Le gouvernement de la République envisage d’organiser le référendum constitutionnel en mars 2019, les élections législatives au mois de mai, les sénatoriales en juillet et les élections locales en novembre de la même année. Ce calendrier électoral a été rendu public dans la foulée de la visite effectuée au siège de certains partis et mouvements politiques par le Premier ministre, chef du gouvernement.
Quelques jours après, un communiqué de la Présidence annonce que le Président de la République est en visite privée en France pour quelques jours depuis le 22 novembre dernier. Il sera probablement de retour ce 1er ou 2 décembre. Une partie des membres du gouvernement est en vacances. Une seconde vague s’apprête à y aller ce 3 décembre. Sauf en cas d’extrême urgence, la réunion hebdomadaire du conseil des ministres n’aura pas lieu avant le 12 décembre 2018.
Le temps n’est pas le meilleur allié du gouvernement. Des experts ont été chargés de se pencher sur la révision de la Constitution du 25 février 1992. L’avant-projet de découpage administratif après les concertations régionales controversées est de retour au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Techniquement, il sera difficile pour l’Assemblée Nationale d’examiner les réformes d’ici le 31 décembre 2018, date de la fin du mandat constitutionnel des honorables députés. Au terme de cette session budgétaire, l’Assemblée nationale qui traverse une crise aigue de trésorerie pourra être convoquée en session extraordinaire par le gouvernement.
Deux options s’offrent maintenant à l’équipe gouvernementale pour faire ces réformes. Primo : privilégier le consensus autour des réformes et approfondir les échanges avec la classe politique et les forces sociales dans un cadre formel. Ce consensus qui est nécessaire, si l’on veut bâtir les bases d’une République solide, ne veut pas dire l’unanimisme. Toutes les composantes de la nation doivent être associées aux préparatifs de ces assises, lesquelles devraient partir de la base au sommet.
Secundo : l’épreuve de la force. Le gouvernement qui a pris des engagements vis-à-vis de ses partenaires internationaux, a son agenda dont l’exécution ne peut pas se faire sans un recours à la force. Dans le « Pacte pour la paix », il est clairement écrit qu’«en cas de divergences dans la mise en œuvre de l’Accord, les décisions et les arbitrages de la Médiation internationale auront un caractère exécutoire en vue d’accélérer la mise en œuvre dudit Accord, conformément à l’article 52 ».
Chacune de ces options a ses avantages et inconvénients. Si la recherche du consensus permet de ne pas créer un autre foyer de tension, un éventuel ratage d’une épreuve de force peut faire l’objet de récupération de la part d’autres forces. La dernière élection du Président de la République a montré le degré de dégoût des populations pour la chose politique. Ce qui s’est traduit par un faible taux de participation. Le vote de la loi portant prorogation du mandat de la 5ème législature par la quasi-totalité des députés de l’opposition a davantage renforcé la perte de confiance d’une grande partie de la population en l’élite politique. Les restrictions budgétaires que le gouvernement sera obligé d’adopter en 2019 boosteront les frustrations dans un contexte social marqué par des grèves.
Si les pendules sont suspendues jusqu’à la fin des vacances gouvernementales, les regards sont fixés sur la marche que le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) et de la Coalition des Forces Patriotiques (CoFop) envisagent d’organiser ce 8 décembre.
Par Chiaka Doumbia
Source: lechallenger