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Fermeture de marchés à bétail à Bamako : Une mesure plus spectaculaire qu’effective

Depuis le jeudi dernier, la mairie de Bamako et celles des différentes communes ainsi que les autorités policières sont à pied d’œuvre pour donner effet à la décision du Gouverneur de Bamako de fermer certains marchés à bétail «pour raison d’ordre public». La mesure s’inscrit notamment dans le prolongement du nettoyage de la capitale et tient lieu, selon toute vraisemblance, d’une partition des autorités régionales dans cette opération antiterroriste.

En effet, après le contrôle de la situation par les forces de défense et de sécurité, c’était au tour du Gouvernorat d’entrer dans la danse en s’illustrant par cet acte administratif inédit qui concerne la quasi-totalité des comptoirs à bétails de la capitale. De Faladié, le «garbal» le plus proche des deux endroits attaqués, à Lafiabou – Koda, en passant par Djelibougou, entre autres, l’instruction du Gouverneur de Bamako est aussitôt  entrée en vigueur et donnait l’air d’avoir été observée aux pieds de la lettre. En tout cas, suffisamment de forces de l’ordre se sont déployées pour ce faire avec la détermination d’y veiller avec la rigueur appropriée. S’y opéraient en même temps des ratissages à l’effet de démasquer d’éventuels complices du double assaut terroriste perpétré, le 17 septembre, à l’école nationale de gendarmerie et à l’aéroport. Bref, une traque atypique de terroristes qui a tendance à associer le phénomène à une activité professionnelle spécifique, aux marchands de bétails et occupants de «garbal», tel qu’en attestent les escarmouches essuyées par des individus s’apparentant aux occupants des lieux. Cette stigmatisation paraît toutefois négligeable par rapport aux autres épreuves et préoccupations inhérentes à la mesure des autorités régionales. Depuis que celle-ci est intervenue, en effet, des cris d’orfraie le disputent aux sonnettes d’alarme dans les rangs d’exploitants de cette activité pourvoyeuse de revenus et qui occupent une myriade de chasseurs de pitance quotidienne. En plus des éleveurs et propriétaires de bétail qui s’interrogent sur l’entretien et la survie des troupeaux, en vivent des intermédiaires, des dépeceurs de bêtes et même de simples vendeurs de cordes pour les attacher. Ils s’inquiètent tous de l’absence d’alternative à la fermeture inattendue de leurs robinets de survivance, puisque les décideurs n’en ont visiblement aucune disponible pour l’heure. Leur mesure pourrait pourtant paralyser des activités entières pour une durée encore indéfinie et affecter dans son sillage d’autres secteurs connexes. Si elle était appliquée avec la rigueur annoncée, en effet, l’impossibilité d’approvisionner les abattoirs se serait traduite par une pénurie et une flambée des prix inestimables sur le marché de la viande. C’est probablement la raison pour laquelle, la fermeture des «garbal» s’est révélée une décision plus spectaculaire qu’effective. Selon plusieurs témoignages recueillis auprès de leurs occupants, les marchés continuent de fonctionner comme d’habitude, quoiqu’avec la peur au ventre de recevoir des descentes sporadiques des forces de l’ordre chargées de la mise en œuvre de la mesure du Gouvernorat.

A KEÏTA

 

Source: Le Témoin

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