Les Maliens, dans leurs diversités, se sont retrouvés le vendredi dernier partout à travers le pays pour dénoncer les sanctions « illégales et illégitimes » de la CEDEAO et de l’UEMOA. Face à l’adversité, les Maliens se sont tenus debout comme un seul homme. Les deux organisations sous régionales vont-elles entendre ce message fort d’un Mali uni ?
Une vraie marée humaine ! C’est ce qui a été constaté partout au Mali à travers le Mali. Bamako, Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou, Taoudeni, Ménaka, Bandiagara, Bougouni… les Maliens sont sortis de partout pour dire « Non » aux sanctions « illégales et illégitimes » de la CEDEAO à l’appel des autorités de la transition.
Enfants, femmes, hommes, jeunes et vieux, mêmes des malades couverts, pour la plupart du drapeau malien (signe de patriotisme) se sont opposés aux sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali. A Bamako où nous avons fait un tour sur le lieu de la manifestation, les citoyens scandaient « Non aux sanctions injustes, illégales et illégitimes contre notre peuple » ; « Nous soutenons nos autorités de la transition » ; « que la CEDEAO et l’UEMOA respectent la volonté des Maliens exprimée lors des Assises nationales de la refondation »…
Pour les manifestants, la CEDEAO et l’UEMOA ne devraient pas accepter de sanctionner le peuple malien qui souffre déjà non seulement de l’insécurité mais aussi des conséquences énormes du coronavirus. « Si la CEDEAO aimait le bonheur des Maliens comme elle veut nous le faire croire, elle n’aurait jamais dû sanctionner le peuple malien », estime Moussa Traoré, un leader d’association qui a apporté son soutien aux autorités de la transition : « nous soutenons nos autorités actuelles parce que nous sommes satisfaits de la gouvernance en cours. Nous constatons une avancée dans la lutte contre l’insécurité ».
Pour une rare fois, les Maliens ont mis de côté leurs divergences pour se retrouver. Une action saluée par les autorités de la transition.« Nous sommes convaincus que notre peuple, notre grand peuple qui a une longue histoire, qui a de la mémoire, qui sait résister va s’unir dans toutes ses composantes, sait faire l’union sacrée quelques soient les appartenances religieuses, politiques , ethniques, régionales. Tous les Maliens vont se tenir debout comme un seul homme face à l’adversité », a déclaré le premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, lors de la manifestation.
Le gouvernent du Mali imperturbable mais ouvert au dialogue
Le gouvernement malien qui a entrepris plusieurs démarches auprès des chefs d’État de la CEDEAO et qui n’a pas été écouté, a dénoncé les mesures de l’organisation sous régionale contre un peuple fragilisé à cause de l’insécurité et de la crise sanitaire. A en croire le premier ministre Choguel Kokalla Maïga, ces mesures « illégales et illégitimes » visent trois objectifs : déstabiliser les institutions, déstabiliser l’armée malienne et déstabiliser le Mali. Beaucoup de pays africains ne sont pas d’accord avec les sanctions de la CEDEAO, selon le chef du gouvernement qui a indiqué « Même au sein de la CEDEAO, beaucoup de chefs d’État ne sont pas d’accord avec ces mesures. Nous savons les pressions, les chantages, les menaces qu’ils subissent ».
Malgré ces sanctions jugées injustes, le Mali dit être ouvert au dialogue. « Nous sommes convaincus que nos frères de la CEDEAO viendront discuter avec leurs frères Maliens. Notre peuple est un peuple de dialogue. C’est parce que nous sommes forts que nous ne fermons jamais la porte », a déclaré le premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Il a, par la suite, rassuré les Maliens quant à la tranquillité des autorités. « Le gouvernement du Mali, avec le colonel Assimi Goïta à la tête, est une force tranquille que personne perturber. C’est quand on est fort qu’on doit garder son calme, rester ouvert, tendre la main », a déclaré le premier ministre de la Transition.
Dieu et le peuple malien en faveur des autorités de la transition
La CEDEAO, dans sa dernière décision, a menacé de déplorer une force en attente au Mali. Une initiative dénoncée par les autorités et le peuple malien. Le premier ministre a ainsi profité de l’occasion pour inviter les chefs d’État à ne pas se tromper de peuple. « Il ne faut pas se tromper de peuple, il ne faut pas se tromper d’interlocuteur. Il ne faut pas se tromper d’époque. Il y a des choses qui ne peuvent passer en République du Mali », a précisé Dr Choguel Kokalla Maïga.
Selon les autorités maliennes, elles n’ont peur que de Dieu et du peuple malien. Et si elles ont l’accompagnement de ces deux, elles réussiront leur combat malgré que le chemin puisse être épineux. « Nous n’avons peur que de Dieu et du peuple malien. Dieu et le peuple malien sont avec le gouvernement de transition, sont avec les Maliens. C’est pourquoi Dieu n’aidera pas tous ceux qui vont se mettre contre cette transition, il va leur barrer la route », a dit haut et fort le premier ministre de la transition.
Le chef du gouvernement a, par ailleurs, salué les efforts déployés par le gouvernement de transition dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Aussi, a-t-il fait savoir aux chefs d’État de la CEDEAO que la lutte contre le terrorisme doit être soutenue par tous les pays. Pour lui, le Mali qui est un verrou, doit être sauvé à tout prix.
Il faut préciser que la CEDEAO et l’UEMOA, à travers ces sanctions ont donné l’occasion aux Maliens de se retrouver.
Boureima Guindo
Source: LE PAYS