Après neuf ans d’intervention au Mali, la France s’apprête à sortir par la petite porte du pays, à l’issue d’un bras de fer mortifère avec la junte malienne.
C’est à peine si l’ambassadeur Joël Meyer a eu le temps d’éteindre la lumière en sortant. Un dernier coup d’oeil à sa résidence de Bamako, un passage devant la haie d’honneur de ses personnels… et puis s’en va. Le diplomate a fait ses adieux au pays le 2 février et embarqué en direction de l’aéroport. Les colonels maliens, au pouvoir depuis leur putsch d’août 2020, lui avaient laissé 72 heures pour partir. Dernière étape avant la rupture officielle des relations diplomatiques, cette expulsion a officialisé le divorce entre l’Elysée et le palais de Koulouba, au terme d’une surenchère verbale très éloignée des usages entre deux pays alliés. Elle devrait aboutir, selon toute vraisemblance, au retrait des 2500 soldats français engagés au Mali dans l’opération antiterroriste Barkhane – qui comprend 5000 hommes au Sahel.
Ce départ par la petite porte, après neuf ans de lutte antiterroriste aux résultats mitigés, tombe au pire moment pour Emmanuel Macron, en pleine campagne électorale pour la présidentielle. “La junte a poussé la France à la faute”, estime Antoine Glaser, journaliste et co-auteur du livre Le Piège africain de Macron (Fayard, 2021). Mais quelle faute ? Avoir traité les autorités d'”illégitimes”, selon les mots, fin janvier, du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
“Beaucoup d’éléments peuvent expliquer la dégradation des relations entre Paris et Bamako, observe Richard