Le centre commercial de Bamako dont le noyau central est le «Marché rose» enregistre déjà des arrivées massives de clients dans les boutiques et les kiosques. Comme des pôles aimantés les ateliers de couture pour les hommes et les femmes attirent la foule. Partout dans la ville de Bamako, les préparatifs de la fête de Ramadan vont bon train. La phase de couture des vêtements neufs pour les femmes se déroule avec frénésie dans les ateliers.
A quelques jours de la fête de Ramadan, les ateliers de couture sont déjà débordés. Les carnets de commandes des tailleurs bien remplis. Très enthousiastes, ils sont disposés à satisfaire le choix des différents modèles de leurs clients et clientes. Mais tous les maîtres des ciseaux vont-ils parvenir à satisfaire les commandes pour cette fête qui boucle le mois de Ramadan ? Pour livrer à temps les commandes, de nombreux couturiers travaillent jour et nuit et dorment très peu.
Au fur et à mesure que la fête approche une certaine tension est perceptible entre clients et couturiers. Plusieurs tailleurs ne peuvent livrer plus de quatre ou six tenues par jour. Malheureusement, l’appât du gain les pousse à prendre un niveau de commandes qui dépasse leur capacité de travail. Les faux rendez-vous énervent les clients. Pour se soustraire à des risques d’agression physique, certains couturiers abandonnent l’atelier. Ils se réfugient dans des endroits inconnus. Ils seront ainsi injoignables pendant un moment. Mais le hic est que même débordés, certains tailleurs n’arrêtent jamais de prendre encore et encore les tissus des clients à l’approche de la fête. Pour eux, c’est seulement l’argent qui compte. Plusieurs de ces inconscients se retrouvent à la police après la fête. Prudents, de nombreux autres couturiers se gardent de prendre les habits une semaine avant la fête pour éviter tout tracas.
L’élégante Ramata Diallo blâme les tailleurs qui acceptent les habits à l’approche de la fête. «Les faux rendez-vous révoltent les clients et l’atelier se transforme souvent en arène de combat entre des femmes et le maître tailleur», dit-elle. La vieille Habibatou Diarra se demande comment certains qui réceptionnent les tissus à temps, peinent à respecter le rendez-vous.»Ils sont trop négligents», pense-t-elle.
La fête de Ramadan est une opportunité de rendre visite aux siens afin de se souhaiter mutuellement bonne fête. «C’est surtout un cérémonial de pardon et de cohésion», dit-on. Les femmes et leurs filles sont convaincues que la fête ne sera pas belle si on a pas une tenue neuve spécialement cousue pour l’occasion. Il incombe aux tailleurs de se doter d’une bonne organisation de travail et aux clients de déposer leurs tissus à temps dans les ateliers de couture.
Aminata DIAKITÉ
Source: Essor