Après trois jours de débats intensifs, les rideaux sont tombés sur la 23e édition du Forum de Bamako le samedi soir. En attendant la finalisation des recommandations, la cérémonie de clôture a été marquée par les remerciements adressés aux participants ; le résumé des résultats des travaux des différents panels ; le mot de clôture du représentant du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation…
En faisant le résumé des résultats des panels de discussion, le Dr Alioune SALL a affirmé qu’on ne saura parler de développement territorial sans une prise en compte sérieuse de la démographie. Cela, si bien les collectivités qui se développent sont les actrices du développement local et ont des caractéristiques démographiques qu’il faut connaitre, comprendre et sur lesquelles il faut réfléchir et déterminer la vitesse de ces transformations que l’on souhaite à travers le développement local et les acteurs qui joueront un rôle plus ou moins important.
« Il y a des corrélations entre la démographie et la sécurité. Que la jeunesse ne soit pas une menace pour le développement, mais plutôt un atout », a déclaré le Dr Alioune SALL.
Il a évoqué la nécessité de procéder à une transformation structurelle des économies si l’on veut que le développement local contribue à la paix et à la sécurité. ‘’Qui dit transformation structurelle des économies dites évidemment une part accrue de l’industrie dans l’économie, dit également réduction de caractère des économies et valorisation accrue des ressources qui sont exportées à l’état brut », a expliqué le Dr SALL.
Pour lui, l’emploi est un enjeu de taille et l’industrialisation et la transformation structurelle des économies doivent permettre de résorber le problème de l’emploi sans lequel la paix et la sécurité resteront menacées.
Il a fait savoir que les débats ont été également articulés autour des dynamiques socio spatiales et des structures sociales.
Selon le Dr SALL, beaucoup de pays connaissent une urbanisation galopante qui ne s’est pas pour autant traduite par un arrêt du peuplement du milieu rural. Mais il se trouve que l’urbanisation se fait dans un contexte de désindustrialisation ou au moins de stagnation de la productivité en milieu urbain. Et cette urbanisation, souligne-t-il, s’accompagne aussi d’un certain nombre de changements dans les structures sociales.
« Il y a un conflit qui nait essentiellement dans l’environnement urbain du fait que la jeunesse constitue une majorité démographique, mais une minorité sur le plan sociologique en raison du caractère gérontocratique de nos sociétés », a analysé le Dr Alioune SALL.
Aussi, il a affirmé que le genre devient un enjeu de taille en raison du caractère patriarcal de nos sociétés avant de déplorer que la part des femmes dans le développement, dans la reproduction économique et sociale n’est pas suffisamment connu ou mise en exergue.
L’on apprend que les débats ont aussi porté sur la gouvernance territoriale et celui du développement local et son incidence sur la prévention et la gestion des conflits communautaires, la place et le rôle des autorités traditionnelles dans le contexte actuel.
Aux dires du Dr SALL, les recommandations qui vont sanctionner les travaux porteront sur ces thématiques décortiquées. Selon lui, le premier souci est d’accroitre la compréhension que nous avons des problématiques de développement local, le souci d’intelligibilité, l’implication des populations dans leur propre développement.
« Les propositions devraient permettre d’aller plus loin dans la compréhension ou dans l’implication des acteurs dans la transformation structurelle des économies et des sociétés en ayant en tête que le territoire est certes une affaire de géographie, mais aussi une affaire d’histoire. Or si l’on ne choisit pas sa géographie, on peut néanmoins faire son histoire si l’on veut faire du territoire un instrument pour la construction de la paix ou un instrument pour le développement. Il faudrait le faire en se départissant de l’idée selon laquelle la géographie n’a été utile que pour faire la guerre en acceptant au contraire l’idée que dans l’esprit des hommes et des femmes qu’il faut bâtir les remparts contre la guerre », a affirmé le Dr Alioune SALL.
Le représentant du ministre de l’Administration territoriale, Aly DJITEYE, directeur adjoint des collectivités territoriales, a rappelé que la décentralisation avait été initiée au Mali en 1992 pour apporter une quête de stabilité et de gouvernance.
« Le pays a connu quelques soubresauts qui font que la gouvernance est à revoir. À cet effet, de par les expériences en ce qui concerne toutes les politiques qui sont mises en œuvre, dans les évaluations il ressort que face à la crise que traverse le pays il faut nécessairement concilier les questions de paix, de sécurité et développement. Plus on investit dans les projets structurants, mieux la satisfaction des populations est grande », a déclaré Aly DJITEYE.
Il a soutenu que l’une des faiblesses de la gouvernance est liée à la faiblesse structurelle de nos terroirs. Selon les explications de M. DJITEYE, l’approche retenue au sein du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation c’est d’aller vers une territorialisation des politiques publiques qui mettra le citoyen au centre des processus et de l’espace si bien que les actions sont menées au nom du citoyen.
Le représentant du ministre a rassuré que les recommandations seront mises à profit pour améliorer ce qui se fait au quotidien.
PAR MODIBO KONE
Source ; Info Matin