La Compagnie malienne de développement de la filière soja a été créée par M. Amadou Esaïe DEMBELE, ingénieur d’agriculture, qui en est le directeur général.
Le Soja est connu, cultivé et consommé en Asie depuis à peu près 10 000 ans. Dans la Chine antique, le soja faisait partie des cinq graines sacrées, les autres étant l’orge, le blé, le millet et le riz. Outre son usage alimentaire, le soja avait une importance sociale, celui-ci était considéré comme une monnaie d’échange de même qu’une forme d’épargne.
Le soja a été connu des Européens à partir du 18è siècle, et c’est à partir du 19éme siècle que les Chinois ont commencé à l’exporter commercialement.
Les Nord-américains débutèrent la culture du soja au début du 20éme siècle dans le but de l’utiliser comme fourrage et ensuite pour produire de l’huile. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que le soja est reconnu comme source de protéines pour l’alimentation humaine.
Dans les pays développés (Europe, Japon, USA), l’élevage est très vite devenu complètement dépendant du soja et ce dernier fait l’objet d’une guerre économique parfois acharnée. Après avoir longtemps possédé le monopole de la production de soja, les USA sont toujours les premiers producteurs mondiaux, suivis de près par le Brésil, la Chine et L’Argentine.
Plus récemment, de nombreux pays africains se sont lancé dans la production de soja : Nigeria, Afrique du Sud, Tanzanie, Kenya, Zimbabuwé, Zambie, Zaïre, Rwanda et le Mal.
Du lait à base de soja
Le lait de soja a une grande valeur nutritive et constitue un substitut intéressant au lait de vache qui fait défaut dans de nombreux pays.
Ensuite, le lait de soja offre certains avantages, si on le compare au lait de vache, frais ou en poudre.
En effet, il arrive très fréquemment que les nouveau-nés et les enfants présentent des allergies ou une intolérance au lait de vache (généralement distribué sans forme de poudre).
Ces allergies et intolérances provoquent de graves troubles digestifs chez le très jeune enfant trouble qui peuvent être fatales. Le lait de soja n’a pas ces désavantages et est donc particulièrement indiqué pour remplacer le lait de vache ou de tout autre animal.
Il est bien sûr évident que rien ne peut remplacer efficacement le lait maternel pour un nouveau-né. Grossièrement, nous pourrons dire que le lait de soja contient plus les protéines et moins de graisses et de sucres que le lait d’origine animale.
Du lait de soja est bouilli pendant 5 minutes, on y ajoute de la farine (maïs, fonio, ou autre fécule) dans les proportions d’une cuillérée à soupe par tasse de lait. Selon le goût, on y incorpore du sel ou du sucre.
De la farine de soja
La farine de soja peut facilement s’incorporer dans beaucoup de préparations traditionnelles qui font appel aux farines et fécules de céréales (maïs, sorgho, mil, fonio) ou de tubercules (manioc, patate douce..).
Cette incorporation donnera une plus grande valeur nutritive aux aliments ainsi préparés, notamment en leur apportant plus de protéines et un meilleur équilibre en acide aminé.
En effet, comme nous l’avons vu précédemment, le soja est riche en protéines et pauvre en adon, alors que les céréales et les tubercules sont très riches en amidon et relativement pauvres en protéines.
Nous référant au tableau ci-dessous, nous pouvons observer que le soja et l’arachide ont une grande valeur énergétique due à leur richesse en matières grasses (huile) ; tandis que la valeur énergétique des céréales et tubercules provient de leur haute teneur en carbohydrates (amidons).
La farine de soja pourra donc être mélangée à d’autres farines pour faire du pain des galettes, des biscuits, etc. De même, elle permettra de rehausser la valeur alimentaire des galettes de manioc ou des bouillies pour les jeunes enfants.
Les farines produites localement ont un avantage économique indéniable. Par exemple : l’atelier sikassois AFERCI produit une farine de sevrage à base de soja, maïs, sorgho, et fonio dont le prix de vente est de 6 à 15 fois inférieur ceux des différentes marques importées.
Un complément alimentaire
Le soja fournit donc un complément alimentaire appréciable pour pallier la carence de protéines contenues dans les œufs, la viande, le poisson ou le lait et ses dérivés ne sont pas accessibles.
Le plus généralement transformé en lait ou en farine, le soja peut être combiné avec les aliments traditionnels et permet un meilleur équilibre nutritionnel.
La culture du soja est relativement aisée sous différents climats et, comme il s’agit d’une légumineuse fixatrice d’azote, elle a toute sa place dans un système de rotation ou de cultures associées.
Nous avons abordé différentes méthodes de transformation du soja en lait et en farine, et nous pouvons conclure en affirmant qu’il n’y a pas de solution miracle comme on a parfois essayé de nous le faire croire, mais bien un ensemble de possibilités parmi lesquelles, certaines seront plus appropriées que d’autres.
Le choix de la filière dépendra, bien évidemment, de la capacité financière des utilisateurs, mais aussi et surtout, de leur objectif et de leur capacité d’organisation. Ainsi, si l’un des objectifs de producteurs/utilisateurs est de multiplier les sources d’approvisionnement en lait de soja, il semble logique de passer par une phase d’extension qui aura pour but de familiariser la population à l’utilité du lait de soja et à la façon de s’en procurer.
On peut envisager dans ce cadre une modernisation progressive des méthodes de production, cette modernisation correspondant à l’appropriation d’une technologie nouvelle.
Quelle technologie ?
Deux scénarios ont été observés : le scénario brésilien où des groupements se sont approprié une vache mécanique, l’ont adaptée à leur besoin et leur capacité et ensuite multipliés ; le scénario zaïrois où un groupe de femmes est passé progressivement de la production artisanale familiale à une entreprise moderne (SOYAPRO) qui soutient actuellement douze groupes de production artisanale.
Sans pour autant le considérer comme la seule et unique source de protéines végétales, le soja est un produit agricole très intéressant, permettant de, nombreuses applications alimentaires, là où existent des problèmes nutritionnels parfois très graves.
Enfin, le soja apparaît aussi comme une source d’emploi et de revenus qui pourrait d’une part, ralentir l’exode rural et d’autre part, donner du travail à des populations urbaines sans cesse croissantes.
Par M. Amadou Esaïe DEMBELE, ingénieur d’agriculture
Source: Info-Matin