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Esclavage dans la région de Kayes : les victimes à l’assaut des juridictions internationales

Assez de répression des soi-disant maîtres, dégoutées par la justice malienne, sidérées par le silence de l’Etat, les victimes de la pratique de l’esclavage par ascendance vont se plaindre bientôt à la Cour de justice de la Cédéo, à la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples et aussi à la Cour pénale internationale.

 

 Le Mali compte plus de 2000 déplacés internes, selon le rapport de juillet 2019 de l’association Temed, qui se bat depuis 2006 contre l’esclavage. Les personnes en question ont fui les farouches représailles des notabilités de la région de Kayes qui se glorifient d’être maîtres d’esclaves. Tous ceux qui osent refuser le statut d’esclave sont battus, séquestrés, humiliées, dépouillés de leurs biens et chassés de chez eux.

Le dernier événement remonte au 21 novembre 2019  dans la commune de Kérouané, où 105 personnes (11 familles) ont été violentées par des jeunes venus de plusieurs villages à l’appel des notabilités. Une dizaine de personnes ont été blessées dont deux graves qui sont admises à l’hôpital de Kati. Les membres des 11 familles expulsées sont aujourd’hui dans le froid et la poussière à Diéma.

En conférence de presse samedi à la Maison de la presse, le Rassemblement malien pour la fraternité et le regret (Ganbana) qui, depuis 2017, s’attaque au fléau de l’esclavage par ascendance dans la région de Kayes, a dénoncé  “l’indifférence de l’Etat face à la chasse à l’Homme”.

Marabata Diarra, vice-président de l’association : “l’Etat veut notre radicalisation. Il veut que nous répondions à la violence par la violence. C’est pourquoi aucune initiative  n’a été prise pour mettre fin aux agressions dans la région de Kayes. Nous avons tapé à la porte de plusieurs ministères sans succès”.

Me Amadou Tiéoulé Diarra, l’un des avocats des victimes de la pratique de l’esclavage par ascendance, présent à la conférence de presse, a affirmé le dépôt de 20 plaintes aux tribunaux de Diéma, Nioro du Sahel et Kayes contre des personnes nommément citées. “Une seule plainte a été jugée à Kayes. Les coupables ont été condamnés avec sursis. Jusqu’ici, nous n’avons pu mettre la main sur la décision de justice”, s’est indigné Me A.T. Diarra qui entend faire appel à la Cour d’appel.

 Non à la violence par la violence

Très déçues de l’Etat malien dans la gestion de ce dossier brûlant, les victimes de la pratique de l’esclavage rejettent tout de même l’hypothèse de se rendre justice comme craignent beaucoup d’observateurs.  Au cours de cette conférence de presse, le vice-président de l’association Ganbana a annoncé qu’il va bientôt saisir des juridictions régionales et internationales.

“Si l’Etat ne fait rien dans deux semaines, nous allons saisir la Cour de justice de la Cédéao “, a averti Marabata Diarra.

Me A.T. Diarra a confirmé être déjà sur le dossier. Il n’écarte pas de saisir la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples et voire la Cour pénale internationale. Mais avant que le Mali ne soit “la risée de tout le monde”, l’avocat spécialiste des questions liées aux droits humains propose la création d’un cadre de dialogue entre les communautés dans la région de Kayes.

“Avant qu’on n’aille même devant la justice internationale, je pense que l’Etat doit pouvoir rattraper et corriger tout ça en créant une commission de discussion de ce problème. Une commission de bons offices entre lesdits maîtres et ceux qu’ils traitent d’esclaves peut régler ce problème “, a priorisé Me Diarra.

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