« Mieux vaut voir une chose une fois que d’en entendre parler mille fois », dit un adage malinké. Pour avoir été le point de départ de la démocratie au monde, le nom de Kurukanfuka est cité dans les quatre coins de la terre par des individus qui n’ont jamais fait sa découverte. Pour donner l’occasion à toutes ces personnes de venir s’enquérir, sans tabou, à la source, de l’histoire de la civilisation mandingue, Kurukanfuka ouvre encore ses portes, à la faveur de la 5ème édition du Festival international dudit.
Prévu du 4 au 7 mai 2018 sur le site à Kangaba (situé à environ 60 km de Bamako), les organisateurs du festival étaient face à la presse, le samedi 14 avril 2018 à la Maison des Jeunes, pour donner plus de détails sur le programme de l’événement.
Pour comprendre l’histoire de la démocratie dans le monde, une visite est indispensable à Kurukanfuka à Kangaba. Car, c’est là que Soundiata Kéïta, après la bataille de Kirina en 1235, a convoqué tous les chefs de tribus pour voter les 44 articles de la Charte de paix et d’entente. Ce qui fait dire le président du festival, Séan Kéïta, que Kurukanfuka est le symbole de la décision commune, de l’action commune pour bâtir un édifice commun. « C’est ensemble que les Mandéka (habitants du Mandé) ont libéré le Mandé des mains de Soumaoro Kanté ; c’est ensemble qu’ils ont bâti le Mandé sans distinction raciale et religieuse. Ce sont ces vertus que nous voulons faire revivre à l’actuelle génération pour un Mali d’avenir, de paix et d’entente. Donc, le festival international de Kurukanfuka est une affaire de l’avenir du Mali», a dit le président du festival qui en appelle à l’implication de tous pour que cette 5ème édition soit un succès. Il espère mobiliser plus de festivaliers que lors de la 4ème édition qui a enregistré plus de 300 personnes venues de la Guinée Conakry, 2 universitaires ivoiriens et plusieurs festivaliers sénégalais et nigériens, en plus des Maliens.
« Tout cela sera agrémenté par des manifestations folkloriques animées par les artistes du Mandé parmi lesquels la fille de Siramory Diabaté, Sounoudiè Kouyaté », a précisé le président du Festival international de Kurukanfuka.
A en croire le Secrétaire général du festival, N’Tji Diakité, des festivaliers sont attendus de la France et de toute la sous-région.
Comme d’habitude, explique-t-il, des conférences sont prévues, lors de l’édition 2018, sur toutes les questions sociales conformément à l’esprit des 44 pactes pris dans la charte de Kurukanfuka avec comme thème principal : « la protection de l’environnement ».
En organisant cette 5ème édition du Festival International de Kurukanfuka, les initiateurs poursuivent un certain nombre d’objectifs. Il s’agit, entre autres, de la valorisation perpétuelle du site si précieux de Kurukanfuka ; la conscientisation de la jeunesse sur l’importance et la richesse de notre culture ; le développement économique de tout le Mandé; la culture de la paix et de l’unité nationale ; la mise en valeur de potentialités culturelles et touristiques cachées du Mandé.
Au sujet des potentialités culturelles et touristiques cachées du manding, l’histoire retient que le Mandé est une zone de forte densité culturelle et touristique. On peut citer, à cet effet, la mare sacrée de Nougou où a lieu chaque année une pêche collective ; la case sacrée de Kangaba dont la toiture, en cérémonie rituelle, est renouvelée tous les 7 ans ; la Forteresse de Niagassola où l’on peut trouver les tombes d’officiers français et le Sosso Bala (le balafon Soumaoro Kanté) ; Niani, ancienne capitale de l’empire où repose le sabre sacré du Mandé; les armes du vaillant chef de guerre Touramakan Traoré etc.…
Pour la petite histoire, en tant que concept, Kurukanfuka exprime un cri de ralliement du peuple manding. C’est aussi un cri de détresse du peuple manding pour dire plus jamais de guerre dans le Mandé, plus jamais de domination extérieure sur le peuple Mandé, plus jamais de dictature dans le Mandé. C’est sur le site de Kurukanfuga qu’a été votée la charte de Kurukanfuka.
Youssouf Z KEITA
Source: Infos Soir