«A partir de demain, il y aura une amélioration, on a trouvé des fournisseurs pour que la fourniture ne s’arrête pas et que la rotation continue… Si cette rotation continue, il n’y aura pas de problème», avait pourtant assuré le ministre de tutelle. Et cela n’est pas surprenant ! Oui, il fallait s’attendre à une opération de sabotage du réseau mafieux d’EDM après la sortie courageuse du ministre. Même si elle ne nous a presque rien appris de neuf, il faut reconnaître que la brave dame a franchi les limites qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait osé franchir : s’attaquer frontalement à la pègre qui a pris EDM en otage !
«On ne comprenait rien aux coupures alors que les carburants destinés à l’EDM sont subventionnés. C’est ainsi qu’on a donc décidé de mettre en place un système de gestion et de contrôle à l’EDM qui nous ont permis d’avoir des réponses à nos interrogations», a expliqué Mme Bintou Camara. Et de poursuivre, «en 4 jours seulement, nous avons constaté qu’il y a 59 citernes d’hydrocarbures qui ont disparu entre Balingué et les différentes centrales de Bamako».
Et naturellement qu’elle (pègre) ne va pas se laisser faire. Elle joue aujourd’hui son va-tout pour discréditer le ministre qui a promis aux Maliens, aux Bamakois notamment, une amélioration progressive de la desserte d’électricité dans le pays. Le défi est de la discréditer en la faisant passer pour une démagogue animée de la volonté de nourrir le peuple de mensonges. C’est ce que les consommateurs doivent comprendre et aider Mme Bintou Camara a secoué le cocotier. En faisant exprès de mettre la Dame dans une situation inconfortable, le réseau mafieux veut la dissuader d’aller au bout de son engagement à dévoiler toutes les mauvaises pratiques qui sont à la base de l’endettement d’EDM, de combattre les pratiques frauduleuses.
La privatisation, l’option énergie verte (éolienne et solaire) sont des alternatives crédibles. Mais, ce sont des solutions vouées à l’échec tant que les mauvaises pratiques dénoncées sur le plateau de la télévision nationale vont demeurer. Que gagne (rentabilité) par exemple l’Etat à privatiser une société qui croule sous le poids d’une dette faramineuse ? Qui va s’engager dans une telle entreprise en étant conscient de ne pas avoir les moyens de vider tous les indélicats, donc d’hériter des mauvaises pratiques à l’origine de la faillite de la société ? En effet, comme ironisait un compatriote sur les réseaux sociaux, sans la moralisation «des batteries seront trafiquées, des panneaux recouverts de salissures, des fils électriques détériorés, des transfos qui brûlent… Aussi longtemps que l’homme refusera la bonne conscience, il se laissera succomber à la gourmandise et le paraître alors les services d’état et autres administrations seront affectées par des gestions non-orthodoxes».
Maintenant que le pot aux roses est découvert, il faut des actes forts à la hauteur de l’espoir que l’avènement du «Mali Kura» n’a cessé de susciter depuis les événements du 18 août 2020. Pour que cette sortie médiatique ne soit pas un aveu d’impuissance de plus, il faut qu’elle soit suivie d’effets en termes de sanctions pour rassurer les Maliens de la reprise en main. Il faut que la boîte soit nettoyée de fond en comble sans état d’âme. Faire tomber des têtes, licencier une grande majorité de personnel inutile et foutre en prison ces mafieux.
Il ne s’agit pas de faire la lumière sur seulement les cas de détournement de carburants. Mais, il faut aussi faire une enquête sur les recrutements au sein d’EDM de 2010 à nos jours. Cela est d’autant important que la société était devenue le meilleur endroit pour des barons des régimes passés et les familles présidentielles pour placer leurs proches et caser les fidèles de leurs chapelles politiques. Combien de travailleurs ont réellement leur place à EDM ? Qu’apporte à la société la grande majorité de ceux qui y sont casés ? Si ce n’est bien sûr alourdir chaque année davantage la masse salariale,
La situation actuelle d’EDM est la conséquence de «l’inconscience professionnelle caractérisée et généralisée», du népotisme, de la corruption, de la délinquance financière. Il ne dépend de nous désormais que le patriotisme, l’excellence, la compétence, la probité morale… redeviennent ces valeurs qui, jadis, étaient très chères à nos ancêtres et aux premiers gouvernants de la jeune République du Mali. En tout cas Mme Bintou Camara a eu le courage de donner un formidable un coup de pied dans la fourmilière obligeant se qui se sentent morveux de sortir de l’ombre pour essayer de se défendre. Même si les syndicats tentent déjà de la salir aux yeux de l’opinion sous prétexte qu’elle fut commissaire aux comptes à EDM. Comme l’a si certainement conseiller l’ancien ministre (2002 2007) Seydou Traoré, «le syndicat de l’EDM doit prendre de la hauteur. Les intérêts des travailleurs de l’EDM, passent après ceux des clients».
Et ce que nous devons retenir maintenant, c’est cette volonté de nettoyer les écuries d’Augias afin qu’EDM ne finisse pas comme la COMATEX (avant sa renaissance), la SOMIEX, la SOPAM, la Régie des Chemins des fer (avant sa relance), le Grand Hôtel, l’Hôtel de l’Amitié, la SONATAM… . «La fourmilière doit être fouillée sur plusieurs années et en prônant tolérance zéro» parce que cette société a aujourd’hui de sérieux problèmes qu’il faut résoudre sans état d’âme. A commencer pas supprimer les avantages alloués aux travailleurs qui ne doivent plus se faire que sur la base du mérite, de l’efficacité à mieux gérer les consommables et à renflouer les caisses de la société sans se servir. Une société accorde des avantages à ses travailleurs quand elle fait des bénéfices, mais pas quand est elle déficitaire, surendettée.
Et il ne dépend que notre soutien pour que Madame le Ministre réussisse à relever le même défi que les deux femmes gouverneurs de Bamako, notamment Mme Sy Kadiatou Sow et Sacko Ami Kane qui avaient respectivement réussi le lotissement de certains quartiers difficile de Bamako dans les années 90-2000 et l’opération de libération des voies publiques de la capitale.
Soutenons donc Madame la ministre, poussons-la à sanctionner pour l’exemple ceux qui assèchent les réservoirs des groupes pour s’enrichir chaque jour davantage ainsi que leurs complices dont les identités doivent être révélées à toute la République. La soutenir, c’est par exemple signer la pétition (/chng.it/RmQfZSxpRf) de «Dix-Neuf Soixante/Mali bè djo» (une organisation pour promouvoir la bonne gouvernance, faciliter l’accès aux données publiques et valoriser le Mali et l’Afrique) qui a recueilli dès les premières heures de son lancement. Il s’agit d’une initiative visant à soutenir la transparence comme mode de gestion, notamment à EDM SA.
Le souhait de cette organisation est sans doute celui de la grande majorité des Maliens aujourd’hui : que «la lumière soit faite sur cette affaire (détournement de carburants à EDM SA) et qu’une nouvelle base soit établie dans le cadre de la lutte contre la corruption qui entrave le développement de notre pays» !
Moussa Bolly