Le gouvernement malien a baissé pavillon face au refus de la Coordination des mouvements de l’Azawad de signer l’Accord d’Alger pour la paix et la réconciliation au Mali si ses revendications ne sont pas prises en compte dans ledit accord. Au-delà, c’est la médiation internationale téléguidée par l’Algérie qui a plié (si elle n’a pas tout simplement joué le jeu) sous la pression des rebelles. Et pour cause : des documents, qui devront être, sans doute, annexés ou inclus dans l’Accord ont été signés vendredi par toutes les parties à l’exception de la Plateforme. Vous avez dit « Réouverture des négociations !». Ce qui est évident, c’est que le vrai accord vient d’être signé ; c’est lui qui sera appliqué.
Le gouvernement malien est faible, très faible, et même trop faible. Preuve ultime : à l’étonnement général, il vient de capituler face à la pression de la CMA en apposant sa signature, vendredi 05 juin, au bas de deux documents qui réécrivent l’Accord d’Alger du 15 mai. Et pourtant, le ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, récite depuis toujours, comme un leitmotiv, qu’il n’y aura jamais « une réouverture des négociations sur l’Accord pour la paix et la réconciliation, signé à Bamako le 15 mai 2015 et entré en vigueur le même jour ».
Les deux textes, l’un sur la sécurité et l’autre politique, signés vendredi, consacrent purement et simplement la reprise des négociations qui ont abouti à un NOUVEL ACCORD, le VRAI. Cette victoire éclatante des rebelles convainc la CMA à décider de signer l’autre accord le 20 juin à Bamako. Une fois de plus, le pouvoir en place et ses satellites viennent de tromper le peuple malien, en cautionnant (de façon formelle et infaillible) la partition du Mali et la dislocation de son unicité. Pourquoi ?
Primo, la notion de l’Azawad semblerait avoir évolué dans sa conception. De réalité socioculturelle, symbolique et mémorielle, l’Azawad serait désormais entendue comme une entité politique (et juridique ?). En témoigne ce passage des propos confiés à notre confrère Studio Tamani par Moussa Ag Acharatoumane, un des porte-paroles de la CMA : « Ce document répond un peu à…nos revendications. Sur l’aspect politique, je pense que les questions de l’assemblée inter-régionale et de l’Azawad sont quelque part posées dedans. Et, il y a une tentative de réponse qui est dedans ».
Secundo, le deuxième document signé vendredi à Alger par le gouvernement boute les combattants de la Plateforme (Gatia) hors de Ménaka derrière l’appellation « arrangements sécuritaires pour une cessation des hostilités sur le terrain ». N’est-ce pas pour remettre la ville, au finish, au Mnla ?
La signature de ces documents n’est-elle pas constitutive d’infraction qualifiable de haute trahison et qui pourrait un jour rattraper ses auteurs ?
La rédaction
Source: L’Aube