Une semaine après la convocation du collège électoral pour le référendum, l’Autorité indépendante de gestion des Elections (Aige) à travers son Président Me Moustapha Cissé est sortie de son silence. «En ce qui concerne l’Aige en termes d’organisation, nous sommes prêts. Nous sommes prêts en ce sens que l’installation des coordinations de l’Aige est un processus qui a démarré et nous avons accompli aujourd’hui plus de 90% de ces installations…
Les coordinations de l’Aige sont déjà au niveau national dans les régions, dans le district de Bamako, au niveau des cercles, au niveau des communes. Les coordinations sont également présentes dans les ambassades et consulats. Il nous reste maintenant, la phase de la nomination et de l’installation suivi de la prestation de serment. Il faut savoir qu’en réalité, les processus de l’installation se font en 48….donc c’est pour vous dire que, nous ne sommes pas en retard, nous avons tous les moyens pour pouvoir accomplir les élections.» Une sortie médiatique qui renforce les inquiétudes quant à la pleine opérationnalisation des démembrements de l’organe.
Dans son dernier rapport, la Modèle-Mali (Mission d’observation des élections au Mali) a dressé un tableau assez pessimiste de l’installation de ces démembrements. « L’installation des coordinations de l’Aige n’est jusqu’à présent effective dans toutes les localités observées à cause des désaccords entre l’administration, les partis politiques et la société civile en raison des modalités de désignation des membres», a noté la MODELE-Mali.
Avec la fixation de la date du scrutin référendaire, le ministre de l’Education nationale a été contraint de réajuster son dispositif. Une communication écrite a été adoptée à cet effet au conseil des ministres du mercredi 10 mai 2023. Gageons que les mesures préventives initiées permettront d’éviter les conséquences éventuelles du chevauchement des deux dates.
A la faveur de la révision de la loi électorale en mars dernier, il a été introduit la carte d’identité biométrique en lieu et place de la carte d’électeur biométrique. Moins de deux mois après, le gouvernement se rend compte que son pari n’est pas tenable et prend une ordonnance afin d’introduire d’autres outils d’identification des électeurs. Cela ouvre la porte à un désordre électoral. Sans oublier le vote par anticipation des éléments des forces armées de défense et de sécurité dans un pays où il n’existe pas de fichier électoral propre à cette catégorie d’électeurs. Des organisations de la société civile ont alerté sur les risques de fraudes que cela présente.
A l’examen de certaines décisions, on se demande si les autorités du pays prêtent une oreille attentive aux avis et conseils sans doute pertinents de cadres payés pour les assister par leur technicité. Il n’a pas d’incongruités si les décisions sont prises après mûre réflexion. Le manque de rigueur peut être assimilable à du pilotage à vue. Or, l’action au nom de l’Etat requiert plutôt du sérieux. La période est que nous vivons est très sensible et ne saurait se prêter à l’amateurisme, encore moins au pilotage à vue.
Que Dieu préserve le Mali !
Par Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger