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Femmes rurales : Gros efforts, petits revenus

Les femmes rurales occupent une place importante dans l’économie rurale de notre pays. Dans les zones rurales, on remarque leur forte implication dans les activités économiques génératrices de revenus, notamment l’agriculture. En effet, la production agricole est une activité principale des femmes en général et jusqu’à preuve du contraire, la principale source des revenus des femmes paysannes.

 

Ces dames s’adonnent aux activités agricoles pour subvenir aux charges de leur famille. Malgré cet apport inestimable, elles restent toujours en marge de la prospérité, en raison de préjugés qui freinent l’éclosion de leur autonomie financière.

Plusieurs d’entre elles vivent et travaillent dans les campagnes, villages et hameaux et, souvent, dans des conditions difficiles et précaires pour subvenir à leurs besoins.Dans le village de Mafélé, situé dans le Cercle de Bougouni (Sud), les femmes, malgré une surcharge de tâches ménagères, travaillent dur toute la période hivernale afin de gagner la subsistance de leur famille, sans attendre l’aide de leur mari.

 

Dans ce village, où, la culture du coton est prédominante, les femmes sont au premier rang, contribuant fortement au rendement agricole. En plus des cultures céréalières, notamment le riz, le maïs, les produits de cueillette occupent une place importante dans les activités des femmes, à travers la transformation traditionnelle du karité ou du néré. Une partie de ces produits transformés traditionnellement estautoconsommée et l’autre est destinée à la vente, afin de trouver de quoi couvrir les besoins.

 

Nous avons approché quelques femmes de Mafélé. Elles ont parlé de leur implication et de leur calvaire pendant les travaux champêtres, afin de prendre en charge leur famille et ne pas dépendre, financièrement, de leur mari. « Le champ de mon mari se situe à plus de trois kilomètres du village. Je participe, du début à la fin, aux travaux champêtres. Je suis impliquée dans toutes les activités champêtres, du désherbage en passant par le semis », dit Fanta Sidibé.

 

Quand les plantes arrivent à maturité, Fanta passe la journée au champ. « Depuis que je me suis mariée, il y a de cela 20 ans, mon activité principale est l’agriculture. Je ne compte pas sur mon mari pour m’aider », témoigne-t-elle.

 

Tout comme elle, Sitan Samaké est paysanne et participe, activement, aux travaux champêtres. « Pendant la période de récoltes, je multiplie les aller-retour au champ. Je vends une partie et garde une quantité pour la consommation. Cependant, tout ce que je gagne après la vente est dépensé pour nourrir, vêtir, soigner mes enfants, payer les frais scolaires », assure Sitan. Elle ose à peine élever la voix pour désapprouver le comportement de son mari qui participe moins aux dépenses et passe ses journées à gaspiller son argent pour ses seuls plaisirs, au lieu de satisfaire, en priorité, les besoins de leur foyer.

 

Quant à Kany Bagayoko, elle avoue n’avoir exercé d’autres activités que l’agriculture, depuis 18 ans. « Je cultive le coton, le maïs, le riz sur une parcelle que mon mari m’a donnée, depuis 10 ans. C’est grâce à cette activité que mes enfants sont maintenus à l’école car, les revenus tirés des récoltes me permettent de les vêtir et de payer leur scolarité. « Dans ce village, sur le plan agricole, hommes et femmes sont sur un pied d’égalité. En effet, tout ce que l’homme peut faire, comme travaux agricoles, la femme le peut aussi. Elle participe, du début à la fin, sans repos, aux travaux pour subvenir aux besoins de la famille », soutient Yacouba Koné, membre de la Coopérative des producteurs de coton de Mafélé.

 

ACCÈS À LA TERRE Pour Moussa Doumbia, c’est grâce à l’implication des femmes dans l’agriculture qu’il y a, dans ce village, l’autosuffisance alimentaire. « Pas besoin pour les villageois d’acheter des céréales ailleurs car, nous avons tout ce qu’il nous faut ici grâce à nos femmes », indique notre interlocuteur qui estime que les femmes rurales doivent être, vraiment, soutenues dans leurs activités car, elles rencontrent beaucoup de difficultés.

 

Parlant des difficultés, beaucoup de ces femmes évoquent la problématique de l’écoulement des produits agricoles. En effet, elles éprouvent des difficultés à vendre et à acheminer leurs produits agricoles sur d’autres marchés ou vers les grands centres de consommation. Les moyens de transport sont limités et la voie d’accès aux différents marchés est impraticable. Toutes les femmes rurales, en général, et celles de Mafélé, en particulier, sont confrontées à cette difficulté de vente de leurs produits agricoles qu’elles acquièrent à la sueur de leur front.

 

Elles font, également, face à d’autres contraintes, notamment l’accès à la terre. En effet, en milieu rural, les femmes sont, rarement, propriétaires de terre et quand elles le sont, leur parcelle de culture est plus petite et moins fertile que celle des hommes. En raison, surtout, de préjugés traditionnels qui freinent l’éclosion de l’autonomie financière de la femme de ménage. A cela, s’ajoute le manque d’encadrement agricole, la non maitrise des techniques agricoles adaptées.

 

Tous ces goulots d’étranglement amenuisent les bénéfices de ces battantes qui ne manquent, pourtant, pas de courage et d’abnégation. Malgré leur détermination, elles peinent, pour leur grande majorité, à assurer la plénitude de leur autonomie économique. Ces « Nyeleni » (battantes, courageuses) vivent en marge de la prospérité espérée, si elles ne côtoient pas la misère, malgré leur dévouement à la recherche du pain quotidien pour leur famille.

AMK/MD

(AMAP)

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