À Bamako comme à l’intérieur du pays, les usagers des services publics de l’administration vont forcément ressentir ce débrayage qui pourrait durer 15 jours.
La grève de 360 heures (soit 15 jours) des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale a débuté hier sur l’ensemble du territoire national. En effet, les négociations entre les syndicats et l’État ont échoué et comme ils l’avaient annoncé, les syndicats et les travailleurs de l’administration territoriale ont décrété une grève de 15 jours qui a commencé hier lundi. Par ce débrayage, les syndicats et les travailleurs de l’administration territoriale veulent amener l’État à respecter ses engagements financiers vis-à-vis des administrateurs civils et des membres du corps préfectoral.
Aussi, les grévistes demandent la sécurisation des représentants de l’État, dont deux sont «toujours entre les mains des terroristes». Ce n’est pas tout, ils exigent également la prise en charge des salaires de l’ensemble des travailleurs des collectivités et le respect des textes qui régissent les établissements publics à caractère administratif (EPA) au niveau des Agences de développement régional (ADR).
La première journée de la grève a été largement suivie, comme a pu le constater notre équipe de reportage qui a fait le tour de quelques services de l’administration territoriale. Il était 10 heures, quand notre équipe de reportage est arrivée au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation qui abrite la direction des ressources humaines, la direction générale des collectivités territoriales ainsi que la direction des finances et du matériel du département.
Ici, tous les bureaux étaient fermés à part ceux des directeurs et des conseillers techniques qui n’ont pas le droit de faire grève. Dans les mairies de la capitale, aucune Commission de révision des listes électorales n’a siégé.
Le porte-parole des syndicats des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale a indiqué qu’à l’intérieur du pays, même les cabinets des gouverneurs ont observé la grève. «Notre satisfaction est totale», s’est réjoui Ousmane Christian Diarra, avant d’ajouter que même le service minimum était difficile à assurer pour cette première journée de la grève. Le syndicaliste annoncera que si aucun accord n’est trouvé d’ici le 7 novembre, le mouvement se transformera en grève illimitée.
Contrairement au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, au Gouvernorat du District, presque tout le personnel était sur place. On notait juste l’absence de deux conseillers du gouverneur, qui ont suivi le mot d’ordre.
Interrogé, le gouverneur du District de Bamako dira qu’un représentant de l’État ne va pas en grève, conformément à l’article 79 du statut des préfets. De même, il est interdit aux membres du corps professoral nommés représentants de l’État, toute action concertée de nature à entraver le bon fonctionnement de l’administration, précisera Babahamane Maïga, en rappelant que les sanctions sont prévues, notamment la retenue sur salaire.
À Tombouctou, la grève a été suivie par l’ensemble des travailleurs concernés. Au Gouvernorat, seul le chef de l’Exécutif régional, Koina Ag Ahmadou était présent pour assurer le service minimum. Il faut rappeler que depuis cinq mois, aucun administrateur n’est à son poste dans la Région de Tombouctou. Tous ont été contraints de partir pour échapper aux enlèvements des terroristes qui sèment la terreur au sein de la population.
À Gao, Kayes et Mopti, les travailleurs de l’administration ont également suivi le mot d’ordre de grève. Ainsi, les bureaux des Préfectures, des Agences de développement régional ou encore des mairies étaient désespérément vides et les travailleurs brillaient par leur absence.
Bembablin DOUMBIA
Moulaye SAYAH
Abdourhamane Touré
Bandé Moussa SISSOKO
Dramane Coulibaly
Source : L’ESSOR