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France: la polémique sur la «théorie du genre» s’invite à l’Assemblée

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Depuis vendredi, une centaine d’écoles françaises ont été perturbées par des absences d’élèves après un appel au boycott adressé aux parents pour protester contre un présumé enseignement d’une « théorie du genre » à l’école primaire qui apprendrait aux garçons à devenir des filles. Le ministre de l’Éducation Vincent Peillon a donc sommé ce mercredi les chefs d’établissements de convoquer les parents concernés. À l’Assemblée nationale, le débat fait rage.

Un nouvel enseignement apparu en septembre dernier dans un tiers des académies françaises – « Les ABCD de l’égalité » – provoque aujourd’hui l’inquiétude de parents d’élèves. L’idée est d’enseigner l’égalité entre les hommes et les femmes, entre les garçons et les filles. Mais certains y voient une tentative d’enseigner aux enfants qu’ils ne naissent pas fille ou garçon, mais qu’ils peuvent construire leur identité sexuelle. C’est ce qu’ils appellent la « théorie du genre ».

Des écoles françaises apprendraient donc aux garçons à devenir des filles. Cette folle rumeur, relayée selon le gouvernement par des mouvements proches de l’extrême droite, a alarmé des parents qui ont suivi un appel au boycott de l’école.

Ce mercredi, le ministre de l’Éducation Vincent Peillon a donc demandé à ce que ces parents soient convoqués par les directeurs des établissements concernés. « On les invite pour leur expliquer que ceux qui leur ont fait peur ont raconté n’importe quoi », précise le député socialiste Thierry Mandon.

« Il faut absolument aujourd’hui que nous soyons beaucoup plus fermes sur un certain nombre d’offensives de désinformation, de mensonges qui sont lancés sur les réseaux sociaux », affirme pour sa part le socialiste Régis Juanico.

Mais avant les réseaux sociaux, le débat a déjà lieu dans l’hémicyle. Et l’UMP Patrick Ollier n’en démord pas : la théorie du genre est bien enseignée aujourd’hui en France. « Ces programmes, qu’on le veuille ou pas, vont distiller des éléments de la théorie du genre. Ce débat est légitime. Monsieur Peillon peut raconter ce qu’il veut, ça ne convaincra pas les parents qui sont inquiets par rapport à ça, parce qu’il y a matière à être inquiet », assure le député des Hauts-de-Seine.

D’autres au contraire jugent que le débat n’est pas une priorité. « La théorie du genre est absurdité absolue. Il faut s’y opposer totalement. Cependant, ce n’est pas ce que les Français attendent aujourd’hui. Je crois que la gauche utilise un peu trop les questions de société. Il vaut mieux s’attaquer au chômage à la délinquance », considère le député UMP Gérald Darmanin. À droite, on redoute surtout que ce débat ouvre un boulevard à l’extrême droit à seulement deux mois des municipales.

La théorie du genre, qu’est-ce que c’est ?

C’est d’abord en anglais que le mot « genre » (« gender ») est apparu dans le champ des sciences sociales. C’étaient les années 1950. Des universitaires américains commençaient alors à s’intéresser aux transsexuels.

Le concept a ensuite été repris par des mouvements féministes faisant le distinguo entre le sexe d’une personne – notion purement anatomique – et son genre, son identité sexuelle que, selon eux, chacun se construit. Une idée véhiculée par Simone de Beauvoir et son célèbre « On ne nait pas femme, on le devient ». Les féministes entendaient ainsi démontrer que le sexe ne détermine pas la condition des femmes, leur avenir professionnel, leur place dans la société.

Mais avec les évolutions contemporaines – divorces, travail des femmes, acceptation de l’homosexualité –, une frange de la population a commencé à s’inquiéter. Des auteurs catholiques, soutenus plus tard par le pape Benoît XVI, ont alors fait émerger cette notion de « théorie du genre » pour dénoncer ce qu’ils percevaient comme une remise en cause de la nature des choses. Et pour beaucoup de Français, croyants ou non, l’adoption du mariage pour tous l’an dernier a été perçue comme une poussée de ce mode de pensée.

rfi

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