Commencée hier sur toute l’étendue du territoire nationale, la grève de l’Union nationale des travailleurs du Mali touche (UNTM) les banques, hôpitaux, les impôts, la douane et d’autres services publics. Avec cet arrêt de travail, l’UNTM compte paralyser le pays pendant 5 jours.
Tandis que sur la scène politique, les partis et organisations de la société civile dénoncent un problème de représentation au sein du CNT et un mouvement de “militarisation des organes d’État”, l’UNTM tient à ce que sa principale doléance soit appliquée d’ici le 1er janvier 2021. Personne ni pipe mot pour dire quoique ce soit sur l’impact de cette grève sur les citoyens lambdas en cette période particulièrement cruciale pour le pays confronté à plusieurs crises.
Yacouba Katilé, Secrétaire général de l’UNTM juge au cours d’une conférence de presse le samedi dernier à la Bourse du travail, que “transition ou pas, il n’y a pas de moment propice pour aller en grève”.
Cette grève résulte d’un échec des négociations entre la Centrale syndicale, le gouvernement et le patronat. L’UNTM a déposé le 23 novembre dernier un préavis de grève qui a poussé le gouvernement à négocier. Malheureusement, ces négociations du 25 au 10 décembre n’ont pas abouti.
Les doléances font état de 9 points. Elles sont, entre autres, le règlement de la situation des travailleurs compressés dans les années 80, l’harmonisation des grilles salariales des agents de l’État, l’octroi de primes et indemnités et la suppression pure et simple de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei).
Selon Yacouba Katilé, la loi qui crée l’Oclei est une loi anti constitutionnelle qui viole les principes fondamentaux des droits humains. Cela explique pour lui la suppression de cet organe mis en place pour la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite.
“La grève est un moyen, ce n’est pas l’objectif. Dans une même fonction publique, on a une grande disparité de traitement. Nous demandons à l’Etat d’aller vers une question de justice sociale. Pour le problème d’emploi et de recrutement, les jeunes diplômés, l’Etat doit s’investir”, a indiqué M. Yacouba Katilé.
Selon plusieurs personnes, ce combat de l’UNTM n’est pas sans arrières pensées politiques. Car le problème de la représentation dans le gouvernement de la transition notamment le Conseil national de la Transition (CNT) a conduit à la frustration de plusieurs regroupements d’où les pressions répétitives sur les autorités actuelles.
L’UNTM estime que l’échec des négociations entre elle et le gouvernement est un mépris. Selon son Secrétaire général, la centrale est rattachée à 17 départements ministériels et qu’au cours de leur rencontre avec le gouvernement, un seul ministre était appelé à faire la médiation. Ainsi elle juge nécessaire que les autorités doivent mettre spécialement en place un comité de médiation composé des protagonistes.
Sur la télévision nationale l’ORTM, le samedi 12 décembre 2020, le gouvernement de la transition a clarifié l’échec des négociations entre lui et l’UNTM.
“Nous avons expliqué, documents à l’appui, qu’il n’était pas possible en l’état actuel et future de répondre favorablement à leur demande”, a dit Me Harouna Mamadou Toureh, ministre du Travail et de la Fonction publique, porte parole du gouvernement.
Fatoumata Kané
Source : Mali Tribune