Samedi dernier à Maeva Palace, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga était face à la jeunesse, représentée dans toute sa diversité (étudiants, leaders d’organisations de jeunes, diplômés, sans emploi…). Au cours de cet exercice original, le chef du gouvernement s’est entretenu à bâtons rompus avec ses interlocuteurs sur quasiment tous les sujets intéressant la vie de la nation : sécurité, éducation, organisation des élections, citoyenneté, financement des structures en charge des questions de promotion des jeunes. L’évènement a enregistré la présence de plusieurs membres du gouvernement, notamment Amadou Koïta, ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne.
L’un des soucis majeurs du gouvernement est d’être en adéquation avec les attentes des citoyens. Ainsi, multiplie-t-il les rencontres d’échange pour recenser les préoccupations des uns et des autres. Le chef du gouvernement, à travers cet exercice avec les jeunes, entendait surtout s’assurer que les politiques spécifiques les concernant répondent effectivement à leurs attentes et aspirations.
Ces politiques visent fondamentalement à former et outiller la jeunesse, afin qu’elle soit en mesure de faire face à «sa vie» et assurer la relève dans le fonctionnement du pays. «Qui dit jeunesse, parle de formation», a indiqué le Premier ministre. En la matière, l’Etat a développé plusieurs stratégies et consacre d’importantes ressources à l’éducation pour faire face aux besoins. En effet, les écoles publiques étant insuffisantes en nombre, l’Etat accorde des facilités aux écoles privées qui perçoivent aussi des subventions conséquentes en échange de leurs appuis dans l’absorption de la forte demande scolaire. Ces deux dernières années, l’Etat a versé près de 74 milliards de Fcfa aux écoles privées (niveau secondaire).
Pour que l’Etat puisse porter entièrement, lui-même, sa politique d’éducation et assurer l’accessibilité de tous les enfants (de moins de 17 ans) à l’école, le gouvernement a pris d’importantes décisions. Bientôt, de nouvelles infrastructures scolaires verront le jour.
En attendant, le gouvernement veut parer au plus pressé. «Nous allons racheter, à partir de la prochaine rentrée scolaire, des bâtiments disponibles pour en faire des écoles publiques», a annoncé le Premier ministre qui a estimé que la réalisation de nouvelles infrastructures demande «beaucoup de temps». Cette décision concernera les zones à forte densité démographique et où il y a très peu d’établissements scolaires publics. Le chef du gouvernement a aussi informé les jeunes de l’intégration des écoles coraniques dans le système éducatif national.
Après la formation, se pose la problématique de l’emploi. Une question complexe qui préoccupe l’Etat au plus haut niveau. Pour répondre aux attentes des jeunes, le chef du gouvernement a rappelé que Mali a mis en place des structures et élaboré tout un éventail de programmes. L’ANPE, l’APEJ (dont il fut d’ailleurs président du Conseil d’administration) sont autant de structures qui travaillent à la promotion de l’emploi jeune.
Prenant la parole, les jeunes ont exprimé des inquiétudes concernant le processus de paix, la qualité de la formation au Mali ou encore l’organisation des élections dans le contexte actuel.
En réponse, Soumeylou Boubèye Maïga a assuré que la présidentielle aura lieu à la date indiquée, «parce que sans élection, il n’y a pas de survie pour le pays». «Ces élections se tiendront quoi qu’il arrive», a-t-il déclaré avec force, invitant «tous ceux qui aspirent au pouvoir à se préparer». A croire le chef du gouvernement, toutes les conditions seront réunies pour la tenue d’élections transparences et crédibles. Il annoncé l’audit du fichier électoral qui va démarrer à partir du 25 avril prochain.
Pour la réussite de ce processus électoral, a-t-il fait remarquer, les jeunes ont un rôle fondamental à jouer. «Il s’agit de votre avenir», a-t-il lancé, avant d’exhorter les organisations de jeunesse à s’impliquer pleinement pour sensibiliser les gens à aller voter massivement, le jour J.
Qu’en est-il de la promesse présidentielle d’«un étudiant, un ordinateur» ? «Le président de la République tiendra sa promesse», a définitivement tranché Soumeylou Boubèye Maïga qui a annoncé l’acheminement imminent au Mali d’un premier lot de 13 000 ordinateurs. Aussi, dans le cadre du Programme présidentiel d’urgences sociales, des «cases numériques» seront réalisées pour rendre la connexion internet plus accessible aux étudiants. S’y ajoutent les dispositions prises pour préserver la vie des étudiants de Kabala, très souvent victimes d’accidents de la circulation routière. «Plus d’un milliard ont été décaissé pour élargir la voie et on renforcera également l’effectif des policiers sur le tronçon Kalaban-Kabala», a-t-il déclaré.
Par ailleurs, Soumeylou Boubèye Maïga a indiqué que la croisade contre l’insécurité va se poursuivre. Et plutôt que d’être dans une position défensive, nos forces de défense vont désormais mener l’offensive contre ceux qui sèment la terreur. «Je n’ai aucun doute que nous allons réussir. D’ores et déjà, les rapports de force ont beaucoup changé sur le terrain», a-t-il dit.
Au bout de plus de trois heures d’horloge d’échanges, parfois passionnés, les jeunes étaient visiblement convaincus. «Nous avons assisté à un véritable cours de patriotisme mais aussi de connaissance des réalités de notre pays», a témoigné le président du Conseil national de la jeunesse, Souleymane Satigui Sidibé. Selon lui, la jeunesse malienne est consciente que «Soumeylou B Maïga est la solution définitive aux maux qui gangrènent notre pays».
Issa Dembélé
Source: Essor