Dynamique et déterminée, elle va à la rencontre des Maliens de l’extérieur pour les convaincre d’investir dans le bâtiment au Mali
L’ambition et l’audace vont de pair. Ces deux clefs ouvrent les portes du succès dans le monde des affaires, particulièrement dans le milieu de l’entrepreneuriat féminin. La curieuse Fatoumata Keïta pendant longtemps cherchait à comprendre comment les hommes réussissaient dans la création d’emplois. Après une longue réflexion, elle a mûri un projet de création d’entreprise. Elle s’est jetée à l’eau. L’audacieuse jeune femme tirera son épingle du jeu. Elle dirige actuellement une agence immobilière et un GIE (Groupement d’Intérêt Economique).
L’entreprenante Fatoumata Kéïta est une célibataire sans enfant de 32 an. Elle a accepté de recevoir ’L’Essor’’ dans ses bureaux au 2e étage de l’immeuble ‘’Badjelika’’ à Hamdallaye ACI. Cette accueillante personne nous attendait sur la chaussée devant l’entrée de l’immeuble. Le teint clair, elle est souriante.
S’inspirer de l’expérience paternelle; Elle est propriétaire du GIE ‘’PAFANET’’, contraction de deux surnoms, « Papus » son petit frère et « Fatim » son propre surnom. Le GIE a été créé en 2019. Il œuvre dans l’assainissement. Ce service combine deux tâches différentes : le nettoyage des bâtiments administratifs et le gardiennage. Le GIE ‘’PAFANET’’ couvre 35 bâtiments et emploie 50 personnes.
Cette jeune dame avait d’abord tenté sa chance dans le génie civil. Elle a créé l’immobilière « DFK », ‘’Drissa Fatoumata Keita’’ en 2016. « L’idée m’a été soufflée pour la première fois par mon père, un notaire de la place. Il m’ a expliquée les ficelles du métier. Il s’occupe des paperasses entre l’agence et ses clients », glisse-t-elle.
Grâce à sa vision claire, notre interlocutrice s’est vite imposée dans ce domaine fortement marqué par les hommes. En quatre ans d’existence, l’agence ‘’DFK’’ a construit 10 maisons sur commande des clients. Le recouvrement de 46 bâtiments, six immeubles, 20 parcelles vendues et 200 terrains ont bâti sa reputation. Grâce à son dynamisme et à sa détermination Fatoumata Keita est devenue une référence dans son domaine. Elle va à la conquête des Maliens de l’extérieur pour les convaincre d’investir dans le bâtiment. Beaucoup de nos compatriotes en matière de construction ont été victimes d’abus de confiance. Ces frustrations ont traumatisé les émigrés maliens. Ils sont de plus en plus réticents à investir au pays. « L’ agence DFK est née dans le but de rétablir la confiance », soutient-elle. Elle ajoute que « sous la supervision d’un contrat entre l’agence et le client, nous construisons leurs maisons et recouvrons les loyers de leurs bâtiments en fin du mois. Nous leur vendons des parcelles et nous faisons construire leurs terrains ». La gestion de l’agence exige 5 emplois permanents et 20 emplois indirects.
La femme d’affaires Fatoumata est titulaire d’une maîtrise en transit obtenue en 2006 à l’Institut Spécial de Formation des Etudes (INSFED). Elle a sillonné le marché de l’emploi pendant 10 ans. Elle est connue comme une battante. En effet Fatoumata, quand elle était étudiante tenait une boutique bâtie au coin de leur famille à Kalaban Coura ACI. Ce commerce dénommé «Tim Fashion », proposait des articles de mode : des habits, des bijoux, des maquillages, des chaussures, des sacs etc. Sa notoriété grandira dans son quartier. « En bas âge j’investissais mon temps libre dans la boutique. Ma mère a constaté ma détermination. Elle injectera une forte somme dans mon commerce. Ce capital financera mes voyages à Paris, au Canada et aux Etats-Unis pour m’approvisionner en marchandises.
Ces déplacements m’ont permis de détecter la méfiance de nos compatriotes à investir au Mali. « Ces gens ont l’argent », relate-t-elle. « Ils travaillent dur pour ça, mais malheureusement, ils ne veulent pas investir dans le pays, pour faciliter leur retour car beaucoup ont été victimes des escrocs », a indiqué Fatoumata Kéïta . Comment convaincre une personne qui a des idées arrêtées à vous confier ce qu’elle a de plus cher ? Comment faire pour faire adhérer une personne à ta cause ? La jeune dame et son équipe ont travaillé des jours et des nuits pour apporter des réponses. Ces études ont débouché sur des contrats de partenariat gagnant-gagnant, pour la construction et la gestion d’immeubles au profit des Maliens de l’intérieur et de l’extérieur. Ce succès fait la fierté de Fatoumata aujourd’hui.
La diaspora lui offre ses premières chances. Le parcours de cette jeune dame n’a pas été un long fleuve tranquille. « Mes débuts dans l’immobilière n’étaient pas faciles. N’eut été l’assistance de ma maman, mes portes seraient fermées aujourd’hui. La chance m’a souri aux états unis. Un Malien émigré a cru en moi. Il m’a confié la construction de sa maison. Il a été satisfait du travail accompli. Plusieurs contrats ont suivi . Pour aller vite dans la réalisation du marché, Fatim emprunte de l’argent dans les agences de micro- finances. « Pour maintenir la confiance entre moi et mes clients je ne tire pas un gros bénéfice d’un marché , pour ne pas impacter négativement mes activités. Un travail bien fait attire les clients», soutient-elle.
Fatoumata Keita envisage de construire une cité ‘’location vente’’. Elle ambitionne de se rendre sur les continents où vivent des Maliens de la diaspora, pour tisser des liens de collaboration. La chance sourira à cette battante, qui aide les compatriotes émigrés à réaliser leur rêve au Mali.
Maïmouna SOW
Source : L’ESSOR