Ils payent plus de droits de douane, mais sont contraints par les pouvoirs publics de vendre moins cher leurs produits aux consommateurs au nom de la stabilité.
L’épidémie de grèves qui convulse notre pays ces temps-ci va-t-elle s’estomper de sitôt ? La question mérite d’être posée et le doute permis quand on sait qu’à l’instar des syndicats des banques, des enseignants et des boulangers, les importateurs de produits pétroliers commencent aussi à grincer des dents.
Et pour cause. Il y a quelques jours, l’Etat, en quête de fonds pour financer ses activités, a imposé 20 F CFA de plus sur les droits de douane pour chaque litre de carburant importé. Dans le même temps, et au nom du maintien de la stabilité, les autorités imposent aux pétroliers le maintien des prix du carburant à la pompe, qui demeurent inchangés depuis plusieurs mois.
L’Etat gagne sur les deux tableaux. Le plus grand perdant n’est autre que le Groupement des pétroliers qui, apparemment, ne bénéficie d’aucun privilège ou compensation de la part des pouvoirs publics quand bien même les prix des hydrocarbures sur le marché international connaissent une hausse spectaculaire, due à la reprise post Covid-19.
Sans subvention, les importateurs maliens continuent néanmoins de s’acquitter des taxes et impôts, des salaires et prestations sociales dues à leurs employés. Autrement dit, il ne fait pas bon vivre aujourd’hui pour les principaux acteurs du secteur des hydrocarbures qui, si l’on ne prend pas garde, risquent de hausser le ton prochainement.
Le choc des priorités
C’est peut-être pour parer à cette éventualité qu’une réunion cruciale est prévue ce lundi 8 novembre 2021 à l’Office national des produits pétroliers (Onap) pour trouver des solutions adéquates à cette problématique à travers la réunion mensuelle de la Commission de suivi du mécanisme de taxation des produits pétroliers.
L’Etat va-t-il renoncer aux 20 F CFA supplémentaires perçus sur chaque litre de carburant au cordon douanier ou consentir finalement à une augmentation des prix à la pompe ? C’est l’autre quadrature du cercle pour la Transition qui devrait contenter tout le monde, ce qui en l’occurrence relèverait de la gageure ; les opérateurs pétroliers, commerçants dans l’âme, ayant vocation à réaliser des profits avant tout.
Ce qui est sûr, c’est que la direction générale de la douane compte beaucoup sur le Bureau des produits pétroliers (BPP) pour atteindre les objectifs de recettes fixés à elle par le département de l’Economie et des Finances. Plus précisément, il est attendu de ce bureau des recettes de l’ordre de 15 milliards de FCFA par mois en fonction du contexte.
Va-t-on sacrifier alors le financement du développement sur l’autel de la stabilité ou vice-versa ?
Il va falloir trancher là aussi le nœud gordien et les prochains jours nous édifierons là-dessus.
El hadj A. B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali