Il l’avait annoncé en grande pompe, en arrivant à la Primature, comme quoi il s’engageait à porter une « gouvernance de rupture ». Moins d’un an après sa prise de fonction, de scandale en scandale, d’agression brutale en agression brutale, sur fond de provocations et d’invectives interminables à l’encontre des partenaires, Choguel Kokalla Maïga s’est installé dans une gouvernance cauchemardesque, devenant du coup un roi qui perd de son souffle. Tout en se brouillant l’horizon.
Que reste-t-il de l’aura de cet homme, connu pour ses invectives répétées sur la scène nationale, depuis qu’il a atterri à la Primature, où il s’est autoproclamé adepte d’une gouvernance de rupture ?
Le Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, n’en finit plus de compter les scandales de gestion qu’il a connus, depuis sa nomination à ce poste, il y a tout juste quelques mois. Celui qui s’était proclamé le grand maître de la bonne gouvernance, en annonçant en grande pompe la gouvernance de rupture qu’il comptait mettre en chantier, pour en venir définitivement avec les errements de gestion du passé, est en fait devenu, en l’espace de quelques mois de gestion, le prototype du déni de gestion.
Très vite, installé au poste de Premier ministre par le colonel Assimi Goïta, président de la transition, alors à la recherche d’une nouvelle vitalité politique, suite au processus de rectification de la transition qu’il avait engagé, Choguel Kokalla Maïga, nouveau s’est empêtré dans le scandale. L’affaire des hectares de terre de Baguinéda, abusivement attribuées à des membres de sa famille, en tant que chef suprême de l’administration d’Etat a récemment enflammé la toile.
Ce scandale des terres attribuées, dans les conditions que l’on sait, n’a jamais été élucidé. Bien au contraire, il a été entretenu volontairement dans un flou artistique, avec en toile de fond la nomination de l’ancien patron du service des domaines auprès du Premier ministre, celui-là même mis en cause dans l’affaire.
Depuis, plus rien. Tout a été obstrué sur ce dossier trouble. Le temps pour le nouveau chantre de la gouvernance de rupture de relever la tête et de continuer à occuper son terrain de prédilection, celui de l’invective et la provocation, en allumant la fibre patriotique, souverainiste, sur fond de populisme exacerbé, pour s’attirer quelques sympathies au sein de l’opinion publique.
Le Premier ministre de la transition sait bien qu’il en a besoin pour continuer à se mouvoir, comme un poisson dans l’eau, dans les profondeurs troubles des dénis de gestion. Il en raffole tellement qu’il ne peut pas se priver d’être pris la main dans le sac dans le dossier sombre des logements sociaux qui a éclaté, quelque temps seulement après celui des terres de Baguinéda.
Là, toute honte bue, ce sont les logements sociaux initiés et mis sur pied par l’ancien Président IBK, qui a été farouchement vilipendé par ce même Choguel, qui se sont alors retrouvés entre les mains de la fille de ce dernier, une fois devenu Premier ministre de la transition.
Poussant le ridicule jusqu’à son extrême, le même Premier ministre, coincé sur un plateau de télévision, pour avoir été pris la main dans le sac dans le ténébreux dossier de l’attribution de logements sociaux à l’un de ses rejetons, sans vouloir allé au fond de l’accusation qui le concerne, répondra laconiquement que sa fille, lorsqu’elle se mariait, se retrouva avec son mari dans un « entrer-coucher ». Que du quiproquo. Car, selon nos informations, sa fille est mariée au fils d’un ancien ministre nanti du régime IBK, lequel ministre est largement à l’abri du besoin.
De qui cet homme se moque-t-il en faisant une telle sortie sur une obscure affaire de gestion catastrophique des logements sociaux. On le voit, le champion de la gouvernance de rupture ne peut même pas se passer de la simple gestion des logements sociaux sans prétendre à des gaffes de gestion.
D’ailleurs, nous rapporte-t-on, c’est dans ce dossier sombre des logements sociaux que le roi de la gouvernance de rupture est devenu un roi complètement déshabillé.
Si on s’en tient aux informations de dernière minute, il semble que le Premier ministre de la transition, depuis cette affaire cauchemardesque des logements sociaux, est au cœur d’une vive polémique politique au haut sommet de l’appareil d’Etat, en raison du fait que son autorité est plus bafouée qu’on ne peut le croire.
Des ministres du gouvernement, ayant compris le scandale des logements sociaux, tel qu’il a éclaté, en éclaboussant l’honorabilité du chef du gouvernement, ne sont plus en odeur de sainteté avec lui, accusé qu’il est de ternir l’image de respectabilité de l’institution qu’il dirige.
Est-ce la raison pour laquelle des ministres boudent le conseil de ministres, comme certaines indiscrétions le font entendre ?
Oumar KONATE