– Selon le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, qui, dans un entretien au quotidien Le Figaro, a insisté sur la distinction entre le coup d’État au Gabon et la prise du pouvoir au Niger par les militaires
Les activités militaires des quelque 400 soldats de la France présents au Gabon, suspendues après le coup d’Etat du 30 août à Libreville, ont repris de manière progressive dans cet Etat d’Afrique centrale, a indiqué lundi le ministère français des Armées par la voix de son responsable en chef, Sébastien Lecornu.
« Les actions reprennent progressivement, au cas par cas (…) En ce qui concerne la présence militaire, ce sont des soldats qui font de la formation et qui ont toujours été aux côtés de l’armée gabonaise », a expliqué le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, dans un entretien au quotidien « Le Figaro » en date du 1er septembre.
« À l’heure actuelle, leurs activités ont été suspendues en attendant que la situation politique se clarifie », avait-il souligné.
Le haut responsable militaire avait insisté sur la distinction entre les autres coup d’Etat au Sahel mais aussi au Gabon et la prise du pouvoir du 26 juillet par les militaires au Niger.
« L’une des grandes différences avec les autres coups d’État dans la région, c’est qu’en l’espèce, la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) prend ses responsabilités. Nous ne sommes pas dans une configuration tripartite entre la junte, Bazoum et la France ; mais bien dans une situation où de nombreux présidents et Parlements légitimes de la région ont décidé de dire : ce coup-ci, c’est trop ! Ils ont adopté des sanctions économiques, financières et envisagent même une opération militaire », avait fait observer Lecornu.
Et d’ajouter : « La France serait un drôle de partenaire si elle restait centrée sur elle-même au lieu de venir en soutien à la Cédéao. C’est là notre devoir, la France n’est pas faible ».
« La France condamne tous les coups de force (…) Pour autant, nous ne pouvons pas mettre sur le même plan la situation au Niger, où des militaires illégitimes ont destitué un président légitimement élu, et celle du Gabon, où le mobile avancé par les militaires est précisément le non-respect de la loi électorale et la Constitution. Car de fait, et, je pèse mes mots, il existe des doutes sur la sincérité des élections dans ce pays », avait-il argué.
À la question de savoir si la présence militaire française est devenue, à la longue, un facteur d’instabilité en Afrique, le ministre français des Armées avait estimé que « L’intérêt économique de la Chine et d’autres acteurs pour ce continent attise désormais une compétition entre États. Le sentiment anti-français est largement généré et instrumentalisé par la Russie, et il ne faut pas se laisser impressionner par quelques drapeaux russes agités par des manifestants rémunérés devant nos ambassades ! ».
Pour rappel, Ali Bongo Ondimba – au pouvoir depuis 14 ans – a été renversé par un coup d’Etat le 30 août dernier, au lendemain de l’annonce de sa victoire à l’élection présidentielle du 26 août, avec 64,27 % des suffrages.
Les militaires ont annulé les résultats du scrutin et annoncé la dissolution de toutes les institutions de l’Etat, tout en promettant leur reconstitution progressive sur de nouvelles bases.
Le Premier ministre civil de transition gabonais, Raymond Ndong Sima, récemment nommé, avait dévoilé le 9 septembre la composition de son gouvernement et annoncé le lendemain une transition de deux ans.
AA / Tunis / Majdi Ismail