Nous vous proposons quelques points sur le G5 Sahel.
Contexte de création du G5 Sahel
Face à la recrudescence des attaques terroristes, suivie des morts civils, militaires et d’autres maux qui se propageaient au Mali et les pays frontaliers, 5 chefs d’Etat ont affiché leur volonté de créer le G5 Sahel. C’était à la faveur du mini-sommet tenu à Nouakchott, en Mauritanie, le 16 février 2014. Il s’agit du Mali, de la Mauritanie, du Tchad, du Niger et du Burkina Faso. Pour l’occasion, doit-on le rappeler, le Mali était représenté par l’ex-président Ibrahim Boubacar Keita ; le Tchad par Idriss Deby Itno ; le Burkina Faso par Blaise Compaoré ; le Niger par Mahamadou Issoufou ; et la Mauritanie par Mohamed Ould Abdel Aziz, respectivement Présidents de leur pays à l’époque. Réunis, ils ont créé le « G5 Sahel », en vue de coordonner leurs politiques de développement et de sécurité dans l’espace des pays membres. Dans un communiqué final publié à l’issue de leurs travaux, il était clairement souligné que le G5 « est un cadre institutionnel de coordination régionale ».Le chef d’Etat mauritanien, en l’occurrence Mohamed Ould Abdel Aziz, président en exercice de l’Union africaine(UA), avait à l’époque été mis à la tête du groupe(G5). Par la circonstance, les cinq(5) pays se sont, de concert, engagés à combattre les problèmes sécuritaires et autres auxquels ils continuent de faire face.
Missions du G5
L’organe africain a été conçu pour la résolution des problèmes similaires que les pays membres restent confrontés. Ainsi, le groupe des cinq(5) pays du sahel est chargé de garantir des conditions de développement et de sécurité au cœur des Etats membres. Le G5 a pour mission d’offrir un cadre stratégique d’intervention permettant d’améliorer les conditions de vie des populations ; d’allier le développement et la sécurité soutenus à travers la démocratie et la bonne gouvernance. Ce, dans un cadre de coopération régionale et internationale mutuellement bénéfique. Parmi ses missions figurent la promotion du développement inclusif et durable ; la contribution à la mise en œuvre des actions de sécurité et de développement dans les Etats membres à travers notamment le renforcement de la paix et de la sécurité dans l’espace du G5 ; le développement des infrastructures de transport, d’hydraulique, d’énergie et de télécommunication ; la création des conditions d’une meilleure gouvernance dans les pays membres ; le renforcement des capacités de résilience des populations en garantissant durablement la sécurité alimentaire, le développement humain et le pastoralisme. Ces missions sont accomplies par des organes qui veillent sur le fonctionnement de l’institution africaine.
Organes du G5
Constituent les organes du G5 Sahel : la conférence des chefs d’Etat ; le conseil des Ministres ; le secrétariat permanent ; le comité de défense et de sécurité ; les comités nationaux de coordination des actions du groupe. La conférence des chefs d’Etat est l’organe suprême comprenant tous les chefs d’Etat membres. Elle est l’organe de décision et fixe les grandes orientations et les options stratégiques. Elle se réunit en session ordinaire une fois par an. Elle peut se réunir en session extraordinaire sur convocation du Président en exercice. Le conseil des Ministres est l’organe de suivi de la mise en œuvre de la politique du G5.Il assure le pilotage, voire l’impulsion stratégique du groupe. Le conseil formule des recommandations à l’intention de la conférence sur toute action visant la réalisation des objectifs du G5. Il recrute les experts du Secrétariat permanent du G5, établit et adopte son règlement intérieur. Il approuve l’organigramme et le statut du personnel du Secrétariat permanent… Le secrétariat permanent est, quant à lui, l’organe d’exécution des décisions du conseil des Ministres. Il est placé sous l’autorité du conseil des Ministres. Il assure la gestion technique, administrative ; logistique et financière conformément aux plans d’action et dans le respect des accords et du manuel de gestion du G5 Sahel… Le comité de défense et de sécurité regroupe les chefs d’Etat-major et les responsables dument mandatés pour des questions de sécurité par les Etats membres. Chaque pays membre du G5 met en place un comité national composé d’experts des secteurs d’intervention de la stratégie. Les comités nationaux sont les répondants du secrétariat permanant du G5. Le président du comité national de coordination est le point focal du G5 Sahel.
Des sentiments de frustration malgré l’existence du G5 !
La conjonction des efforts des pays membres du G5 avait, au début, procuré un sentiment d’espoir et de quiétude aux populations face aux menaces et dangers pesants sur les Etats. L’organe intervient dans plusieurs domaines, mais se trouve confronté à de nombreuses difficultés dues à l’insuffisance de moyens. Les populations ayant compris que le groupe, manquant précisément de moyens humains (en raison de la largeur des territoires ciblés), techniques et financiers, commencent à prendre leur patience en mal. D’aucuns soutiennent que la création de l’organe n’a servi à rien. Pour l’atteinte des objectifs fixés, les chefs d’Etat avaient pourtant convenu, en 2017, de la création de la force anti-djihadiste du G5 Sahel. Laquelle est d’ailleurs constituée des soldats des cinq(5) pays. Cette force était censée, avant mars 2018, d’atteindre pleinement sa capacité de 5.000 hommes repartis en sept (7) bataillons, dont deux (2) pour le Mali et le Niger ; un (1) pour la Mauritanie, un (1) pour le Tchad et un (1) pour le Burkina Faso. La ville de Sevaré, au centre du Mali, a été choisie comme lieu d’accueil pour le centre du commandement général. Avec l’existence de toutes ces nombreuses missions, différentes de la réalité du terrain, les populations (maliens) victimes d’attaques et de violences meurtrières se sont montrées frustrées. Cela, par le fait que la situation sécuritaire s’empirait jour après jour, malgré la présence des milliers de militaires étrangers et ceux du G5. Dans une interview accordée à l’Agence d’information du Burkina Faso, le chef département résilience et développement humain G5 sahel, Kouldjim Guidio, disait que « les populations veulent du G5 sahel des actions concrètes ». Contre l’installation du quartier général (QG) du G5 sahel au quartier Badalabougou de Bamako, des citoyens maliens ont manifesté, jeudi 23 mai 2019, pour dire « non ». Les populations ont estimé que la place des forces du G5 se trouvait plutôt hors de la ville, en lieu et place du plein cœur de la capitale malienne(Bamako). Vu ces difficultés financières et sentiments de frustration du peuple, est-il mieux de continuer ou de reformater la forme et le contenu actuels du G5 ?
Mamadou Diarra