Les Palestiniens dans la bande de Gaza sont au bord du gouffre, a déclaré jeudi Pierre Krähenbühl, le chef de l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) devant le Conseil de sécurité des Nations Unies.
S’exprimant par audioconférence depuis Gaza, il a appelé solennellement le Conseil et la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour faire face à cette situation extrême.
Je pense que la population (à Gaza) est au bord du gouffre, a-t-il affirmé.
M. Krähenbühl a indiqué qu’avec quelque 220.000 Palestiniens désormais réfugiés dans les installations de l’ONU à Gaza, les conditions de vie dans ces refuges sont de plus en plus précaires, soulignant le manque de moyens sanitaires et le risque de maladies.
Des milliers de femmes réfugiées dans nos écoles sont enceintes, a-t-il notamment indiqué.
Il a dit craindre un nouvel afflux de civils dans des refuges de l’ONU déjà surpeuplés après de récents appels lancés par Israël aux civils à quitter leurs domiciles. Nous avons atteint les limites de nos capacités d’accueil, a-t-il averti.
Appelant toutes les parties à respecter l’inviolabilité des installations de l’ONU, le patron de l’UNRWA a réclamé un cessez-le-feu immédiat et sans condition. Mais il a aussi estimé que le blocus illégal de Gaza doit être levé si on ne veut pas que la bande de Gaza devienne un endroit invivable dans quelques années.
M. Krähenbühl a réitéré sa condamnation ferme de l’attaque mercredi contre une école de l’ONU à Gaza, demandant une enquête transparente de la part du gouvernement israélien.
S’exprimant devant le Conseil par vidéo-conférence, la patronne des opérations humanitaires de l’ONU Valerie Amos a réclamé de nouvelles pauses humanitaires, quotidiennes, prévisibles et assez longues pour permettre de secourir la population de Gaza en attendant un hypothétique cessez-le-feu.
Elle a aussi demandé aux donateurs une augmentation urgente du financement de l’assistance internationale à Gaza.
Mme Amos a rappelé aux belligérants qu’ils avaient l’obligation absolue de protéger les civils d’attaques directes ou aveugles et d’épargner les travailleurs et les installations humanitaires.
La guerre elle-même est soumise à des règles, a-t-elle affirmé. Mais la réalité à Gaza aujourd’hui est qu’aucun endroit n’est sûr, a-t-elle ajouté, soulignant que 103 installations de l’ONU à Gaza avaient été la cible d’attaques depuis le début du conflit.
Les 15 pays membres du Conseil ont ensuite entamé des consultations à huis clos.
S’adressant à la presse, le représentant palestinien à l’ONU Ryad Mansour a déploré que la communauté internationale ait failli à ses obligations envers les Palestiniens de Gaza et il a réclamé une nouvelle fois une résolution du Conseil condamnant l’offensive israélienne. Ce génocide doit être stoppé immédiatement, a-t-il affirmé en dénonçant le régime et le gouvernement criminels d’Israël.
L’ambassadeur israélien Ron Prosor a quant à lui montré aux journalistes une photographie aérienne censée prouver que les combattants du Hamas utilisent leur propre population comme des boucliers humains en plaçant des rampes de lancement de roquettes à quelques dizaines de mètres d’écoles primaires. Aucun soldat israélien ne vise délibérément des civils, a-t-il affirmé, déplorant que la communauté internationale soit prompte à condamner Israël et lente à condamner le Hamas.
Après 24 jours d’un conflit dévastateur entre le Hamas et Israël, le bilan du côté palestinien est désormais de 1.395 morts et de plus de 8.100 blessés, en grande majorité des civils, selon les secours. Plus de 245 enfants figurent parmi les morts, selon l’Unicef.
Côté israélien, 56 soldats ont péri depuis le début de l’offensive terrestre le 17 juillet, dans et autour de la bande de Gaza, alors que les tirs de roquettes palestiniens ont tué trois civils en Israël -deux Israéliens et un Thaïlandais- depuis le début du conflit.
Afp