Les prix des denrées de grande consommation ont grimpé :
– 1 kg de viande avec os, de 2.300 à 2.500 FCFA ;
– 1 kg de viande sans os, de 2.500 à 3.000 FCFA ;
– 50 kg de riz Gambiaka, de 17.500 à 20.000 FCFA ;
– 100kg de mil, de 14.000 à 19.500 FCFA ;
– 1 litre d’huile, de 1.000 à 1.250 FCFA.
On ne peut s’empêcher de rappeler que face aux affres de la mauvaise gouvernance dont il reste victime depuis la naissance de la troisième République, le peuple laborieux du Mali a élu Ibrahim Boubacar Keita à la magistrature suprême avec un suffrage exprimé à la soviétique de 77,66%. Ce score, jamais atteint par un candidat aux élections présidentielles dans notre pays, est l’expression parlante de la déception des Maliens qui aspirent au changement dans tous les secteurs de la vie économique et sociale.
Sous l’apache régime de Moussa Traoré, les Maliens ont enduré dans leur chair et dans leur conscience les affres d’une gestion calamiteuse des affaires. Ainsi, la gabegie, l’escroquerie, la délinquance financière, le clientélisme furent, entre autre, érigés en mode de gouvernance. C’est pourquoi le peuple malien s’est dressé comme un seul homme contre Moussa Traoré pour lui dire que le moment est venu pour lui de quitter le pouvoir.
Les Maliens fatigués, ployant sous le poids de la conjoncture économique se sont levés pour mettre fin au régime corrompu de Moussa Traoré (Toutes les usines sont parties en faillite avec à la clé la naissance d’une dynastie de dignitaire UDPM). La démocratie venue, le peuple avait opté pour plus de transparence dans la gestion des affaires publiques et le KOKAJE. Mais hélas ! C’était mal connaitre les démocrates «sincères et convaincus» de l’ère ADEMA (Association pour la Destruction du Minimum Acquis). Ces démocrates dits sincères et convaincus de leur stratégie de détournements de deniers publics ont pillé ceux qui restaient encore pour notre pays (patrimoine national).
Le général Moussa Traoré a été renversé, mais rien n’a fondamentalement changé à l’avantage des Maliens. De 1992 à nos jours, notre peuple est à la recherche d’un mieux-être et ne rate pas les occasions pour le dire de vive voix au président de la République.
En 1998, la Banque mondiale a initié une investigation au Mali sur les lignes de la corruption. Ce rapport a décelé 21 milliardaires dont seize (16) «démocrates sincères et convaincus de l’ère konaréenne».
En 1992, le Tracfin français a traqué pour transaction douteuse A.C alors ministre des Transports et des Travaux publics. Notre compatriote AC était accusé d’avoir «détourné» en France plus d’un (1) milliard de FCFA. A.C a été dénoncé par sa banque suivant les recommandations de Tracfin.
Récemment, c’est l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel qui défraye la chronique avec ses surfacturations. Le Suisse, écrivain Jean Ziegler n’a-t-il pas raison de dire que «la France et les USA ont installé des Etats voyous en Afrique ?»
Le 04 septembre 2013, lors de son investiture a qualifié le général Moussa Traoré de «républicain», les plus avertis de la scène politique ont affirmé que le président plébiscité des Maliens a mis une grosse croix sur la lutte héroïque du peuple qui, après avoir bravé l’armada de la répression militaro-policière du régime UDPM, a récupéré la démocratie. C’était là une première faute historique de celui qui avait gagné la confiance de notre peuple meurtri pendant 23 longues années.
La déception du peuple malien
La grosse déception du peuple a été la récupération de la démocratie par les dignitaires de l’ancien parti unique. Cela a été savamment préparé et orchestré par Alpha Oumar Konaré (ancien ministre de Moussa) et Amadou Toumani Touré (aide de camp du président Moussa Traoré). IBK, plébiscité pour le changement n’a pas cherché loin pour faire son «changement». Il nomme dans ses gouvernements et Institutions ceux-là mêmes qui de 1992 à 2002 ont mis notre pays sous leur coupe réglée. Ces démocrates fonctionnaires retraités ou en service, opérateurs économiques, militaires, policiers qualifiés dans les malversations financières continuent de servir IBK.
