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Force Takuba : Les vrais dessous d’une présence au Mali

Nous assistons actuellement à un dérapage géopolitique d’une particulière dangerosité orchestrée par des puissances étrangères.

L’histoire nous confortera dans l’idée qu’il s’agit pour ces puissances de faire main basse sur les ressources naturelles de pays afin de barrer la route aux puissances émergentes appelée BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du sud ou Nigeria).

C’est ainsi que, coup sur coup, le Royaume du Danemark et l’Allemagne viennent de manifester leur volonté de demeurer au Mali malgré l’opposition des autorités maliennes.

En effet, après l’arrivée des forces spéciales danoises sans autorisation explicite ou implicite des Maliens, la ministre Allemande de la défense Christine Lambrecht vient de décider que l’armée allemande resterait au Mali tant que les Russes y seront, quand bien même le Mali y serait opposé. Ainsi l’Allemagne, comme d’autres pays, ont décidé de violer la souveraineté du Mali avec l’argumentaire fallacieux de la lutte contre un concept, le terrorisme.

Pourtant la supercherie ne résiste pas à une analyse élémentaire avec le cas libyen. Voilà un pays qui était dirigé par un dictateur, certes, mais qui avait apporté à son peuple des privilèges qu’aucun autre dirigeant du monde ne peut égaler en ce moment avec la gratuité de nombreux services publics. Mais par une campagne diabolique et mensongère, les services spéciaux français et étasuniens ont crée une résistance intérieure dans le pays et décidé que Kadhafi massacrait ses concitoyens. Ce qui rappelle les armes de destruction massive de Saddam Hussein, mon œil! Prétexte tout trouvé pour apporter des armes aux bandits et terroristes en Libye. La Libye est devenue, avec l’assassinat de Kadhafi, le premier angle de déstabilisation planifiée dans le Sahel.

Les armes larguées en Libye par l’OTAN et l’armada à ciel ouvert des troupes de Mouammar Kadhafi ont déferlé sur le Sahel. Les pays du Sahel en paient le prix fort: populations massacrées et/ou déplacés, récoltes brûlées avec d’autres atrocités. Les mêmes qui ont provoqué l’arrivée des armes de destruction massive dans les pays sahéliens s’imposent maintenant en recours contre ce qu’ils ont mis en place. Jouer aux pyromanes d’abord, faire semblant d’être “pompiers” ensuite.

Les propos de Christine Lambrecht sont d’autant plus révoltants et inquiétants qu’ils manifestent une rupture totale avec la politique allemande depuis la deuxième guerre mondiale. Nous sommes sur un schéma de recolonisation que les Africains se refusent encore à voir comme un danger global appelant une réponse commune et globale. Le passé de l’Allemagne tant dans la colonisation que dans les guerres constitue encore un facteur de gêne pour de nombreux Allemands. Et voilà que ce pays s’embarque dans une nouvelle aventure en Afrique, oubliant le funeste sort des Herrero en Namibie sous les balles du général major Lothar Von Throta et ses 3500 soldats en 1904. Voilà ce qu’il disait le 02 octobre 1904 selon Alban Dignat :

” Cet ordre d’extermination (Vernichtungsbefehl) est ainsi rédigé : « À l’intérieur de la frontière allemande, tout Herero, avec ou sans fusil, avec ou sans bétail, sera fusillé. Je n’accepte plus ni femme ni enfant, je les renvoie à leur peuple ou fais tirer sur eux. Telles sont mes paroles au peuple herero. Le grand général du puissant empereur. Von Trotha ».

L’auteur poursuit : “Le 11 décembre de la même année, le chancelier allemand Bülow ordonne d’enfermer les Hereros survivants dans des camps de travail forcé et peu après, les dernières terres indigènes sont confisquées et mises à la disposition des colons allemands. Dans les trois années qui suivent, des dizaines de milliers de Hereros succombent à la répression, aux combats, à la famine et aux camps. De près d’une centaine de milliers, leur population tombe à 15.000”.

