Le chef de l’État, qui présente mardi son plan « France 2030 », appelle à réindustrialiser la France si elle veut « redevenir une nation d’innovation ».
Pas encore officiellement en campagne pour sa réélection, le chef de l’État voit pourtant très loin, au-delà de 2022. Et même jusqu’à la prochaine décennie. Emmanuel Macron a en effet appelé, mardi 12 octobre 2021 en présentant le plan d’investissement France 2030, à réindustrialiser la France si elle veut « redevenir une nation d’innovation et de recherche ». « Parce que nous avons pris des décisions parfois 15 à 20 ans après certains de nos voisins européens, nous ne rattraperons pas notre retard ou, surtout, nous nous laisserons distancer dans les 10, 15 ans qui viennent », a déclaré le locataire de l’Élysée en s’adressant à quelque 200 chefs d’entreprise et d’étudiants à l’Élysée. « Nous devons augmenter la capacité de l’économie française à croître par l’innovation », notamment pour continuer à « financer notre modèle social », a-t-il ajouté.
Afin de permettre au pays de ne pas se laisser distancer, le chef de l’État a annoncé un plan d’investissement de 30 milliards d’euros sur cinq ans visant à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir en France. « La stratégie pour 2030 doit nous conduire à investir 30 milliards d’euros pour répondre » à ce qui peut être considéré comme « une sorte de déficit de croissance français », a estimé Emmanuel Macron. Appelant à « un investissement massif dans notre stratégie d’innovation et d’industrialisation », il a souhaité que la France « retrouve un cycle vertueux : innover, produire, exporter, et ainsi financer [son] modèle social » et le « rendre soutenable », a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron au chevet du nucléaire
Autre secteur choyé par Emmanuel Macron : le nucléaire. L’État va en effet investir un milliard d’euros dans cette énergie d’ici à 2030 pour développer des « technologies de rupture », notamment des « petits réacteurs nucléaires ». « L’objectif n° 1, c’est de faire émerger en France d’ici 2030 des réacteurs nucléaires de petite taille innovant avec une meilleure gestion des déchets. » Emmanuel Macron a également indiqué que la France devait envisager la construction de « deux gigafactories ou électrolyseurs » pour devenir « leader de l’hydrogène vert » en 2030, ce qui permettra la « décarbonation de l’industrie ». Il faut « massivement investir pour aider à décarboner » l’industrie, a indiqué le chef de l’État dans son discours. Il a notamment cité les secteurs de l’acier, du ciment et de la production chimique qui ont besoin d’hydrogène vert pour remplacer les énergies fossiles, ainsi que « l’alimentation des camions, bus, trains et avions ».
Le président a aussi annoncé l’objectif de « produire en France à l’horizon 2030 près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides ». Rappelant que « les 30 dernières années ont été cruelles pour l’industrie automobile française », le chef de l’État a jugé cet objectif « atteignable » s’« il y a une vraie stratégie coopérative, en particulier de nos grands constructeurs ». Face à une « extraordinaire accélération du monde de l’innovation et des ruptures », il a souligné la nécessité d’être présent au bon moment sur « l’innovation qui peut tout changer », car, à ce moment-là, soit « vous êtes dedans » soit « vous êtes dehors ».
Exploration des grands fonds marins
Emmanuel Macron a également annoncé « près de 6 milliards d’euros » d’investissements pour « doubler » la production électronique de la France d’ici à 2030 et « sécuriser » son approvisionnement en puces. « Nous voulons être en capacité de doubler notre production électronique d’ici 2030 et de construire une feuille de route vers des puces électroniques de plus petite taille pour rester un des leaders du domaine », a-t-il déclaré devant un parterre de chefs d’entreprise et d’étudiants, soulignant que la France « a perdu une part importante de son autonomie sur plusieurs équipements de robotique et de numérique ».
En cette période de pandémie de Covid-19, le locataire de l’Élysée souhaite que l’Hexagone se donne comme objectif d’avoir d’ici à 2030 « au moins 20 biomédicaments contre les cancers, les maladies émergentes et les maladies chroniques, dont celles liées à l’âge ». « C’est un objectif sur lequel nous devons concentrer tous les efforts et l’agence d’innovation en santé sera un point, à mes yeux, extrêmement important pour y arriver », a dit le président en plaidant pour une « médecine plus prédictive, plus innovante et avec un tissu productif davantage en France ».
Enfin, Emmanuel Macron a déclaré que l’exploration des grands fonds faisait partie des priorités du plan d’investissement pour ne pas « laisser dans l’inconnue une partie importante du globe ». Cette exploration est « un levier extraordinaire de compréhension du vivant, d’accès à certains métaux rares, de compréhension du fonctionnement de nouveaux écosystèmes d’innovation », notamment en termes de santé, a expliqué le chef de l’État, en précisant qu’il parlait d’« exploration », et non « d’exploitation », et que la France était bien placée puisqu’elle possède le deuxième espace maritime au monde.