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Face au trafic, une Agence africaine de médicaments

Après des années de campagnes pour alerter sur les dangers des faux médicaments, les ministres de la Santé et l’OMS passent aux actes avec une agence dédiée.

 

Antibiotiques, antidouleurs, traitements contre la diarrhée, contre le VIH et toutes sortes de maux, vendus en boîte ou à l’unité, sur les étals des marchés ou à même le sol, des « pharmacies par terre », comme on les appelle : la problématique des faux médicaments prend toujours plus d’ampleur en Afrique. Un fléau responsable de plus de 100 000 morts par an en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé. Enjeu de santé publique mais aussi économique, des initiatives sont mises en place depuis plusieurs années pour tenter de contrer le phénomène.

La problématique des faux médicaments toujours présente

D’après l’OMS, un médicament sur dix dans le monde est une contrefaçon. Sur le continent, les contrefaçons représenteraient plus de 50 % des médicaments vendus. Ces faux médicaments proviennent le plus souvent d’Asie, fabriqués en Chine, en Inde ou au Pakistan. Et la pandémie de Covid-19 n’a pas arrangé les choses, car elle a représenté une aubaine pour les trafiquants.

Désormais, dans de nombreux pays, c’est l’explosion du coût de la vie, qui pousse les populations à trouver les remèdes les moins chers et donc les moins vérifiables. Au Nigeria, vaste marché de 200 millions d’habitants et première destination de produits contrefaits en Afrique, où le système de santé est l’un des plus défaillants au monde, classé 163 sur 191 par l’OMS, l’agence nationale de contrôle qualité, la Nafdac, estime qu’au moins 17 % des médicaments ne sont pas conformes aux normes.

Et ce trafic peut rapporter gros : officiellement de 75 milliards de dollars en 2010, le chiffre d’affaires du trafic des produits médicaux falsifiés est évalué à 200 milliards de dollars en 2014, soit deux fois plus que le trafic de drogue. « Bien qu’il existe des signes encourageants de croissance de la production locale de produits pharmaceutiques dans la région africaine, une étude du cabinet McKinsey, réalisée en 2019, indique que seuls 10 à 30 % des médicaments consommés en Afrique subsaharienne sont fabriqués localement », estime la Fondation Brazzaville, une ONG, basé à Londres et à la pointe sur le sujet.

Une agence pour acter la nouvelle stratégie

Réunis à Lomé, au Togo cette semaine, des ministres de la Santé des pays africains et des représentants de l’OMS ont décidé, lors d’un panel de discussions, tenu mardi, d’acter la mise en place d’une Agence africaine de médicaments. L’idée n’est pas nouvelle, l’Union africaine en avait donné l’impulsion en 2019. Cette fois-ci, il s’agit d’accélérer sa mise en œuvre, et la première décision a été de confirmer le choix du Rwanda comme pays hôte pour cette nouvelle institution. « L’objectif principal de l’AAM est d’améliorer les capacités des États membres et des centres éducatifs renforcés (CER) à réglementer les produits médicaux, afin d’améliorer l’accès des populations africaines à des produits médicaux de qualité, sûrs et efficaces », peut-on lire dans un communiqué publié mi-juillet, sur le site de la Fondation Brazzaville, après la 41e session ordinaire du conseil exécutif de l’Union africaine. « L’agence sera notamment chargée de soutenir la croissance de la production pharmaceutique locale, d’évaluer les produits médicaux pour le traitement des maladies prioritaires déterminées par l’Union africaine et d’inspecter, de coordonner et de partager régulièrement les informations sur les produits dont la commercialisation est autorisée. »

Cette annonce intervient quelques mois après le lancement de l’Initiative de Lomé, qui a vu plusieurs pays du continent s’unir autour d’un pacte pour criminaliser le trafic de faux médicaments en introduisant « des lois et des sanctions pénales » dans leurs juridictions. D’après la déclaration jointe publiée par les dirigeants de ces pays, ce trafic « participe au financement de la criminalité transnationale organisée […] et est une grave menace sécuritaire ». Depuis, d’autres États ont rejoint cette initiative.

La Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM) estime qu’un investissement dans ce secteur de 1 000 dollars peut générer 500 000 dollars de profits, ce qui rendrait les faux médicaments plus rentables que la plupart des stupéfiants.

Le Togo est l’un des pays pionniers sur le sujet, il a modifié son Code pénal dès 2015. La peine encourue par les trafiquants y est désormais de vingt ans de prison et de 50 millions de francs CFA d’amende (76 200 d’euros). En juillet 2020, 67,8 tonnes de produits pharmaceutiques contrefaits, saisis entre juin 2018 et juin 2019, ont été brûlées à Lomé. Malgré ces efforts récents, le phénomène reste important. Et peu de pays disposent de lois efficaces et punitives, le trafic de faux médicaments est souvent considéré comme un simple délit de contrefaçon et les peines atteignent quelques mois d’emprisonnement tout au plus.

Source : Le Point Afrique

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