Le mouvement politico-religieux, Sabati 2012, projette d’organiser le mois prochain, un forum sur le radicalisme religieux à Bamako sous le parrainage du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Un thème d’actualité dont la pertinence n’est plus à démontrer dans un Mali où on assiste depuis quelques années, à l’apparition de groupes d’extrémistes musulmans.
Depuis la crise de 2012, le Mali fait face à une menace de plus en plus croissante du radicalisme islamique. Cela s’est illustré pendant l’occupation des trois régions du nord par l’application de châtiments corporels au nom de la charia. Des mains et des pieds coupés ! Des individus lapidés ou fouettés sur la place publique ! Des pratiques dont la barbarie et l’ignominie sont à la hauteur de l’ignorance et de l’obscurantisme de leurs auteurs. A l’exception d’un groupuscule de vendeurs d’illusions, il faut reconnaître que les thèses islamistes ne séduisent pas les populations maliennes, très attachées à la tolérance. Ces individus, dont le plat de résistance demeure le trafic de drogue et des contrebandes en tous genres, ont une connaissance très médiocre de la religion. D’où, leur propension à la violence pour imposer leur version de la religion dans un pays qui se distingue depuis des siècles par la pratique d’un islam modéré et tolérant.
Certaines prises de position du mouvement Sabati apparaissent comme des encouragements à l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques : le terrain de prédilection du radicalisme religieux. En soumettant un mémorandum aux candidats à l’élection présidentielle ou en présentant des candidats aux élections législatives et communales, les responsables de Sabati peuvent difficilement échapper au procès d’instrumentalisation de la religion à des fins politiques et de satisfaction d’ambitions personnelles. Avec la montée des politiciens déguisés en islamistes, on tombe facilement dans le piège de l’intégrisme, donc du radicalisme religieux. La religion est une question très sensible. Et la foi est avant tout une affaire personnelle.
Même si son agenda n’est pas encore connu, ce forum doit se saisir de certaines questions qui fâchent comme la prolifération anarchique des mosquées hors de tout contrôle et dans lesquelles tout le monde est autorisé à prêcher. Cette question est trop sensible pour être soulevée par des gouvernements qui ont d’autres priorités que de s’attirer les foudres d’une partie de cette communauté religieuse. Dans une république qui se veut laïque comme la nôtre, l’ouverture des lieux de culte (mosquée ou église) doit obéir à des principes.
Il faut avoir le courage de se pencher sur le rôle de ces organisations caritatives financées par des nomarchies du golfe dans la promotion du radicalisme religieux.
L’insertion socioprofessionnelle des « arabisants » (ces jeunes ont fait de longues études islamiques mais sont laissés pour compte par le circuit formel de l’emploi) doit être abordée par les participants afin de couper l’herbe sous le pied des recruteurs qui trouvent en cette couche juvénile de la population des instruments dociles de propagation de leurs messages. Cette question d’insertion ne peut plus être occultée par l’élite gouvernante dont tous les faits et gestes sont scrutés et commentés par ces « arabisants ».
Chiaka Doumbia
source LECHALLENGER