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Et Si l’accord d’Alger n’est pas signé !

Un mois après le paraphe du préaccord d’Alger par la médiation internationale, le gouvernement du Mali et la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (pro-gouvernemental), c’est toujours le statu quo. La coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) refuse de parapher ledit accord, malgré les injonctions de la communauté internationale. Conséquence : l’incertitude et l’angoisse ont remplacé l’espoir né du paraphe du document, le 1er mars dernier. Que pourrait-il se passer si cet accord n’est pas signé par les rebelles de Kidal ?

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Des observateurs sont formels : « la CMA n’a plus une autre option que la signature de cet accord validé par la communauté internationale… ». Mais au-delà de cette affirmation, il y a lieu de s’interroger sur les conséquences prévisibles de ce niet des rebelles de Kidal. La communauté internationale a beau condamner l’attitude de la CMA pour son refus de parapher le préaccord d’Alger, celle-ci est restée de marbre.

Ni la France de Hollande qui avait lancé un ultimatum pour la signature d’un accord, ni l’Algérie de Bouteflika qui a forcé la main à IBK pour abriter les pourparlers, n’ont, jusque-là, pu faire plier les rebelles pour signer le document final. Et du coup, le doute s’installe dans les esprits de nos compatriotes. Qui ne comprennent pas comment les rebelles peuvent défier leurs principaux parrains (la France et l’Algérie).

Et pourtant le préaccord les concède des avantages énormes au détriment de la République. On peut, entre autres, citer la reconnaissance pour la première fois de « l’Azawad comme réalité historique, socio culturelle mémorial, symbolique et humaine » ; la reconnaissance à chaque région le droit adopter la dénomination de son choix ; le droit reconnu  aux populations des régions du nord de gérer leurs propres affaires ; l’élection par les populations des présidents des conseils régionaux qui deviennent les chefs des exécutifs régionaux et de l’administration ; la création d’une deuxième chambre (sénat) dont les membres viennent des collectivités ; la réhabilitation de la place et du rôle des chefferies traditionnelles ; le partage des missions et responsabilités entre les collectivités et l’Etat conférant ainsi aux régions des nouvelles compétences ; la création d’une zone de développement des régions du Nord dotée d’un conseil consultatif inter régional ; la réforme administrative par un nouveau découpage territoriale (augmentation du nombre de circonscriptions) ; la révision de la loi électorale, l’adoption des textes réglementaires afférents au nouveau cadre institutionnel et politique dans les 18 mois suivant la signature de l’accord.

Les nouvelles forces de défense et de sécurité déployées comprendront un nombre significatif des personnes originaires des régions du Nord y compris dans le commandement ; la création d’une  police territoriale et la protection civile placées sous l’autorité des collectivités. Le recrutement dans la fonction publique territoriale  dont les effectifs seront majoritairement des ressortissants des régions du Nord, etc.

Autant d’avantages et de compromis acceptés (le couteau sous la gorge ?) par la délégation gouvernementale sans avoir associé à quelque échelon que ce soit les populations maliennes ou même celles du nord qui sont directement concernées.

Et les rebelles de Kidal se sont dit : « si nous avons trouvé cette autonomie, qu’est-ce qui nous empêche d’en avoir plus ». La rébellion souhaite que cette autonomie couvre un ensemble plus grand réunissant toutes les régions du nord  (Tombouctou, Gao et Kidal) administrées par un exécutif commun.

Voyez-vous, les rebelles de Kidal sont à la recherche d’un « Etat azawadien » qui sera exclusivement sous leur emprise. Ils se moquent des populations du nord et de leur bonheur. Tout ce qui compte pour eux, ce sont leurs intérêts et ceux de leurs alliés d’Aqmi, et du MUJAO. Ils exigent la réouverture de nouvelles négociations pour procéder à « des amendements indispensables » et « aboutir à (…) un texte viable, assorti de garanties concrètes et d’un calendrier effectif ».

Le gouvernement du Mali n’est pas dans ce schéma. Lui continue de mobiliser et de sensibiliser l’opinion nationale autour du projet d’accord paraphé. Jusque-là, il (le gouvernement) semble avoir le « soutien » de la communauté internationale et tente avec (bec et ongle) de convaincre les Maliens et les rebelles que le projet d’accord est l’unique voie de sortie de crise, la SEULE, pour la paix, la stabilité et la réconciliation nationale au Mali.

Deux positions diamétralement opposées et qui font croire aux plus optimistes des Maliens que ledit projet d’accord n’est pas celui qui sortira notre pays de l’ornière.

S’ils les rebelles de Kidal ne signent pas cet accord paraphé, ce serait la grosse déception de la médiation internationale dirigée par l’Algérie avec le soutien de la France.

S’ils ne signent pas, c’est la remise en cause de tous les acquis (cessez-le-feu, accord de Ouaga…) obtenus avant et après l’ouverture des pourparlers d’Alger.

S’ils ne signent pas, c’est la porte ouverte aux dérives, à la violence, et à la guerre. Une guerre que le Mali se doit de préparer pour récupérer son territoire, sans le « feu vert » de la France ou de la Minusma.

S’ils ne signent pas, enfin, les autres communautés n’ont plus d’autres choix que celui de se battre par tous les moyens pour exister. Elles doivent se rendre à l’évidence que leur appel à l’unité, à la paix et à la réconciliation nationale, est tout simplement tombé dans l’oreille des sourds, voire d’une poignée d’extrémistes qui veulent mettre le pays à feu et à sang.

Idrissa Maïga

Source: L’Aube

 

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