Depuis la proclamation de la Loi n°2015-052 du 18 décembre 2015, instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives, beaucoup d’eau a coulé sous le pont des martyrs, sans que les femmes soient nommées ou élues, à hauteur de souhait, conformément à cet engagement.
La Loi n°2015-052 du 18 décembre 2015 est l’une des mesures -phares initiées par le gouvernement de la République du Mali, sous le leadership du Président Ibrahim Boubacar Kéita. Après plusieurs années de lutte, l’adoption de cette loi est en soi une grande victoire pou elles.
L’un des résultats tangibles de l’entrée en vigueur de cette disposition législative a été une augmentation substantielle du nombre de conseillères communales, lors des dernières élections municipales. De 934 femmes élues, les résultats provisoires de l’élection communale du 20 novembre 2016 ont affiché 2866 femmes conseillères.
Pour les fonctions nominatives en revanche, la machine n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Aujourd’hui, dans l’attelage gouvernemental de la transition, on dénombre seulement 6 ministres au féminin sur 28 : Mme Dembélé Madina Sissoko, transports et infrastructures ; Mme Sidibé Dédéou Ousmane Traoré, Education nationale ; Mme Diéminatou Sangaré, Santé et Développement social ; Mme Diawara Aoua Paul Diallo, Travail et Fonction publique ; Mme Wadidié Founè Coulibaly, Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille ; Mme Fatoumata Sékou Dicko, ministre déléguée en charge des Réformes politiques et institutionnelles.
Au niveau du Conseil national de la Transition, le taux de 30% non plus est loin d’être atteint. Dans la galaxie de nos administrations et de nos institutions politiques, le quota des 30% n’existe même pas en dents de scie. Cela ne doit nullement les décourager ce qui compte, c’est leur compétence et savoir-faire professionnels
Force est de reconnaître cependant que dans le secteur informel les femmes triment avec courage et abnégation, au quotidien, et tirent leur épingle du jeu. Elles ont plutôt besoin d’encadrement, de formation, de suivi-conseil, pour que leur autonomisation ne reste plus au stade des intentions. Déjà dans le secteur privé, notamment dans les Petites et Moyennes Entreprises, elles se font distinguer si bien que le vocable entreprenariat au féminin leur a permis de se faire un nom. Dans les médias, il n’est pas rare de voir ou d’entendre parler de la femme entrepreneure de l’année, du mois, ou de la semaine.
Les turbulentes
Il est bon de lever un coin de voile sur les aînées, que Géraldine Faladé, essayiste béninoise a nommées les turbulentes. Il s’agit des Africaines en avance sur leur temps. Parmi celles-ci figure une malienne : Aoua Kéita, la première femme députée du Mali.
Chacune des turbulentes, vers la fin des années 1950, début 1960, dans son domaine, a exercé la première une profession jusque-là réservée aux hommes : magistrate, médecin, institutrice, maire… Dans un monde farouchement masculin, elles ont fait sauter des préjugés, essuyé des critiques. Elles étaient des pionnières déterminées, courageuses, incroyablement en avance sur la société de leur temps. Dans l’histoire du combat des femmes pour leur émancipation, elles sont les balises sur lesquels se construit l’avenir.
Mohamed Koné, Correspondantà Kadiolo
Source: Le Challenger