Au lieu de faire la gloire de celui qui aura gardé la maison jusqu’au triomphe final de l’armée, la libération est plutôt sur le point de rimer avec la disgrâce de son gouverneur Fodé Sissoko. Cet autre colonel, c’est de lui qu’il s’agit, est au cœur de la controverse depuis quelques jours et risque de connaître un destin comparable à celui de Dreyfus.
À en juger, en tout cas, par le contenu d’un vocal qui circule à son sujet, tout porte à croire que l’intéressé est pris en défaut de déloyauté vis-à-vis de ceux qui président à la destinée du Mali depuis le putsch du 18 Août 2020. Dans le sulfureux élément audio en question, on l’entend clairement faire allégeance aux Seigneurs de Kidal au point de transiger jusqu’avec les symboles de la République qu’il est censé incarner. En plus de les rassurer de sa fidélité jusqu’à la mort, il y pousse l’allégeance au point de leur concéder notamment que le 22 Septembre soit ravalé à une date ordinaire à Kidal ne méritant pas à ce titre d’être commémorée. Aux dernières nouvelles, l’ancien garde du corps de Dioncounda Traoré s’en est retrouvé dans les mailles de la Sécurité d’Etat pendant que les autres colonels soulèvent le graal de la victoire contre les mouvements armés. Toutes proportions gardées, par ces temps de deep-fake où tout est falsifiable, l’épisode présente l’acteur principal sous les traits d’un personnage qui négocie un modus vivendi avec ceux qui contrôlent la puissance publique locale en l’absence de toute autorité d’Etat. Avec son abandon en plein désert sans la moindre protection, l’aveu d’allégeance était probablement le prix à payer pour sauver l’unique symbole du pouvoir central qu’il représente. Reste à savoir si son attitude sera comprise dans ce sens avec la rude atmosphère de positionnement et de convoitise des postes de responsabilité au sein de l’armée.
L’Adema-PASJ, ce petit mur d’une certaine justice malienne
Le Parti africain pour la solidarité et la justice pourrait passer pour la plus grande victime de la justice qu’elle a contribué à façonner pendant la troisième république. Alors qu’il ne se remet que péniblement d’une ancienne condamnation dans la rocambolesque affaire dite des Motos, l’Adema vient d’échapper de justesse à la revanche d’un membre récemment sanctionné par ses instances. Il s’agit de l’ancien secrétaire général de Koulikoro, Abdoul Baki CISSÉ, qui supporte mal la paire de gifles d’être à la fois déposé par ses camarades et suspendu par le Comité exécutif. Mais il nous revient de même source que l’ancien président de la coordination régionale a finalement manqué son come-back victorieux et raté son coup de réhabilitation par une annulation judiciaire des sanctions respectives de la conférence élective de la section de Koulikoro et du Comité exécutif. Dans la foulée, l’ancien secrétaire à la solidarité du CE-Adema avait même réussi, en un premier temps, à faire saisir certains comptes bancaires du PASJ au nom d’une condamnation à lui restituer la somme de 350 millions francs CFA investis dans le siège local de son ancienne section. Les verdicts n’étant toutefois pas définitives, le parti de l’Abeille a réussi à ne pas laisser cette peine se greffer à celle qui l’empêche de retrouver un confort financier depuis les déboires de la campagne présidentielle de 2002. Lesquels lui avaient coûté le bradage d’un important patrimoine au profit de Mandiou SIMPARA.
Au nom de Assimi Goïta, le Père …
Avec la toute puissance de la Transition, c’est peut-être un retour progressif au concept désuet de père de la nation. En tout cas, selon de nombreuses sources concordantes, le seul nom de l’actuel chef de l’Etat suffit pour remplacer n’importe quel autre segment institutionnel de la République. «C’est Assimi qui a dit». Tel est le mot de passe utilisé à tort ou à raison pour interférer dans certaines prérogatives qui ne lui sont pas forcément dévolues. Même la justice n’est pas épargnée, selon nos confidences. En effet, devant les difficultés à déjouer procédures complications qui pourraient leur être défavorables, il arrive que des trafiquants d’influence recourent au prestigieux nom du président de la Transition pour dissuader leurs protagonistes à poursuivre les contentieux. Il arrive aussi que les plus crédules renoncent à leurs droits par crainte d’avoir à affronter les ordres fictifs d’Assimi Goïta comme obstacle judiciaire infranchissable. Il arrive également que la seule affinité avec la nature militaire suffise comme sauf-conduit. C’est le cas, par exemple, de la sélectivité qui caractérise l’observance des règles de la circulation routière où les usagers sont désormais sanctionnés ou épargnés selon qu’ils soient citoyens ordinaires ou porteurs d’uniforme. Surtout que la police n’est désormais plus distincte de l’armée
Rassemblées par la Rédaction
Le Témoin