Ce n’est pas encore le clash, mais on aura remarqué depuis quelques temps une nette baisse de la ferveur naguère encore caractéristique des rapports entre le président IBK et son cinquième et vraisemblablement dernier Premier Ministre du quinquennat finissant.
A la chaude lune de miel perceptible à l’ardeur du chef du Gouvernement à la tâche a progressivement succédé un froid du reste prévisible dès l’avènement de l’actuelle équipe gouvernementale, à travers notamment une intrigante liberté d’initiative que s’offrait Soumeylou Boubeye Maiga dans l’exercice de ses fonctions. En marchant notamment sur les platebandes et domain
es de souveraineté du chef suprême des Armées et garant des relations internationales que sont les questions militaires et diplomatiques. Annonces tonitruantes sur le déploiement de 4 000 hommes contre les terroristes du Centre, ballets diplomatiques inédits à la Primature, etc., sont autant de postures qui mettaient SBM dans la peau de vrai président de la République, au risque d’en disputer le statut, les prérogatives et attributs à son employeur.
La pilule n’était pas si difficile à avaler tant qu’elle était indispensable pour redonner dynamisme et confiance à un régime essoufflé et éprouvé par la perte d’autorité et de sympathie populaire. Mais les premières bisbilles ne vont pas tarder à se faire jour, dès lors que les ardeurs du chef du Gouvernement devaient affecter les intérêts électoraux d’un président sortant que son serviteur pensait mieux porter en caporalisant les partenaires politiques les plus stratégiques dans l’accomplissement du dessein poursuivi. En attestent les ultimatums de clarification des positions et options électorales pour 2018, par lesquels le nouveau Premier ministre s’est illustré aussitôt nommé. Une péripétie plutôt révélatrice d’une nette divergence d’approches entre les deux hommes qui finit par contrarier les prétentions de SBM de superposer les chapeaux de chef de l’Exécutif et de chef d’orchestre de la réélection d’IBK.
Leurs contradictions se sont ainsi cristallisées avec la surprenante nomination comme Directeur de campagne de Bocari Treta, le président de la CMP auquel le PM aura âprement disputé le statut de chef de la majorité présidentielle.
La gestion des malaises politiques consécutifs à la marche de l’opposition serait passée par là car il se susurre que la préférence faite au président du RPM au détriment de celui de l’ASMA n’est pas totalement étrangère à l’autorisation de manifester décernée à l’opposition ainsi que la convergence massive de diplomates à la Primature pour la circonstance. Une démarche très négativement perçues à Koulouba où elle semble avoir été ressentie comme une habile exploitation politique au détour d’une exploration des vertus de dialogue par le chef du Gouvernement.
Quoi qu’il en soit, si la crise au sommet de l’Etat n’est pas consommée un mur de glace s’est installé entre deux protagonistes dont les rapports reviennent de loin après l’épisode de Kidal suite auquel l’ancien ministre de la Défense est tombé en disgrâce avant d’être progressivement réhabilité par le jugement de l’histoire.
A Keïta
Source: Témoin