La République du Mali a fêté le 22 septembre dernier, le 58ème anniversaire de son accession à l’indépendance. Une dizaine de délégations étrangères dont des chefs d’Etat et des Premiers ministres, a pris part à cette commémoration. Un grand défilé militaire a été organisé sur l’avenue du Mali à l’ACI 2000, le quartier des affaires.
Cette année, la célébration a été couplée avec la cérémonie d’investiture du Président Ibrahim Boubacar, réélu le 12 août au cours d’un scrutin dont les résultats sont toujours contestés par le candidat Soumaïla Cissé de la Plateforme Ensemble Restaurons l’Espoir et par plusieurs autres candidats. Les membres de la Cour Constitutionnelle font l’objet de plaintes devant la Cour Suprême pour forfaiture.
Les conséquences de la présidentielle de juillet et d’août ont affecté la commémoration de la fête d’indépendance. D’un côté, il y avait des belles images de la parade militaire symbolisant aux yeux des décideurs publics les signes d’un Mali debout et fier. De l’autre, les militants de l’opposition affrontaient les forces de sécurité. En riposte au gaz lacrymogène lancé les éléments des forces de sécurité, les militants jetaient des pierres et brûlaient des pneus. Si la pluie qui a arrosé quelques endroits de la capitale a atténué les effets néfastes de cet affrontement, dix personnes interpellées dont des figures connues de l’opposition à l’image de Mme Michèle Moncourt, ont passé la nuit du 22 septembre en garde à vue au commissariat de police du 1er arrondissement.
Deux images d’un pays qui livre aux yeux du monde entier ses fractures. Hélas, le pays de Modibo Keïta est plus que jamais divisé. Une division déplorable et regrettable. Comme hier, le Mali est aujourd’hui la risée du monde par la faute de ses fils. Le 22 septembre est un jour de communion et d’union. Celui de 2018 a été un jour de désunion et de facture. Autant les manifestations de l’opposition sont à dénoncer, autant le Président IBK ne devrait pas choisir la date sacrée du 22 septembre pour fêter son investiture.
Face aux incertitudes et aux menaces qui planent sur l’existence de la République voulue « Une et indivisible » par Modibo Keïta et ses compagnons, les fils du Mali étalent leurs clivages. Jusque-là, les uns et les autres engagés à fond dans une lutte sans merci pour le pouvoir, se fichaient superbement de la désintégration de la nation malienne en préparation avec la complicité de certains pays dont le discours tranche avec les agissements. C’est à cause de nos fractures qu’une poignée de petits aventuriers nourris au biberon du mensonge et de l’hypocrisie par la communauté internationale, est en passe de transformer les régions dites du nord en enclave désertique. C’est à cause de nos mensonges, de notre hypocrisie, de nos duperies qu’une poignée de vendeurs d’illusions tirant leur légitimité de la détention des armes, met au pilori la République.
La seule issue pour déjouer la partition programmée du Mali est l’union sacrée de tous et de toutes. A défaut de cette union, faisons le deuil d’un « Mali un et indivisible ».
Par Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger