Lors d’une conférence de presse, Malick Boubou Diallo, vice-président de la Fédération générale des transporteurs routiers agréés du Mali (FGTRAM), a accusé Youssouf Bani Traoré, président du Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR) de détournement de 18 milliards de F CFA. Le CMTR et son président ont déposé contre M. Diallo une plainte en diffamation au tribunal de la Commune IV. Le jugement est prévu le 21 juin prochain.
Les propos jugés diffamatoires pour lesquels Malick Boubou Diallo est astreint devant le procureur Hamidou Idrissa Touré de la Commune IV ont été tenus à la Maison de la presse le 23 avril 2023. Ce jour, le vice-président devant ses camarades de la FGTRAM et d’autres syndicats avait vertement accusé de détournement de somme d’argent le CMTR et son président Youssouf Bani Traoré. D’autres personnalités comme le ministre de l’Economie et des Finances et celui des Transporteurs et des Infrastructures, le Payeur général du trésor n’ont pas été épargnés par les accusations de M. Diallo, relayées sur les réseaux sociaux.
« C’est un décret qui a nommé le CMTR comme gestionnaire. Mais les 18 milliards de F CFA, est-ce que c’est le CMTR seul qui les a détournés ? Il y a le ministère des Transports, le ministère des Finances et le Payeur général du trésor public. C’est pourquoi, à chaque fois que nous soulevons ce problème, on nous piétine et nous sommes toujours malheureux parce qu’il y a quelqu’un d’autre qui gère nos problèmes, qui n’est pas le ministère des Transports. Toux ceux qui sont impliqués font des nuits blanches… Eux qui détournent ensemble l’argent sont obligés de faire équipe… ». C’est en substance les propos tenus par Malick Boubou Diallo lors de sa conférence de presse du 23 avril.
Ces déclarations reprises sur les réseaux sociaux tombent sous le coup de l’article 54 de la loi n°2019-056 du 5 décembre 2019 portant répression de la cybercriminalité. Ledit article pour ce qui est de l’infraction de diffamation et de la répression de ladite infraction, renvoie aux articles 38 et suivants de la loi n°046 du 7 juillet 200 fixant le régime de la presse et des délits de presse, qui stipule : « Toute allégation ou imputation qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation ».
Le CMTR regroupant les patrons des transporteurs et son président ont estimé que M. Diallo a porté contre eux « des allégations mensongères » parlant de détournement de 18 milliards de F CFA. « Ce qui porte atteinte à leur honneur et à leur considération », disent les conseils des plaignants. Ceux-ci demandent au parquet de la Commune IV de maintenir le prévenu dans les liens de la prévention pour « dénonciation calomnieuse ».
Selon nos informations, Malick Boubou Diallo était le 2e vice-président chargé des finances du bureau du CMTR pendant la première mandature (2008-2018). Il n’a jamais digéré le non renouvellement de son mandat suite à la gestion opaque des fonds issus des carnets de redevance des tickets de transports. En plus, il a été découvert qu’aux yeux de la législation en vigueur, il n’est pas transporteur. Il avait bénéficié de l’appui de l’église catholique de Ségou ; Celle-ci avait mis à sa disposition quelques véhicules de transport pour exploitation au compte de la même église. C’est avec ces mêmes engins qu’il s’est fait une carte de transport.
Malick Boubou Diallo un repris de justice
Malick Boubou Diallo est un repris de justice. Selon les témoignages de Léopold Diarra de l’église catholique de Ségou, il a été assigné en justice dans les années 2000 pour « abus de biens sociaux » pour avoir vendu les véhicules mis à sa disposition. M. Diallo a été condamné à 1 an de prison avec sursis. Vers 2005, le même Malick Boubou Diallo a été traduit en justice par l’église catholique de Ségou pour « escroquerie » portant sur la somme de 500 000 F CFA. Là-aussi, il a été condamné au remboursement du montant en cause et au paiement de 700 000 F CFA de dommages et intérêts à la partie civile.
Malick Boubou Diallo n’est pas à sa première accusation contre le patronat des transporteurs. Régulièrement par voie de presse, il accuse le président du CMTR de détournement de sommes d’argent issues du Droit de traversée routière (DTR). Et à chaque fois, il varie dans ces déclarations avec des montants de milliards faramineux. Il a fini par déposer une dénonciation dans ce sens au Pôle économique et financier de Bamako. Toutes ces dénonciations ont été classées sans suite par le juge d’instruction en charge du dossier, faute de preuve.
L’une de ses dernières plaintes a été déposée sur la table du ministre des Transports et des Infrastructures portant sur la fin de mandat du bureau du CMTR. Il réclamait la mise en place d’un collège transitoire avec lui-même comme président. Cette demande a été jugée sans objet dans la mesure où le mandat du CMTR n’était même pas arrivé à terme.
Abdrahamane Dicko
Source : Mali Tribune