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Gouvernance: les maux de la guerre des mots

En acceptant d’occuper le poste de Premier ministre du gouvernement transitoire, Choguel Kokalla MAIGA savait qu’il serait observé à la loupe, ses déclarations décortiquées, son action mise sur le gril, mais il ne devrait certainement pas s’attendre à traîner le poncif d’héritier de GMT devenu la mesure de sa gouvernance.

Pourtant, depuis son discours prononcé le 11 novembre, lors de sa rencontre avec les chefs traditionnels et coutumiers du Mali, l’on assiste à un retour en vitesse des slogans iconoclastes et des règles tatillonnes. ADEMA-Association, ADEMA-PASJ, PARENA y sont allés de leurs saillantes attaques et critiques virulentes en réchauffant au passage les conflits gelés et en exacerbant ceux qui bouillonnent. L’ampleur de la riposte à ce pataquès autorise à croire que l’état d’amertume, de ressentiment, de haine, lié au souvenir des événements de Mars 1991 n’a pas pris une ride.
Il ne saurait nullement être question de jouer les fossoyeurs de la mémoire en tentant de tronquer la vérité historique, de malmener les esprits des faibles. Mais, s’est-on jamais approprié cette sagesse : ‘’Un pardon sans oubli est une vengeance sournoise’’ ?, Le livre de la déraison souriante (1991) de Robert Sabatier.
Pour un peuple dont l’une des valeurs cardinales est le pardon, l’animadversion clairement affichée envers le Premier ministre du Gouvernement de la Transition interroge. Cette attitude qui fleure la défausse interroge d’autant plus que dans la société malienne qui semble plus que jamais à bout de souffle, ses fractures internes s’étant approfondies au point de mener le pays au bord du précipice, le pardon et la réconciliation sont devenus un enjeu collectif impérieux.
Comme s’il fallait en remettre une couche, la brèche ouverte par les gardiens du temple du Mouvement démocratique était du pain béni dans lequel se sont engouffrés d’anciens leaders estudiantins, suite à l’interpellation et au placement sous mandat de dépôt de l’ancien secrétaire général de l’AEEM, Président du Parti SADI Oumar MARIKO pour « injures grossières » en l’encontre du Premier ministre. Ils embouchent le cor et déclament le même récital, en multipliant les diatribes à l’accent guerrier. Mais, il n’y a-t-il pas assimilations hâtives et rapprochements arbitraires entre le passé UDMPiste de Choguel Kokalla MAIGA et une infraction prévue et punie respectivement par les articles 21, 55, 56 et l’article 24 de la loi sur la cybercriminalité et le Code pénal ?
Plus que jamais, le marché du PM-bashing est saturé d’imprécateurs. Non par rapport au Programme d’Action du Gouvernement de Transition (PAGT) considéré un moment comme un catalogue mirifique, mais rapport à des propos qui font souvent l’objet d’extrapolation.
De nombreuses flammèches peuvent mettre le feu à un terrain plein de risques. Cela, quand bien même il ne faut ne faut jamais s’autoflageller en politique, le Premier ministre gagnerait à l’intégrer pour avoir l’écouvillon exemplaire et pour ne pas donner le bâton pour se faire battre. Peut-être devrait-il ourler ses mots de mille précautions pour s’épargner un procès en cynisme et en indécence pour avoir formulé ce qu’il croit être une évidence !
Pour le reste, dans un pays heurté à une ribambelle de problèmes en chaîne, où chaque jour, du drame et de l’anxiété s’ajoutent à la tragédie, il ne devrait pas avoir de la place pour l’assouvissement de la détestation mutuelle, pour les querelles byzantines, pour les discours agressifs d’aboiements politiques. Il ne faut pas que l’expression d’une colère, devienne celle d’une haine, il faut se garder de s’enfermer dans des débats binaires.
Ce qu’il faut, c’est un changement radical de braquet et de paradigme pour privilégier l’essentiel au détriment de l’accessoire. Pour une question de survie collective, il s’agit de se battre pied à pied pour sauver le Mali.
Les tireurs politiques couchés aux encoignures de ce gloubiboulga sont fortement interpelés. On le sait, ils ont deux raisons évidentes de faire feu.
D’une part, il y a le maintien des Assises Nationales de la Refondation (ANR) qu’ils considèrent comme une REPETITON du Dialogue National Inclusif – DNI auquel le PEUPLE MALIEN a déjà participé en donnant ses recommandations dans tous les domaines et secteurs de la vie de la Nation et qu’il ne revient qu’au Gouvernement de la Transition de procéder à cette mise en œuvre et d’économiser plus de deux milliards de F.CFA prévus pour ces assises.
D’autre part, il y a le maintien de l’association Assises Nationales de la Refondation et prolongation de la durée de la Transition.
Néanmoins, il faut de la mesure, parce que l’échec de la Transition, serait une plongée dans une nuit agitée. Ce qui ne serait pas de bon augure pour tourner la page des nombreuses errances de gouvernance.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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