Les nouveaux dirigeants du Mali ne se font pas prier pour promettre la refondation du pays. Celle-ci, a-t-on assuré, devrait commencer par divers audits. Leurs résultats se font désirer.
A l’amorce de la Transition en cours, avec les concertations nationales de septembre 2020, des voix autorisées parmi les nouveaux dirigeants du pays avaient quasiment juré auditer plusieurs domaines de la gouvernance. Après plus de 18 mois, dont 9 mois de « rectification » (qui se poursuit), des citoyens se demandent où en est-on avec ces audits annoncés à grand renfort médiatique.
En effet, une chose est de promettre le changement dans la gestion des affaires publiques, une toute autre est de poser les actes forts de ce renouveau. Si la Transition malienne a dû passer par ce que l’on a appelé « la rectification », c’est, a-t-on souligné, par manque de rupture. L’on a expliqué au peuple malien que ld duo Bah N’Daw-Moctar Ouane conduisait une « transition de continuité », au lieu de d’opérer une transition de rupture d’avec les anciens systèmes de gouvernance. C’est dans ce sens que le Premier ministre de la rectification, Dr Choguel Kokalla Maïga a, juré, la main sur le cœur qu’il devait s’inscrire dans une « gouvernance vertueuse ». Et, le chef de l’Etat, le chef du gouvernement et d’autres membres influents de l’ex-CNSP avaient assuré de la nécessité d’auditer des pans entiers de la gestion du pays.
C’est dans ce sens que, dans son discours à la nation du 21 septembre 2021, le chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta annonçait qu’« une vaste campagne d’audit des services publics est actuellement en cours ». Et le Président de la transition de rassurer le peuple que ses attentes seront comblées. « Aucun privilège ne sera accordé aux personnes impliquées », promettait-il. Et l’on avait ciblé des secteurs comme la Loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM) de février 2015 à février 2020 portant sur 1230 milliards de Francs CFA, la loi d’orientation de la sécurité, la justice, le fonds covid-19 comme devant être prioritairement audités ; surtout qu’il y avait une seconde génération de LOPM pour équiper l’outil de défense national.
Plus de dix mois après le début de ces audits, les observateurs se perdent en conjectures. A quand la publication des résultats de ces investigations de gestion financière ? Pourquoi aucune communication n’est faite autour de ces audits ? Quid des poursuites judiciaires conséquentes que ces audits doivent légitimement entraîner ? Quid du principe de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ?
Il urge de souligner avec force que la volonté des autorités de la transition d’assainir la gouvernance du pays semble émoussée, depuis un moment. Les priorités de la Transition rectificative sont-elles désormais ailleurs ? C’est en tout cas l’avis d’un grand nombre d’observateurs qui font état de déceptions à ce sujet. Surtout que l’on signale encore des cas de mauvaise gouvernance, d’indélicatesse dans la gestion des affaires publiques, en particulier au niveau de certains départements ministériels. C’est le cas du ministère de Développement rural, où la DFM connaîtrait des cas de gestion d’une certaine opacité portant sur les deniers publics. Quid de marchés d’infrastructures routières, de marchés d’équipements des forces armées et de sécurité ? Quid des cas suspect de favoritisme ou de clientélisme dans des concours administratifs de recrutements ? A quand la rigueur dans la gestion de ces pans des affaires publiques ?
Le Malien a aujourd’hui soif de plus de transparence dans la conduite des affaires du pays, pour continuer à croire en le Malikura, appelé de tous les vœux. Il faut que les plus hauts dirigeants du pays veillent à impulser une dynamique forte d’instauration d’une gouvernance véritablement vertueuse, pas simplement dans les mots.
Bruno D SEGBEDJI
Source : Mali Horizon