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Etats-Unis: Des mémoires qui déstabilisent Barack Obama?

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Le livre de Robert Gates a fait parler de lui bien avant sa mise en vente en librairie, mardi, aux Etats-Unis. Dans Mémoires d’un ministre en guerre, l’ancien ministre de la Défense décrit un président Obama hésitant, et peu impliqué dans la conduite de la guerre en Afghanistan.Des critiques dont se sont immédiatement saisis les adversaires politiques du chef de l’Etat : l’occasion était trop belle pour les républicains.

Robert Gates est un homme unanimement respecté, au point que ce ministre de la Défense de Georges Bush est resté à son poste lors du premier mandat de Barack Obama – une première dans l’histoire des Etats-Unis. C’est donc une voix qui porte lorsqu’il critique Barack Obama dans son livre Mémoires d’un ministre en guerre (Duty. Memoirs of a Secretary of War). Et ses accusations sont déstabilisantes pour le Président, décrit comme un leader qui a envoyé sans conviction 30 000 hommes supplémentaires en Afghanistan, et surtout comme un commandant en chef des armées qui n’a pas confiance dans son état-major.

Robert Gates est encore plus dur avec le vice-président Joe Biden, décrit comme un homme qui s’est trompé sur toutes ses analyses de politique étrangère. L’opposition américaine, en cette année électorale, se délecte sur le thème « nous vous l’avions dit », le tandem Obama-Biden n’est pas à sa place à la Maison-Blanche.

L’affaire fait grand bruit aux Etats-Unis

Mais l’affaire, qui fait grand bruit aux Etats-Unis, prend une tournure différente alors que le livre est depuis mardi en librairie. Barack Obama renouvelle son soutien à Robert Gates. Il répond qu’il maintient la confiance qu’il a toujours eue dans son ancien ministre de la Défense… et ce qui peut être interprété comme des hésitations, dit Obama, s’explique par la difficulté de la situation : « C’était la bonne stratégie en Afghanistan, a expliqué le Président. C’est difficile, cela a toujours été difficile d’envoyer des hommes au combat, et ma confiance dans nos troupes est sans faille ».

Quant à Robert Gates, il revient sur ses écrits. Il fait le tour des réseaux de télévision pour dire que ses propos ont été sortis de leur contexte, qu’il a toujours été d’accord avec Barack Obama… Bref, c’est de la faute des journalistes, nous avons l’habitude, et des élus, incapables de sortir d’un raisonnement politicien…

Si l’attention s’est focalisée sur les passages consacrés au chef de l’Etat, Robert Gates, dans ce livre, est très dur aussi avec le Congrès, et avec les conseillers du Président. Et c’est le fonctionnement de la Maison-Blanche qui est remis en question. Robert Gates caricature des conseillers en culotte courte, tout juste sortis de l’école, qui isolent le Président, s’adressent à des généraux qui ont l’expérience du terrain sans aucun respect, et surtout sans les écouter. C’est grave car cela signifie que Barack Obama est mal entouré, et prend des décisions en recevant des informations éventuellement altérées. Quant aux élus du Congrès, ils sont décrits, je cite, comme incompétents, hypocrites, animés par un esprit politicien et faisant passer leur carrière avant l’intérêt de la Nation.

Le livre arrive trop tôt… ou trop tard

En lisant le livre de Robert Gates, on se fait du souci sur la chaîne de décision dans la politique étrangère des Etats-Unis. On se demande aussi pourquoi Robert Gates est resté à son poste, et pourquoi il a attendu toutes ces années pour s’exprimer. C’est d’ailleurs la question que posent tous les observateurs aux Etats-Unis. Robert Gates parle trop tard ou trop tôt. Trop tôt car Barack Obama est toujours en fonction, et ce livre l’embarrasse dans une année électorale, l’embarrasse alors qu’il a des décisions importantes à prendre dans le domaine de la politique étrangère : l’Afghanistan justement, la Syrie, l’Iran, pour ne citer que ces dossiers. Ou il parle trop tard car il aurait dû avoir le cran de démissionner, ou de s’exprimer alors qu’il était en poste. Et donc, pour finir, Robert Gates est mal à l’aise. Et c’est pourquoi nous assistons à ce rétropédalage dans la presse ces derniers jours…

rfi

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