Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, entame à partir de ce mardi 24 avril 2018 une visite de 48 à 72 heures dans la région de Ségou. Plusieurs inaugurations d’infrastructures sont prévues lors de ce déplacement présidentiel qui intervient à quelques encablures de l’élection présidentielle dont le 1er tour se tiendra le 29 juillet. Selon le chronogramme publié par le ministre de l’Administration et de la décentralisation, le décret portant convocation du collège électoral devrait être pris ce mercredi 25 avril au cours du conseil des ministres.
Le déplacement du chef de l’Etat à ce moment précis n’a rien d’un hasard, il s’inscrit parfaitement dans le programme des communicants du palais. Ségou pourra être donc le lieu des annonces. Probablement, le Président IBK profitera de sa tournée en quatrième région pour faire part à ses compatriotes de sa volonté de solliciter leurs suffrages pour un second mandat. Comme le Président Amadou Toumani Touré avait, depuis Nioro du Sahel, annoncé le 27 mars 2007 sa candidature pour un second mandat. Tout comme le locataire de Koulouba peut différer l’annonce en voulant maintenir un faux suspens. De toute évidence, il s’agit d’une tournée qui a l’allure d’une revue des troupes dans une région où le candidat du « Mali d’abord » s’est rendu le plus de fois depuis sa prise de fonction le 4 septembre 2013.
Annonce de candidature ou pas, le RPM s’apprête à investir le 29 avril prochain son président fondateur, soit quelques jours après sa tournée en terre ségovienne. A l’état actuel des choses, c’est le contraire qui serait la grande surprise.
Le Président de la convention de la majorité présidentielle, non moins président du RPM, Dr Bocary Tréta, a tenu récemment une réunion dans un hôtel de la place afin de demander à ses alliés de clarifier le plus rapidement possible leur position vis-à-vis du « camarade Ibrahim ». Face aux hésitations des alliés qui attendent une offre politique de la part du chef de l’Etat, il faut sonner l’heure de la clarification. A l’exception de l’UM-RDA d’Ibrahim Boubacar Ba, l’ASMA CFP de Soumeylou Boubèye Maïga, le PS Yelen-Coura d’Amadou Koïta et le RDS du Pr Younouss Hamèye Dicko, ils ne sont pas nombreux à se bousculer à Sébénicoro. Ainsi, la CODEM d’Housseini Amion Guindo, la CDS Mogotiguiya de Mamadou Bakary Sangaré dit Blaise, le MPR de Choguel Kokalla Maïga, l’APR d’Oumar Ibrahim Touré, l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly hésitent toujours à s’aligner derrière le cheval des tisserands. Le cas de l’ADEMA-PASJ illustre parfaitement la situation. Sans le soutien de ce parti, le Président IBK montre de la « peur » à s’engager dans cette bataille électorale à l’issue incertaine. Les hésitations des partis alliés sont essentiellement dues aux relations que le Président de la République a eues au cours de son mandat avec sa majorité, taxée souvent d’être « molle ». Le fait que le chef de l’Etat ait placé un mur entre lui et sa majorité, ne rassure pas les cadres politiques qui rencontraient d’énormes difficultés à le voir.
C’est dans ce contexte d’hésitation des alliés politiques que les mouvements et associations de soutien à la candidature d’IBK se multiplient avec le parrainage de certains barons du RPM ou proches du chef de l’Etat. Ces mouvements et associations peuvent-ils remplacer les partis politiques dans le dispositif ? Vincent Hugeux de l’hebdomadaire français L’Express n’a-t-il pas écrit que le Président IBK « détient, au sud du Sahara, la recette du singulier cocktail de marier la grandiloquence gaullienne, la duplicité tacticienne d’un François Mitterrand au zénith et la bonhomie vacharde d’un Edgar Faure » ?
Par Chiaka Doumbia
Le challenger