Réuni dans le cadre de la session d’avril 2021, le Conseil national de Transition a adopté, jeudi 24 juin 2021, quatre projets de loi relatifs aux financements de l’opération de réponse et de mesures urgentes prises pour faire face à la crise sanitaire. L’enveloppe globale de ces financements essentiellement composés de prêts tourne autour de 32 milliards de FCFA.
Elle permettra de supporter les charges du plan de riposte visant non seulement à contenir la propagation de la Covid-19, mais également à réduire ses impacts néfastes.
Ces projets de loi ont été adoptés à 107 voix pour, zéro contre et 2 abstentions. En effet, il s’agit des accords de prêts signés entre le Gouvernement malien et la Banque arabe pour le développement en Afrique (Badea), la Banque ouest-africaine de développement (Boad) et le Fonds international de développement agricole (Fida). Selon le rapporteur de la commission de la santé, du développement social et de la solidarité, Aboubacar Sidick Fomba, la survenue de la Covid-19 a mis en exergue la faiblesse de notre système de santé. A l’en croire les difficultés sont de trois ordres : les difficultés financières, matérielles et celles liées aux ressources humaines. Au chapitre des finances, il a indiqué que les hôpitaux ont été confrontés au retard dans le paiement des salaires des agents impliqués dans la lutte ; le manque de ressources pour la formation et la recherche ; le manque de ressources pour faire face aux dépenses liées aux activités ordinaires des hôpitaux. En ce qui concerne les contraintes liées au manque d’infrastructures et du matériel, Fomba a mis l’accent sur l’absence d’infrastructures dédiées à l’accueil, au tri, à l’isolement et au traitement des victimes des épidémies ; le manque ou la vétusté des équipements de diagnostic et de protection individuelle du personnel ; le manque de médicaments pour la prise en charge des comorbidités ; l’insuffisance des intrants pour la prévention et la désinfection des lieux de travail et des sites d’hospitalisation. Enfin, s’agissant des difficultés liées à l’insuffisance des ressources humaines, il a évoqué l’insuffisance notoire du personnel ; l’absence de certaines spécialités sur le marché du travail, la peur généralisée de la pandémie au sein du personnel soignant. Lors des discussions, le président de la commission santé, Dr Mamadou Sory Dembélé, a soutenu que l’épidémie n’étant pas éteinte, il est nécessaire de renforcer les actions de ripostes. Selon lui, il s’agit de s’endetter pour s’enrichir. La guerre se prépare, a-t-il maintenu.
Le fonds Covid chiffré à plus de 6 milliards FCFA
En réaction aux préoccupations de certains intervenants sur le financement contre de la Covid, le ministre de la Santé et du Développement social, Diaminatou Sangaré, a affirmé que son département a reçu, au titre de l’année 2020, la somme de 16 milliards 233 millions de FCFA. Selon elle, en 2021, le financement intérieur du budget d’Etat contre la pandémie est de l’ordre de 25 milliards, répartis entre plusieurs départements. Pour ce qui concerne les donations relatives au fonds Covid, la ministre Sangaré a signalé qu’elles se chiffrent à 6 milliards 647 millions de FCFA. Elle a surtout précisé aux membres du CNT que ce fonds est logé au sein du ministère de l’Economie et des Finances. A en croire la ministre de la Santé, tous les financements alloués à son département font l’objet d’audit par le bureau du Vérificateur général. De son point de vue, ces prêts sont une nécessité. Car, selon elle, ces fonds servent à compléter les déficits budgétaires dédiés à la lutte contre la Covid. A ce titre, elle a affirmé que ces montants permettront de booster les actions de sensibilisation et de communication, en collaboration avec le service de santé des armées pour mieux améliorer les campagnes de vaccination. Mieux, elle a rassuré que des actions nouvelles seront réalisées dans le cadre du renforcement de la recherche, en rapport avec tous les partenaires, y compris les tradithérapeutes. Elle a estimé que les capacités du comité scientifique doivent être renforcées. Autre point signalé par la ministre : le renforcement du plateau technique.
En ce qui concerne la situation des vaccins, Diaminatou Sangaré a fait remarquer qu’à la date du 24 juin 2021, 179 634 doses de vaccin ont été inoculées. Quant au nombre de personnes vaccinées, il est de 133 377 pour la première dose et 46 317 pour la deuxième dose du vaccin AstraZeneca. La ministre a saisi l’occasion pour annoncer que le Mali a commandé des vaccins de souveraineté dont l’arrivée est prévue au mois d’août pour assurer une couverture maximale des populations.
Jean Goïta
Source: La Lettre du Peuple