L’on a coutume de dire dans nos sociétés que le silence est souvent la meilleure des expressions, en somme, que celui qui s’abstient généralement de parler, rarement s’expose. Le président IBK et le Procureur Général Daniel Téssougué doivent bien méditer sur cette maxime.
Le premier, Ibrahim Boubacar Keïta, déclarait en substance ceci à propos d’une éventuelle libération des combattants du MNLA faits prisonniers par les Fama : «On ne me bouscule pas. On ne me trimbale pas… Ceux qui n’ont pas de sang sur les mains, ceux qui ne sont pas des djihadistes avérés, verront leur sort allégé. Nous l’avons dit et nous le ferons. Tout cela doit se faire dans le cadre de la confiance. Sans la confiance, rien ne peut être réalisé».
A croire que Wadoussène et ses complices récemment libérés par ses soins ne sont pas des terroristes avérés et n’ont pas de sang sur les mains. En tout état de cause, le chef semble avoir été bel et bien bousculé et trimbalé, par les événements ou par des hommes, comme l’atteste cet aveu fait à Dakar à la faveur du sommet de la CEDEAO, allusion faite au Terroriste Wadoussène : « J’aurais préféré mille fois le garder en prison ».
C’est le Procureur Daniel Téssougué qui est plus loin. Déjà en juillet 2013, il dénonçait la présence à Koulouba des responsables du MNLA et du HCUA, parmi lesquels, des combattants poursuivis par la justice qu’il incarne, pour sédition, terrorisme, narcotrafic, entre autres. Et à l’époque justement, M Téssougué déclarait ceci dans la presse : «si le président Dioncounda Traoré annule les mandats d’arrêt contre les leaders du MNLA, il sera coupable de haute trahison». Une déclaration qui faisait allusion à la libération par ATT, de quatre terroristes d’AQMI (deux Algériens, un Mauritanien et un Burkinabé) en échange de l’otage français, Pierre Camatte.
Encore au mois d’Octobre 2014, M. Téssougué revenait à la charge. Lisons-le : «Tant que je resterai procureur général, aucun prisonnier rebelle ne sera libéré !… Lorsqu’un pays veut s’offrir des lendemains de pleurs et de sang, il emprunte la voie de l’injustice. Après la crise que notre pays a connue, les Maliens ont engagé la consolidation de l’Etat de droit et de la démocratie. Cela passe par la justice. Au nom d’un prétendu Accord de Ouagadougou qui n’est qu’un chiffon de papier sans valeur juridique, on voudrait faire sortir de prison des gens qui ont volé, violé et massacré des Maliens ! Je ne peux pas accepter que des voleurs de moutons soient jetés en prison et que ceux qui ont commis des massacres, des viols, soient libérés parce qu’ils ont la peau blanche ! Personne d’entre eux ne sera libéré ! Nul n’a le droit de les libérer ! Nul ne les libèrera ! (…) Après le jugement des détenus, le chef de l’Etat peut toujours, s’il le veut, gracier ceux qui auront été condamnés. Quant aux députés, ils sont libres de voter une loi d’amnistie en leur faveur des prisonniers de guerre. En clair, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif ont, chacun, les moyens juridiques de libérer les ennemis de la nation mais ils ont peur de le faire car le peuple les regarde. Ils veulent donc faire pression sur la justice pour que celle-ci fasse le travail à leur place. Cela, je m’y refuse absolument! La politique a son calendrier, la justice la sienne. (…) L’injustice est une mère qui n’est jamais stérile et qui produit des enfants dignes d’elle. Devant l’injustice, les peuples en viennent très vite à ne pas plus faire confiance en leurs dirigeants et à défier l’Etat».
Après de telles déclarations suivies de cas de libérations de terroristes, l’on doit s’assumer !
B.S. Diarra