Dès le troisième président démocratiquement élu de l’Adema-RPM (IBK) mis au grand jour son incapacité à donner un souffle radicalement nouveau aux Maliens. Il est donc clair que le président IBK n’a rien fait dans le sens du changement auquel les Maliens attendent.
Au plan économique, contrairement aux différents discours sur la corruption, la délinquance financière, les détournements de deniers publics, les malversations, se sont confortablement enracinés.
De 2002 à 2010, ce sont 723 dossiers de délinquants financiers qui ont été transmis par la Cellule d’appui aux Structures de contrôle de l’Administration (CASCA) à ATT. Mais hélas ! L’impunité aidant, les dossiers tardent à connaitre leur épilogue. IBK qui tarde à s’installer au palais de Koulouba a déjà pris un sérieux coup dans la gouvernance (153 milliards de FCFA détournés des caisses de l’Etat en moins de deux ans d’exercice du pouvoir).
La misère est indicible au Mali. On ne mange plus à sa faim et on mange n’importe quoi pour ne pas mourir de faim. La pauvreté est un phénomène politique qui tue plus que la maladie. L’ère IBK donne totalement raison à cet homme politique des indépendances qui disait : «la bourgeoisie africaine, depuis sa naissance avait déjà atteint l’âge de la maturité de la bourgeoisie industrielle».
«On ne bouffe qu’une seule fois l’héritage légué par son père», dit le sage
Après le détournement des fonds publics, l’heure est à la cession du foncier. Pour assouvir leurs desseins, les princes du jour démolissent les constructions de quartiers ou de villages environnants de Bamako, au motif que le titre foncier appartient à l’Etat ou domaine réservé pour la construction d’infrastructures. On démolit les maisons des pauvres en période d’hivernage pour ensuite lotir le même site en l’attribuant à des cadres véreux des régimes ADEMA-ATT -RPM -URD etc.
C’est pourquoi on parle incessamment de moderniser les marchés du district de Bamako par la construction de hangars modernes et boutiques ou «super marché». L’argent volé au peuple va les permettre d’acheter les hangars des pauvres vendeuses de tomates (Sabalibougou) pour en faire des hangars modernes. Le feu couve sous la cendre.
Tous ces crimes économiques devraient, sous d’autres cieux, donner lieu à des poursuites judiciaires en vue de remettre le peuple travailleur dans ses droits légitimes. Toutes les terres à usage d’habitation ont été cédées à des particuliers au grand mépris des populations. Le drame dans tout cela c’est que personne ne s’inquiète outre mesure.
Monsieur le président, les gestions des affaires ne peuvent pas continuer ainsi. En fait, tout se passe comme si IBK est absent du Mali. C’est dire qu’en vérité ce sont les arrivistes rodant autour d’IBK qui gèrent la République. Mais ils doivent se rendre à l’évidence qu’ils rendront compte au peuple malien avec ou sans IBK. Si celui-ci veut toujours bien faire, il se doit de balayer sans attendre son entourage pour faire appel à des hommes compétents, crédibles et qui sont sans le moindre reproche quant aux malversations qui ont lieu chez nous.
C’est dire que le président mal entouré et mal conseillé serait en crise de ressources humaines crédibles. On peut dire qu’en l’absence d’un nettoyage radical de son entourage, IBK ne fera pas mieux qu’ATT.S’il n’est pas lui-même le mal, le Mali regorge de cadres intègres, propres et compétents auxquels il doit sans délai faire appel. Ce changement radical est une impérieuse nécessité car au Mali tout va mal. Est-il besoin ici de rappeler que l’école est à l’agonie, à cause que ces premiers responsables ne sont pas bien indiqués.
Dans le domaine de la santé, le peuple malien se meurt entre d’un côté les maladies et de l’autre le coût exorbitant des médicaments.
Dans le domaine de la sécurité, il n’est plus un secret pour personne que le général Sada Samaké a montré toutes ses limites objectives. IBK ne peut pas continuer à ignorer cette triste réalité s’il veut apporter aux citoyens la paix et la tranquillité.
Pour tout dire à IBK : le Mali va mal et alors très mal. En conséquence, il lui faut changer radicalement la gestion du pays en faisant appel à des hommes crédibles et non trempés dans les malversations financières et domaniales.
Fodé KEITA
Source: L’inter de Bamako