajouté.
- Le chargé des droits humains ukrainien, Dmytro Lubinets, a évoqué « probablement plus de mille citoyens ukrainiens torturés et tués dans les territoires libérés ».
- Les Etats-Unis et l’Union européenne ont fait part de leur indignation, tenant pour responsable la direction russe. Moscou devra « rendre des comptes », a assuré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré souhaiter la comparution du président russe, Vladimir Poutine, devant la justice internationale pour crimes de guerre.
- De son côté, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a une nouvelle fois mis en garde son homologue russe contre l’utilisation d’armes chimiques ou nucléaires en Ukraine. « Cela changerait le cours de la guerre, comme jamais depuis la seconde guerre mondiale. (…) Ne le faites pas, ne le faites pas, ne le faites pas », a enjoint M. Biden sur CBS, promettant une réponse « conséquente » des Etats-Unis si cette étape venait à être franchie.
- Sur le terrain, où les forces ukrainiennes armées par les Occidentaux ont repris des milliers de kilomètres carrés à la faveur d’une contre-offensive dans le Nord-Est, combats et bombardements continuent. A Koupiansk, reprise la semaine dernière par les forces ukrainiennes, les affrontements se poursuivent avec l’armée russe retranchée du côté est de la rivière Oskil, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse
- Une centrale thermique a été « bombardée par les envahisseurs russes » samedi matin à Mykolaïvka, a affirmé Pavlo Kyrylenko, le gouverneur de la région de Donetsk (Est), sur Telegram, indiquant que les pompiers ukrainiens luttaient contre le feu et que le bombardement avait entraîné des coupures d’eau potable.
- L’armée russe, qui nie viser des infrastructures civiles ou des zones d’habitation, affirme avoir mené des frappes de « haute précision » contre des positions ukrainiennes dans les régions de Mykolaïv et de Kharkiv.
- La centrale nucléaire de Zaporijia a été reconnectée au réseau ukrainien, ce qui permet de sécuriser le refroidissement des installations, a annoncé samedi l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les affrontements entre Russes et Ukrainiens près de la centrale ces dernières semaines avaient entraîné l’arrêt de tous ses réacteurs.
Source: Le Monde