Deux ans après l’une des rares transplantations de pénis réalisées dans le monde, l’équipe qui a pratiqué l’intervention dresse le bilan de l’évolution du patient.
La greffe a été pratiquée fin 2014 en Afrique du Sud. Elle a concerné un jeune homme qui avait souffert de complications extrêmement graves (gangrène) après une circoncision traditionnelle, avec la nécessité de procéder à une amputation du pénis. Comme l’explique le Dr Roseline Péluchon (Journal international de médecine), « les procédés de reconstruction avec des implants péniens ne donnent pas toujours des résultats satisfaisants, et les conséquences psychologiques de ces ablations sont souvent désastreuses ».
L’équipe chirurgicale (Stellenbosch University) a donc tenté la greffe de pénis. Il ne s’agit pas du premier essai mondial, puisqu’un autre a été rapporté en 2006 en Chine (mais le greffon a été retiré rapidement). Pour affiner la technique, les spécialistes sud-africains ont d’abord procédé à des essais sur deux cadavres. Ils ont ensuite cherché des candidats répondant à des critères physiques et psychologiques précis, et ont finalement porté leur choix sur un jeune homme de 21 ans. Le donneur était un homme de 36 ans en état de mort cérébrale.
Des résultats rapides et spectaculaires
L’intervention a duré 9 heures, et la sortie de l’hôpital est intervenue après un mois. Le patient a fait état d’un premier rapport sexuel satisfaisant une semaine après être rentré chez lui (malgré le fait que les médecins lui avaient demandé d’attendre plus longtemps…), et ensuite des relations sexuelles régulières à partir de trois mois. Une série d’événements indésirables sont rapportés au fil du temps (thrombose artérielle, hématome infecté, insuffisance rénale aiguë, mycose…), mais tous ont été surmontés.
Le score global de qualité de vie s’est beaucoup amélioré, passant de 25 avant l’opération à 57 six mois plus tard et à 46 après deux ans. Idem pour le score de santé physique : 37 au départ, puis 60 à six mois et 59 à deux ans. Toujours après deux ans, la fonction urinaire est parfaitement normale, alors que le score de fonction sexuelle se situe aujourd’hui à 8 sur 10, ce qui est excellent. Depuis, rappelle le Dr Péluchon, une troisième greffe de pénis a eu lieu aux Etats-Unis (Boston) en 2016, et une quatrième en avril 2017, par la même équipe sud-africaine.