Une exposition d’art intitulée “Covid Kouma”, organisée par la plateforme numérique d’art Agansi, en partenariat avec Khangissa de HGallery, a offert, le 26 mars dernier à l’ACI 2000, l’opportunité à (10) jeunes artistes plasticiens maliens de présenter au public leurs œuvres sur la pandémie de covid-19.
L’after work, Khangissa de HGallery du 26 mars dernier sur les murs de Sunu-Assurances à l’ACI 2000 était assez particulier. En effet, les œuvres (une vingtaine) présentées, à cette occasion, abordaient toutes la même thématique : la pandémie de covid-19. A travers ces œuvres issues d’une résidence de création initiée par la plateforme numérique d’art Agansi, intitulée “Covid kouma” (parler du covid-19), les dix jeunes artistes ont chacun exprimé, sur des toiles, leur expérience de l’éprouvante période de pandémie de coronavirus.
“Cette initiative est partie du constat que tous les secteurs d’activité ont été touchés par la pandémie à coronavirus et le secteur de la culture encore plus. Ce projet “Covid Kouma” est une manière pour nous de donner la parole à ces artistes plasticiens sur leur expérience de la pandémie”, explique Massira Touré, promotrice d’Agansi. A l’en croire, cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un programme d’Agansi qui consiste à donner la parole aux artistes sur l’actualité. “Et l’une des actualités est sans doute la pandémie de coronavirus, un véritable frein à l’épanouissement artistique d’où le choix de cette thématique”, ajoute-t-elle.
Ce partenariat entre HGallery et la plateforme Agansi a été bien accueilli par les artistes et les observateurs de la scène artistique malienne, à l’image de l’artiste plasticien Ibrahim Kébé, participant à la résidence : “L’union de ces deux structures d’art autour des artistes est vraiment salutaire, surtout dans un environnement bamakois où les arts plastiques sont encore à découvrir. C’est une belle initiative de promotion pour les artistes”. L’artiste plasticien, Dramane Toloba, abonde dans le même sens : “A un certain moment, les artistes ont eu du mal à exposer leurs œuvres suite aux restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Et ce projet nous permet de montrer quelques-unes de nos créations. C’est une belle opportunité pour les artistes.”
Le passionné des arts et écrivain franco-malien, résidant dans la capitale malienne, Sébastien Philipe, apprécie le cadre qui regroupe les artistes autour d’une même problématique ainsi que la solidarité qui règne dans le milieu artistique. “Ce genre de manifestations permet aux artistes de se regrouper autour d’un thème qui est un thème d’actualité qui nous interpelle tous. Les artistes ont forcément des choses à dire et à transmettre, chacun avec sa technique et son style. Pour moi, cela montre la solidarité et la cohésion des artistes autour de grands thèmes de société comme la Covid-19.”, nous confie cet amoureux de l’art contemporain qui propose aux organisateurs de penser à organiser des expositions du genre dans des rues plus fréquentées, voire dans des quartiers populaires afin de rapprocher encore plus l’art au public.
Ces créations ont tourné autour de trois questions principales, à savoir comment les artistes vivent la période pandémique ? Que pensent-ils de la gestion de la maladie et comment prévoient-ils l’après covid-19 ? Partant de là, chaque artiste a su créer selon son vécu dans ces difficiles moments de la pandémie qui les avait condamnés à rester cloitrer chez eux. Sur les 22 œuvres exposées soit 2 toiles par artiste, les artistes ont traité le sujet sous différents aspects. “J’ai essayé de parler de deux aspects de la Covid-19, à savoir comment les gens se comportent avec la Covid-19 au Mali notamment à Bamako et le prix du masque qui est à 300 francs Cfa l’unité. Combien de Maliens ont-ils les moyens de se payer un masque chaque jour ?” S’interroge Ibrahim Kébé.
“J’ai mis l’accent sur l’artiste lui-même en période de Covid-19, dit Dramane Toloba, les impacts de la pandémie sur le travail de l’artiste. Comment l’artiste a travaillé pendant ce temps ? Ce qu’il a pu faire ou pas durant le confinement ?”.
Quant à Opa Bathily, “un artiste qui aime la fête “, il s’est inspiré de toutes contraintes liées à la pandémie, notamment sur le côté festif. Sur ses toiles, on peut aisément remarquer un jeune homme élégamment habillé, mais mélancolique, assis, pensif car interdit de sortir pour la fête. Plusieurs autres aspects liés à la Covid-19 comme le port du masque, la distanciation sociale, la manière dont le sujet est évoqué dans la presse, entre autres, sont abordés sur les différentes œuvres qui étaient exposées à cet After work du Khangissa du 26 mars dernier dont l’affluence des visiteurs a été saluée par les organisateurs et les artistes.
A noter que les œuvres de cette résidence “Covid kouma” sont disponibles sur le site d’Agansi ainsi que dans la galerie de la plateforme sise à N’Tomikorobougou.
Youssouf KONE
Source: Aujourd’hui-Mali