a reprise exceptionnellement précoce de la grippe aviaire dans les élevages français a déjà conduit à l’abattage de plus de 300.000 volailles, quelques mois après l’euthanasie de plus de 20 millions d’animaux.
Au total, 332.753 animaux ont été euthanasiés dans les vingt élevages contaminés depuis le 1er août, a-t-on appris mercredi auprès du ministère de l’Agriculture.
La précédente flambée du virus dans les élevages français (fin novembre 2021 – mi-mai 2022) avait conduit à l’abattage de 21 millions de volatiles – y compris des animaux sains, préventivement. Un niveau jamais vu auparavant.
Cet épisode a provoqué un choc dans la filière avicole, surprise par l’ampleur des contaminations dans les régions Pays de la Loire (en particulier en Vendée) et Bretagne, grandes terres d’élevage qui avaient été épargnées lors des précédentes crises liées à la grippe aviaire.
Les éleveurs sont “traumatisés économiquement, psychologiquement”, a souligné Joël Limouzin, vice-président du syndicat agricole majoritaire FNSEA mercredi, lors de l’assemblée générale des aviculteurs de France (CFA, section spécialisée de la FNSEA).
“La nouveauté, c’est cette situation endémique qui nous taraude tous”, a ajouté M. Limouzin, également président de la chambre d’agriculture de Vendée, un des territoires les plus touchés.
Après cette saison 2021/2022 catastrophique, le virus n’a pas disparu de l’environnement à la faveur de l’été, comme de coutume. Il a continué à circuler dans la faune sauvage, décimant notamment des espèces marines protégées comme les fous de Bassan en Bretagne.
Des cas en élevage ont été recensés dès fin juillet sur le littoral de la Manche.
Le comptage officiel des foyers de grippe aviaire pour la saison 2022/2023 a démarré au 1er août.
Depuis lors, la plupart des cas confirmés se situent dans le Grand Ouest (Pays de la Loire, Bretagne et Normandie). Le virus a frappé des exploitations de dindes, de poules pondeuses et de palmipèdes.
Des élevages de canards reproducteurs, stratégiques pour le renouvellement des élevages, ont été à nouveau atteints.
Un cas a aussi été repéré dans le Sud-Ouest, dans l’élevage de canards d’un particulier en Gironde.
Outre les exploitations destinées à la production alimentaire, des foyers de grippe aviaire sont recensés dans des basses-cours et des sites hébergeant des oiseaux captifs (comme ceux détenus par des chasseurs pour attirer leurs congénères).
Le virus repéré dans 16 pays européens
Depuis le 1er août, 16 pays européens ont repéré le virus sur leur territoire, rapporte la plateforme française d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA).
La France est le deuxième pays “déclarant le plus de foyers de volailles depuis le début de la saison” 2022/2023, après l’Allemagne, selon son bulletin hebdomadaire.
Les espoirs se portent sur la mise au point d’un vaccin pour les animaux. Mais les résultats ne sont pas attendus avant l’an prochain.
“On fait le dos rond et on baisse les densités” d’animaux dans certaines zones du Sud-Ouest dans l’espoir de limiter les pertes, remarque auprès de l’AFP le président de l’interprofession du foie gras (Cifog), Eric Dumas.
Les répercussions de cette crise sanitaire à rallonge sont multiples.
Des élevages de reproducteurs ont été décimés et le potentiel de production français amputé, prêtant le flanc à une augmentation des importations, notamment depuis la Pologne, pour répondre à la demande en poulet et oeufs.
La matière première fait défaut aux industriels. Ils ont abattu 10,8 % de volailles en moins en août sur un an, toutes espèces confondues, selon le service statistiques du ministère de l’Agriculture Agreste.
Plus rares, les produits volaillers seront logiquement plus chers, préviennent les professionnels, aussi confrontés à la flambée de leurs coûts de production (nourriture des animaux, électricité…).
Avant même la reprise de l’épizootie cet été, la facture de la grippe aviaire s’élevait pour l’Etat à plus d’un milliard d’euros pour indemniser les pertes des professionnels.
En règle générale, les volailles sont euthanasiées individuellement par un vétérinaire ou collectivement dans des caissons remplis de gaz carbonique, avant d’être transportées à l’équarrissage. Mais au coeur de la crise, les services sanitaires étaient débordés et des éleveurs ont témoigné avoir dû eux-mêmes participer à la mise à mort de leurs animaux en coupant la ventilation de leurs bâtiments.
12/10/2022 18:46:52 – Paris (AFP) – © 2022 AFP