« Le Procureur général m’a blanchi des calomnies et autres méchancetés à travers un classement sans suite »
22Septembre : AssimiGoïta a été investi Président de la transition le lundi 7 juin. Aussitôt, il a nommé ChoguelKokallaMaïga, Premier ministre. Ce couple pourrait-il conduire à bon port cette transition ?
Me BaberGano : Cette investiture du colonel AssimiGoita est différente de son premier serment devant la Cour Suprême en octobre 2020. Sur la base du dernier arrêt e la Cour N0 2020-02 du 28 mai qui a proclamé le colonel président de la transition à la suite de la vacance du pouvoir, il est maintenant le Président de la transition, reconnu par la Cour suprême.
A mon avis le colonel Goita entame une nouvelle étape avec assurance, parce qu’il bénéficie du soutien des Forces vives de la nation. Cet espoir suscité doit le conduire à redresser la transition et à réaliser les objectifs prioritaires pour les réformes nécessaires en vue de la tenue d’élections libres, crédibles et transparentes.
Quant au choix de Choguel, président du Comité stratégique du M5-RFP, il lui revient de mettre en œuvre les urgences pour lesquelles il s’est battu pour remettre le pays dans le sens de la démocratie et de la bonne gouvernance. Donc, j’ai espoir à ce couple pour réussir la transition.
22Septembre : La transition pourrait-elle réussir avec les nombreuses sanctions de la CEDEAO et de l’UA ?
Me BaberGano : La transition doit travailler au retour de la confiance avec la Communauté internationale. Pour atteindre cet objectif, nous devons tous nous mettre ensemble pour aider les autorités au respect des engagements internationaux qui sont imposés pas à AssimiGoita, mais au peuple malien. Ceci dit, le Mali ne doit pas se comporter en exception d’Etat dans la CEDEAO. Le Mali doit rester dans les principes et valeurs de la démocratie, de la bonne gouvernance, de bonnes élections, conformément à la charte de l’UA du 30 janvier 2007 et du protocole additionnel sur la bonne gouvernance de la CEDEAO de décembre 2001 qui sont des principes en vigueur au sein de la communauté.
Si le Mali enfreint à ces règles, il pourrait se trouver sous les menaces d’un isolement qui n’est pas souhaitable pour notre Etat, très fragilisé par ces multiples crises sociopolitique et sanitaire. Nous devons tout faire pour rester en intelligence avec la CEDEAO et ne pas rester en exception d’Etat qui peut nous stigmatiser comme étant de mauvais d’élèves de la CEDEAO et de l’UA.
22Septembre : Quid de sanctions de la France, notamment la suspension de la coopération militaire conjointe ?
Me BaberGano : En ce qui concerne la suspension de la coopération militaire même à titre conservatoire, elle va forcement réduire la capacité opérationnelle de l’Armée malienne sur le terrain. N’oublions pas que depuis 2013, l’Armée malienne et les forces conjointes à travers Barkhane agissent ensemble au nord et au centre du Mali pour la défense territoriale et la sécurisation des personnes et de leurs biens. Aussi,c’est grâce à cette coopération que l’armée malienne a pu monter en puissance par la formation des militaires au concept du djihadisme et du terrorisme et par l’acquisition d’équipements ultra modernes pour faire face à la guerre et neutraliser l’ennemi.
Pour moi, les suspensions et les condamnations ne facilitent pas la tâche à la transition. Comme elles sont temporaires et provisoires, elles peuvent être levées à tout moment si les exigences et les engagements sont respectés. Nous sommes un pays de la Communauté des nations et nous ne pouvons pas être exclus de la solidarité internationale dans le contexte actuel des crises très difficiles que le Mali lui seul ne peut pas traverser sans l’aide de la Communauté internationale. C’est la raison pour laquelle notre pays a ratifié les accords internationaux d’adhésion aux organisations régionales, sous-régionales et internationales. Nous sommes alors soumis à la juridiction de ces organisations sans pour autant renoncer à notre souveraineté nationale et internationale.
22Septembre : Avec la nomination de ChoguelKokalaMaiga à la Primature, il nous revient que la lutte contre la corruption et de la délinquance financière sera un de ses chantiers phares. En tant que baron du régime défunt n’êtes-vous inquiet ?
Me BaberGano : Je pense qu’il faut éviter de tomber dans la chasse aux sorcières, au règlement de compte et à la délation. Ceci dit, je suis partisan de la bonne gouvernance et forcément de la lutte contre la corruption, l’impunité et de la délinquance financière. Elles sont des indicateurs pour une gouvernance vertueuse.
Je suis ton regard et je ne suis pas du tout inquiet parce que personnellement je ne traine aucune casserole dans la gestion des responsabilités ministérielles qui m’ont été confiées. Tu fais allusion certainement aux dénonciations fallacieuses, aux calomnies dont j’ai été victime. Par instrumentalisation, on m’a accusé d’un détournement de fonds en ma qualité d’Avocat à l’Office du Niger pour un contrat en bonne et due forme, dont les conditions de rémunération de mes prestations étaient claires et limpides.
J’ai été vilipendé pendant plusieurs mois dans des journaux et sur les réseaux sociaux avec un acharnement sans précédent. C’était des pratiques calomnieuse et diffamatoires qui m’ont attient dans mon honneur et ma dignité. Tout cela parce que je suis un responsable politique.
J’ai foi en ma justice et j’ai donné tout le temps en me soumettant à la procédure pour vérifier les faits et manifester la vérité.
J’ai été honoré dans cet exercice par le Barreau en l’occurrence le bâtonnier puis par le procureur général. Tous ont trouvé que ma pratique professionnelle n’était entachée d’aucune indélicatesse pouvant être qualifiée d’infraction à la loi pénale. J’ai donc été blanchi par une décision du procureur général d’un classement sans suite, lequel a lavé mon honneur et ma dignité de calomnies et autres méchancetés.
Pour les autres concernant la corruption, je suis favorable hier comme aujourd’hui à leurs déclenchements parce que je sais qu’aucune gouvernance ne peut se passer d’une justice.
Entretien réalisé par
El Hadj ChahanaTakiou
Source: Journal le 22 Septembre- Mali