La localité de Farabougou, dans le cercle de Niono, région de Ségou, est, depuis quelques jours, sous le contrôle d’un groupe d’hommes armés soupçonnés d’être des terroristes. De sources concordantes, les assaillants encerclent la localité et les habitants sont terrés dans leurs maisons. Cette information a été confirmée par le gouvernement à travers un communiqué rendu public, le 19 octobre 2020 qui précise que le village de « Farabougou situé dans le Cercle de Niono, Région de Ségou, a été assiégé par des Groupes Armés Terroristes qui y ont perpétré des tueries et imposé un blocus de la localité occasionnant ainsi des souffrances indicibles aux populations ». Furieux de cette situation intenable pour la population de Farabougou, la classe politique malienne a invité les autorités de la transition à trouver une solution. Les partis politiques comme le Parena, l’Adema Pasj, Yelema, Fare An Ka Wuli, le regroupement Espoir Mali Kura membre du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), ont tous invité les autorités à prendre des dispositions urgentes pour mettre un terme au calvaire que vivent les populations éprouvées de FARABOUGOU.
Dans leur communiqué respectif, les partis politiques ont exprimé leur ras-le-bol par rapport à la situation de Farabougou. Ainsi, le parti FARE An Ka Wuli de l’ancien premier ministre Modibo Sidibé, a, dans son communiqué rendu public, le 15 octobre 2020, précisé qu’il suit avec beaucoup d’inquiétude le siège du village de Farabougou dans le cercle de Niono par des assaillants non identifiés. « Le village serait, depuis dimanche 11 octobre 2020, assiégé et coupé du reste de la commune de Dogofry, par des hommes armés qui auraient bloqué toutes les voies d’accès, provoquant l’asphyxie du village. Faute d’intervention de la part des Forces de Défense et de Sécurité, les villageois se sont organisés pour assurer la riposte au cours de laquelle ils sont tombés dans une embuscade provoquant 5 décès et 15 blessés…Le parti demeure fortement préoccupé par la recrudescence des activités terroristes et les tueries subséquentes. Le parti reste convaincu que la sécurisation du pays est la première clé de la réussite de la transition. Il demande, par conséquent, aux autorités de la transition de rompre avec les pratiques anciennes et d’assurer effectivement la sécurité de nos populations dans les meilleurs délais », indique le parti FARE. Le lendemain, le 16 octobre 2020, un autre ancien premier ministre, Moussa Mara, s’est prononcé sur l’embargo terroriste sur le village de Farabougou. « Je demande aux responsables du pays de ne pas laisser cette situation perdurer en confiant la gestion de ce dossier uniquement aux organisations de la société civile », a déclaré Moussa MARA, Président du parti YELEMA “le changement”. Le Comité Directeur du Parena, au cours de sa session hebdomadaire du lundi 19 octobre 2020, a exprimé ses inquiétudes sur la situation dramatique que vivent les populations de FARABOUGOU (Cercle de NIONO, Commune de DOGOFRY), assiégé par des hommes armés non identifiés. « Des Informations recueillies, il ressort que ces populations sinistrées manquent de denrées de première nécessité et de médicaments en cette période post hivernale de recrudescence du paludisme. Le PARENA invite les autorités à prendre des dispositions urgentes pour mettre un terme au calvaire que vivent les populations éprouvées de FARABOUGOU », révèle le communiqué du Parena, sous la plume de son secrétaire général, Djiguiba Keïta dit PPR, rendu public le 19 octobre 2020. Dans la même journée du lundi 19 octobre 2020, l’Adema-PASJ a exprimé sa profonde inquiétude face au blocus imposé par des terroristes au village de Farabougou, dans la commune rurale de Dogofry, cercle de Niono, région de Ségou, depuis plus d’une dizaine de jours. « Tout en manifestant sa solidarité aux communautés meurtries de Farabougou, l’Adema-PASJ invite les autorités de la transition à prendre toutes les mesures nécessaires pour libérer ce village assiégé par des terroristes et sécuriser l’ensemble du territoire national. Le silence du gouvernement ne saurait être une réponse efficace et durable à une telle crise sécuritaire et humanitaire dans notre pays », indique le parti le mieux implanté au Mali, Adema PASJ, la deuxième force politique du pays. Selon le regroupement Espoir Mali Kura, membre du M5-RFP, la localité de Farabougou vit un drame innommable en ce 21ème siècle. « L’état de siège auquel ce paisible village est soumis depuis quelques jours par un groupe de terroristes interpelle l’Etat au premier degré. Une situation inacceptable…La situation de Farabougou est une nouvelle épreuve douloureuse et insoutenable pour notre peuple et l’état de transition en cours. Comme le 14 Mai 2020, Espoir Mali Koura (EMK / M5 RFP) interpelle le gouvernement sur ses responsabilités pleines et entières quant à la résolution de la crise sécuritaire qui frappe toujours notre pays. En tout état de cause, EMK/ M5-RFP lance un appel patriotique au sursaut national des Maliens, un sursaut à se dresser sur les remparts pour sauver la patrie en danger », révèle le communiqué de EMK/ M5-RFP en date du 19 octobre 2020. Face à cette situation, le Gouvernement se défend à travers un communiqué produit le 19 octobre 2020. Dans ce communiqué, le gouvernement dit avoir pris les mesures afin de mettre fin à la souffrance de la population de Farabougou. Il s’agit du largage de denrées de première nécessité en vue de soulager les populations ; le renforcement de la surveillance aérienne de la zone afin de prévenir toute attaque d’envergure ; la progression des troupes terrestres pour briser le siège terroriste. « Le Gouvernement encourage les FAMa à poursuivre leur mission de sécurisation des personnes et des biens et invite les populations, notamment de Farabougou, à garder leur sérénité et à continuer d’apporter leur soutien aux Forces Armées et de Sécurité », indique le communiqué du gouvernement malien.
D’après l’ONU, la situation dans le centre du Mali reste très préoccupante. Les milices d’autodéfense et les groupes extrémistes ont continué d’exploiter les conflits intercommunautaires, ce qui a entraîné une violence continue contre les civils et des problèmes de sécurité, touchant principalement les cercles de Bankass, Bandiagara, Douentza et Koro. « La situation en matière de sécurité est restée très préoccupante, les attaques de groupes extrémistes contre les civils et les forces de sécurité nationales et internationales dans le nord et le centre du Mali se poursuivant sans relâche», souligne le dernier rapport trimestriel du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, publié le 29 septembre 2020. Ce rapport signal qu’il y a eu 343 attaques, 375 civils tués, 450 blessés et 93 enlevés durant les trois derniers mois. «Les civils, toutes communautés confondues, ont continué d’être la cible d’attaques, en particulier dans le centre du Mali. Au 31 août, 343 cas avaient été signalés : 375 civils avaient été tués, 450 blessés et 93 enlevés dans l’ensemble du Mali », précise Antonio Guterres dans son rapport.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain-Mali