Les chefs d’État des pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) se réunissent dimanche 2 juillet à Bamako. Principal enjeu de ce sommet : la mise sur pied d’une force conjointe anti-terroriste, annoncée depuis des mois.
Quels sont les objectifs de ce sommet ?
Ce sommet a pour but de concrétiser – enfin – la force conjointe du G5 Sahel. L’idée de cette force anti-terroriste, composée de troupes des cinq pays membres, avait été annoncée une première fois le 20 novembre 2015, lors d’une rencontre des chefs d’État de l’organisation sahélienne à N’Djamena. Elle était ensuite tombée aux oubliettes avant d’être réactivée le 6 février dernier, à l’occasion d’un nouveau sommet à Bamako. « Nous avons décidé de rendre effective la création d’une force G5 Sahel pour lutter contre le terrorisme », avait alors déclaré le président nigérien Mahamadou Issoufou.
Cette force conjointe du G5 Sahel, dont les dirigeants des pays membres espèrent qu’elle atteindra 10 000 hommes (militaires, policiers et civils confondus), aura pour mission de combattre le terrorisme et la criminalité transfrontalière dans toute la bande sahélienne. Après plusieurs jours de négociations à New York, le conseil de sécurité de l’ONU a finalement adopté le 21 juin une résolution qui « salue le déploiement » de cette force, sans toutefois lui délivrer un mandat des Nations unies.
Quels sont les chefs d’État attendus à Bamako ?
Les présidents des cinq pays membres du G5 Sahel seront présents ce dimanche 2 juillet à Bamako : Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso), Mahamadou Issoufou (Niger) et évidemment Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), hôte de cette rencontre et président en exercice de l’organisation sahélienne.
Emmanuel Macron participera également à ce sommet. Lors de son déplacement auprès des militaires de la force Barkhane à Gao, dans le nord du Mali, le 19 mai dernier, le chef de l’État français avait annoncé qu’il se rendrait au prochain sommet du G5 Sahel, dont il soutient le projet de force conjointe. À Bamako, le président Macron participera donc aux travaux à huis clos de ses homologues sahéliens.
Quels sont les contours de cette force en gestation ?
L’effectif initial de la force conjointe du G5 Sahel devait être de 5 000 hommes. Mais à l’issue d’une réunion à Bamako, le 5 juin, les ministres des Affaires étrangères de l’organisation ont annoncé que les chefs d’État membres souhaitaient doubler ce chiffre pour le porter à 10 000 hommes – suscitant au passage l’interrogation de plusieurs partenaires occidentaux, plutôt circonspects sur la faisabilité de cette annonce.
Selon un ministre sahélien, l’objectif est de pouvoir lancer les premières opérations militaires conjointes « avant la fin de l’année 2017 ». Pour débuter, les pays membres du G5 Sahel comptent d’abord s’appuyer sur les troupes des trois pays dits du « fuseau central » : le Mali, le Burkina Faso et le Niger – lesquels avaient déjà amorcé un projet d’alliance militaire pour sécuriser leurs zones frontalières, le 24 janvier, à Niamey. Le commandant en chef de la future force conjointe du G5 Sahel est également connu : il s’agit du général Didier Dacko, jusqu’à présent chef d’état-major général des armées maliennes. Le futur quartier général de cette force devrait d’ailleurs être installé à Bamako, le Mali étant considéré par tous comme le principal théâtre d’opérations.
Comment financer la force conjointe du G5 Sahel ?
Le sommet de Bamako devra surtout répondre à une question centrale : comment sera financée cette future force ? Car sans argent, celle-ci restera au stade de projet. Selon une source gouvernementale à Niamey, le budget de lancement est estimé à environ 400 millions d’euros. L’Union européenne, par la voix de sa chef de la diplomatie, Federica Mogherini, en a déjà promis 50. Il en reste donc 350 à trouver.
Vu leurs faibles moyens, les État membres comptent sur l’appui de leurs partenaires internationaux (Banque mondiale, FMI) et sur les contributions de leurs alliés occidentaux. « Nous espérons que la France apportera une aide matérielle ou financière au déploiement de cette force à l’issue du sommet de Bamako », confie un diplomate sahélien, qui mise aussi sur un soutien de l’Allemagne, pays de plus en plus investi sur les questions sécuritaires dans la bande sahélo-saharienne.
Source: jeuneafrique