Les chefs d’Etat africains se réuniront pendant deux jours à Kigali à partir de demain 17 juillet 2016, dans le cadre du 27è sommet de l’Union africaine. Au menu des travaux : la protection des femmes et le droit des minorités, la succession à la tête de la commission africaine de Nkosazana Zuma, la lutte contre le terrorisme, la crise burundaise, et la mise en place d’un passeport africain.
Pour succéder à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma au poste de président de la Commission de l’Union africaine (UA) l’Afrique de l’ouest pensait bien tenir le bon bout pour faire passer la candidature du Sénégalais Abdoulaye Bathily, Professeur agrégé d’histoire. C’est surtout le profil de l’homme qui poussait à le croire car en plus de son cursus universitaire, Pr Abdoulaye Bathily se prévaut d’une grande expérience. En effet, chef de parti politique, il a été député et vice-président de l’Assemblée nationale du Sénégal avant de séjourner pendant assez longtemps dans des organisations internationales comme les Nations-unies. Il a d’ailleurs été le deuxième responsable de la Minusma au Mali avant de rejoindre l’Afrique centrale comme représentant du patron des Nations unies.
C’est sur cette base d’ailleurs que sa candidature, bien que forclose parce qu’arrivée après la clôture de la liste, le 31 mars dernier, a quand même était acceptée. C’est une manœuvre des chefs d’Etat qui voulaient passer sous silence cette forclusion pour permettre l’enregistrement d’un candidat dont le profil est acceptable, comparé à celui des trois candidatures enregistrées dans les délais, mais considéré comme faible. Il s’agit de l’Équato-Guinéen Agapito Mba Mokuy, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi et l’Ougandaise Speciosa Wandira-Kazibwe.
Mais il semble bien qu’à la dernière minute, des candidatures de taille apparaissent pour semer des embûches sur le chemin du candidat de la Cedeao qui mène à la présidence de la Commission de l’Union africaine. Des prétendants de dernière minute apparaîtraient pour complexifier la situation au vu des noms avancés depuis une semaine: Ramtane Lamamra actuel ministre des Affaires étrangères d’Egypte et Jakaya Mrisho Kikwete, l’ancien président de la République de Tanzanie.
Si ce dernier risque d’être handicapé par l’absence de soutien explicite de l’actuel président de Tanzanie, les regards restent tournés vers Ramtane Lamamra le ministre des Affaires étrangères d’Egypte qui jouit d’une forte notoriété internationale et reste bien connu dans les rouages des organisations internationales. Pour la petite histoire, il a été médiateur mandaté par le secrétaire général des Nations-unies pour rapproché les positions des belligérants en Syrie, tout au début de la crise. Mais l’on se rappelle aussi qu’il a dû jeter l’éponge.
Mais ce ne sera pas facile puisque, de son côté, le président sud-africain, Jacob Zuma, connu pour être un anti-francophone, après avoir laissé entendre que les francophones seraient des marionnettes de la France, en parlant du Gabonais Jean Ping, affiche sa préférence pour le candidat du Botswana qu’il soutient par un intense lobbying. Espérons que la visite du président sud-africain en France, en début de cette semaine, adoucirait son sentiment anti francophone et l’amènerait à changer de position pour faciliter le succès de la candidature soutenue par la Cedeao, celle du Pr Abdoulaye Bathily.
Beaucoup d’observateurs avertis pensent que dans cette atmosphère, les chefs d’Etat éviteront de trancher la question lors du sommet des 17 et 18 juillet à Kigali (ce weekend). Il faut s’attendre donc, comme dans un match de football où les équipes ne parviennent pas à se départager, à une prolongation. Il s’agira dans ce cas de renvoyer le choix du président de la Commission de l’Union africaine à un autre sommet, pour continuer les tractations, tout en laissant ouverte la liste de candidatures. La Cedeao avait d’ailleurs, lors de son sommet de Dakar qui avait décidé de porter la candidature de Bathily, formulé la requête de prolongation de la date limite de dépôt des candidatures afin que leur candidat puisse échapper à la forclusion.
A.B.NIANG
Source: Aujourd’hui-Mali