Il ne s’agit pas de stigmatiser l’Allemagne pour son passé. Mais ce pays doit s’imposer la même retenue en Afrique qu’en Europe et ailleurs. Mais il est bien connu que les génocides en Afrique passent comme lettres à la poste: Namibie, Madagascar, Cameroun (Bamiléké), Rwanda… Tout le monde s’en fiche comme de l’an 40. Un Africain mort, c’est juste du gibier qui tombe.

La lutte contre le terrorisme a bon dos.

Au XIXème siècle les Européens sont venus pour civiliser et évangéliser. Ils ont filé la Bible aux Africains et rafler la terre.

Les mêmes reviennent avec l’argument de la lutte contre le terrorisme.

Pourtant de nombreux chercheurs pointent la responsabilité directe ou indirecte de l’occident dans la mise en forme d’Al Qaïda, Daesh, Boko Haram, Al Nostra… Ce sont souvent les mêmes organisations, la multiplication des noms revient à une volonté de terrifier les populations. Une manipulation globale. Mais dès que vous le dites, les média globaux (mainstream) sortent l’arme fatale: complotisme.

Dans leur financement avec du pétrole volé en Irak et Syrie de nombreuses entreprises seraient impliquées. Par exemple le journaliste indépendant Thierry Gadault porte de lourdes accusations au conditionnel, comme le veut la pratique journalistique, contre la société française “RUBIS” appartenant à l’ancien banquier Gilles Gobin. La société via sa filiale turque achèterait et revendrait le pétrole de Daesch avec des complicités diverses, au moins de 2014 à 2018.

D’autres journalistes évoquent des transbordements en pleine mer, visibles depuis les satellites des puissances mondiales.

Ce terrorisme en Afrique est fractionné par région: Al Qaïda à l’ouest surtout, Daesch en Libye avec des tentatives dans le Sahel, Boko haram au centre en Nigeria, les Shebab à l’est. Le même mode d’action, les régions sont déstabilisées avec des complicités actives ou passives tandis que certains tirent les marrons du feu, des États. Une grande partie du terrorisme actuel est d’inspiration très ancienne avec les pirates et corsaires. Ces derniers étaient utilisés par les États au Moyen-âge et même avant et après.

Tout le terrorisme, je l’admets, ne se résume pas à ces cas. Certains ayant subi des séances d’abrutissement collectif croient vraiment en leur barbarie au nom de Dieu.

Les pays d’Afrique sont encore des similis États divisés. Les institutions africaines, tant qu’elles resteront tributaires de financements extra-africains demeureront des coquilles vides: CEDEAO, Union Africaine…

Alors, il est plus que jamais temps pour les peuples, à travers différents pays africains et du monde, de prendre leur destin en main.

Ces armées qui s’invitent au Mali constituent les avant-postes d’une volonté concertée de réoccupation globale et durable.

L’aide ne viendra pas des médias mainstream occidentaux pour plusieurs raisons. Certains sont entre les mains d’État dirigés par les planificateurs de l’invasion globale comme l’AFP, France24, RFI, TV5, ARTE…

D’autres sont majoritairement détenus par des hommes d’affaire pêcheurs en eau trouble: Canal+, Le Figaro, Lemonde, BFMTV, pour ne citer que les francophones…

Seule la presse alternative informe encore, mais où la trouver ?

Si les Africains font l’économie d’une lutte concertée et globale, leurs indépendances formelles et illusoires mueront en occupation avec l’argument massue : L’Europe doit protéger ses frontières sud contre le terrorisme venu d’Afrique.

En quelques mois, l’armée malienne, enfin équipée, est en train de mettre une déculotté aux mercenaires payés à tuer et à brûler. D’autres militaires sont là depuis 9 ans et le mal avait gangrené tout le pays. Où est l’erreur ?

Le bon sens suffit à en déduire que cette lutte contre le terrorisme qu’on nous sert à longueur de journée est de la poudre aux yeux. Comme le font Messieurs Assimi Goïta et Choguel Kokalla Maïga, les dirigeants d’Afrique doivent oser dire ce qu’ils pensent au plus profond d’eux. Cet aphorisme d’Abraham Lincoln sied à la situation:

“Le silence devient un péché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation ; et, d’un homme, il fait alors un lâche”.

Yamadou Traoré

Analyste politique

Source: L’Aube

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